MONTRÉAL - Quelques heures seulement après avoir servi une correction à Lucian Bute, Jean Pascal n’avait rien perdu de la combativité qui l’animait depuis plusieurs semaines déjà.

À l’occasion d’une dernière rencontre avec les journalistes avant de s’accorder quelques semaines de répit, Pascal était un peu plus en mesure d’expliquer pourquoi il a eu le dessus sur l’ancien champion des poids super-moyens de la IBF d’une manière si convaincante.

Cette victoire par décision unanime des juges s’est construite avec le camp d’entraînement le plus difficile depuis le début de sa carrière, sauf qu’elle s’est réellement concrétisée lorsque les deux boxeurs se sont enfin retrouvés lors des activités dans les jours précédant le duel.

« J’avais dit que la guerre psychologique jouerait pour beaucoup et c’est ce qui est arrivé », a analysé Pascal. « Quand Bute a parlé de "destruction" après la pesée, je me suis dit que ce gars-là essayait encore de se convaincre à 24 heures du combat. Il n’avait jamais dit ça avant. »

Dans le but de ne pas tuer dans l’œuf une revanche qui pourrait très bien ne jamais avoir lieu, le nouveau détenteur de la ceinture de diamants des poids mi-lourds du WBC et son équipe ont néanmoins tenu à rendre hommage à Bute, étant donné qu’il n’a jamais jeté l’éponge.

« Du début jusqu’à la fin, Bute a essayé de gagner », a fait remarquer Pascal. « Il n’a pas à être gêné de sa défaite. Il n’a pas perdu contre un nobody. Il a bien performé selon ses capacités. Je lui lève mon chapeau. Il aurait pu abandonner après six rounds, d’autres l’auraient fait. »

« Bute a relevé le défi, ce gars-là est loin d’être fini. Il fait partie de l’élite mondiale », a renchéri le promoteur Yvon Michel. « Il a été battu par un gars d’un niveau supérieur, qui était préparé comme jamais. Bute est un bon boxeur qui a du cœur, de la vitesse et qui frappe avec autorité. »

En pleine confiance

« Et je suis bien content de savoir qu’il continuera à boxer. Il est un atout pour la boxe d’ici. C’est sûr qu’il est encore capable de faire de grandes choses. Ne me dites pas qu’il y est allé d’une contre-performance et qu’il devrait prendre sa retraite. Il y a encore de la place ici pour lui. »

Les deux hommes ont suggéré à Bute de s’inspirer de Pascal, qui a remis plusieurs choses en question à la suite de ses défaites devant Carl Froch et Bernard Hopkins. Évidemment, ils n’ont pas pu s’empêcher de diriger quelques jabs en direction de son entraîneur Stéphan Larouche.

« Pendant des années, mon entraîneur Marc Ramsay a été dans l’ombre de Larouche », a déploré Pascal. « Larouche a formé des champions, mais Marc m’a formé de A à Z. C’est le plus grand entraîneur de toute l’histoire. Samedi soir, il a prouvé qu’il est meilleur que Larouche. »

« J’ai l’impression que l’équipe de Bute n’a pas fait les ajustements nécessaires pour amener du sang neuf et une nouvelle perspective », a nuancé Michel. « Je ne veux pas du tout blâmer Larouche, sauf que Marc est allé chercher des ressources externes pour devenir meilleur. »

Une longue liste d’adversaires potentiels

Il est évidemment encore beaucoup trop tôt pour déterminer ce que l’avenir réserve à Pascal, d’autant plus qu’il est maintenant joueur autonome à la suite de l’échéance de son contrat avec le Groupe Yvon Michel. Pascal a toutefois réitéré son intention de demeurer avec le promoteur.

« Yvon m’a amené au sommet une fois, alors il peut le faire une deuxième », a expliqué Pascal. « Chose certaine, j’aimerais me battre au moins deux autres fois cette année. J’ai perdu mon temps au cours des deux dernières années, mais là, je suis de retour et surtout sans blessure. »

« Avec sa victoire, Jean a confirmé qu’il est toujours l’une des plus grandes vedettes de la division », a ajouté Michel. « Lui et Adonis Stevenson ont un bel avenir devant eux. Et le plus beau dans tout ça, c’est qu’ils vont continuer à faire avancer le marché sans se nuire. »

Pascal a fini par avouer du bout des lèvres qu’il n’hésiterait pas à affronter l’actuel champion des mi-lourds du WBC, mais il semble que les nombreuses autres options seront favorisées.

« Je ne détesterais pas des combats revanches avec Hopkins ou Froch ou encore des affrontements contre Andre Ward ou Julio Cesar Chavez fils. La liste est longue », a indiqué Michel. « Jean est un gars de défis. À 31 ans, il est au sommet de sa forme et de sa carrière. »

« Nous sommes persuadés que nous pourrions venir à bout de Froch », a continué Ramsay. « C’est une défaite que nous avons tous en mémoire. Mais l’identité du prochain adversaire de Jean sera une décision d’équipe. Il y a vraiment de belles choses qui s’en viennent! »

Reste à savoir si Pascal sera en mesure de retrouver le niveau d’intensité qu’il a affiché pendant son combat contre Bute ou s’il vivra un genre de ressac, alors que l’enjeu pourrait être moindre.

« Je ne sais pas pourquoi »
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Bute a payé