Les défaites sont souvent synonymes de changements dans le monde du sport professionnel et ce phénomène est d’autant plus vrai en boxe. Dès qu’un échec survient, il n’est pas rare de voir un boxeur tourner le dos à son passé dans le but de partir à la recherche d’un nouvel entraîneur.

Ces nouvelles rencontres peuvent mener à des mariages extrêmement heureux, mais dans certaines occasions, le pugiliste réalise après un long détour qu’un retour aux sources s’impose, qu’il n’y a finalement pas de meilleure voix que celle qu’il entendait depuis son tout jeune âge.

C’est précisément pourquoi Steven Butler a décidé de renouer avec Rénald Boisvert, alors qu’il s’apprête à remonter dans le ring après plus d’un an d’absence en demi-finale d’un événement d’Eye of the Tiger Management qui sera présenté jeudi soir au Cabaret du Casino de Montréal.

Opposé au Mexicain Hector Manuel Zepeda, Butler (28-3-1, 24 K.-O.) tentera d’enregistrer une première victoire depuis septembre 2019, après des revers par arrêt de l’arbitre au cinquième round contre le champion « régulier » des poids moyens de la WBA Ryota Murata en décembre 2019, à Yokohama au Japon, et Jose de Jesus Macias en janvier 2021, à Cuernavaca au Mexique.

« Sans rien enlever à Mike Moffa ou Jean-François Bergeron, ils avaient des styles beaucoup moins offensifs et ça m’a dénaturé, d’une certaine manière, a confié Butler pendant une entrevue téléphonique à RDS.ca. Ç’a été de belles journées d’apprentissage [avec eux], il y a des mouvements défensifs qui ont été assimilés, mais mon pain et mon beurre, c’est ma puissance.

« Pour moi, c’est plus facile d’ajouter de la défense à l’attaque que l’inverse. J’ai l’impression que ce qui avait fait mon succès a été négligé. Ç’a pris deux défaites pour le comprendre... »

Butler avait commencé à s’entraîner avec Moffa après la défaite face à Murata, tandis que Bergeron s’était greffé à l’équipe dirigée par Boisvert à la suite du revers contre Brandon Cook en 2017. Bergeron avait été au cœur de la préparation pour le combat face à Murata au Japon.

« Rénald est probablement la personne qui me connaît le plus au monde, a expliqué Butler. Je me suis toujours confié à lui et il m’a toujours accepté malgré mes torts et toutes les embûches. C’est quelqu’un qui a toujours été auprès de moi et qui sait exactement comment me gérer. J’ai tout le temps eu confiance en lui et je suis très content du travail que nous avons accompli. »

« Je veux en mettre plein la vue »

Maintenant âgé de 27 ans et avec 32 combats derrière la cravate, Butler sait pertinemment qu’il n’aura plus droit infiniment à l’erreur, mais d’un autre côté, il ne veut pas trop anticiper l’avenir.

« Trop souvent, je me suis projeté dans le futur, a admis Butler. J’avais en tête toutes les offres [que mon promoteur recevait] par-ci et par-là. Je n’ai plus le choix d’y aller un combat à la fois. Jeudi, je veux péter mon gars. Je ne veux pas simplement gagner. Je veux en mettre plein la vue.

« [Le directeur du développement et entraîneur principal d’Eye of the Tiger Management] Marc Ramsay m’a dit qu’il avait encore confiance en moi et que je peux encore devenir champion du monde. L’objectif, ce n’est pas tant de se rendre au sommet, mais bien de gagner au sommet. »

Depuis ses retrouvailles avec Boisvert, Butler s’entraîne justement au gymnase de Ramsay où il a la chance de côtoyer quotidiennement des athlètes accomplis tels Artur Beterbiev, Arslanbek Makhmudov, Christian Mbilli et plusieurs autres. Mais cela ne change rien à sa vision des choses.

« C’est le fun d’être avec tout ce monde, mais je n’ai jamais eu besoin des autres pour mettre les bouchées doubles à l’entraînement, a conclu Butler. J’ai eu une très bonne préparation en mettant les gants avec Erik Bazinyan et Steve Rolls, qui prépare un gros combat [contre Edgar Berlanga]. Ç’a été des séances de sparring de qualité. Ça n’a pas été des entraînements doux. »

Chose certaine, Zepeda (20-3, 6 K.-O.) semble être taillé sur mesure pour lui redonner confiance. Le Mexicain revient d’une défaite et a également été arrêté dans le passé par Sebastian Fundora et Carlos Molina, ce dernier n’étant pas particulièrement reconnu pour la force de ses coups.