COLLABORATION SPÉCIALE

Enfin la boxe locale renaît. Après une accalmie de 64 jours, ce sont les gros hommes qui prendront la vedette samedi soir, au Casino de Montréal, sous la gouverne d’Eye of the Tiger Management, mais devant des tables vides.

La semaine suivante, le 24, c’est Groupe Yvon Michel qui lancera sa campagne 2022 avec deux nouveaux venus qui en seront à leur début et trois autres, dont Marie-Pier Houle, qui n’ont jamais subi la défaite.

La dernière fois qu’un gala a été présenté au Québec, remonte au 17 décembre dernier, au Centre Bell, alors qu’Artur Beterbiev avait démoli l’Américain Marcus Browne par knock-out au 9e round conservant ainsi ses titres mondiaux WBC et IBF des mi-lourds.

Au Casino samedi, Arslanbek Makhmudov défendra ses couronnes NABF et NABA face au vétéran Mariusz Wach et en demi-finale, c’est Simon Kean qui tentera de remporter une sixième victoire de suite par K.-O. aux dépens du vétéran Shawndell Terell Winters.

On peut donc s’attendre à un vrai feu d’artifice avec ces quatre pugilistes faisant osciller le pèse-personne à près d’une demi-tonne.

Un vrai colosse

S’il y a une chose qui frappe à première vue chez le poids lourd Mariusz Wach (36-7, 16 K.-O.), ce sont ses 6 pieds 8 pouces. Et pour un type de 43 ans, il parait tout de même en assez bonne forme.

Sa fiche n’est pas la plus impressionnante chez les poids lourds. Après tout, il a été vaincu sept fois au cours de sa longue carrière de 17 ans sur le ring, dont trois fois par K.-O. aux mains de Martin Bakole (17-1, 13 K.-O.), Jarrell Miller (23-0-1, 20 K.-O.) et Alexander Povetkin (36-3-1, 28 K.-O.).

Ce qu’il faut retenir de Wach, c’est qu’il a terminé tous ses combats contre Hughie Fury, Dillian Whyte, Artur Szpilka et même Wladimir Klitschko.

Que reste-t-il dans son réservoir?

Personne ne le sait. Même pas lui-même.

Wach a un nom, une taille imposante, une certaine réputation. Depuis sa dernière défaite par K.-O. en avril 2019, il a conservé une fiche de 3-2, 2 K.-O.

Contre qui a-t-il remporté ses victoires?

Contre trois boxeurs de deuxième classe. Gogita Gorgiladze (10-30), Giorgi Tamazashvili (3-5) et Kevin Johnson (34-16-1).

Jusqu’ici, Makhmudov a pu se hisser en 9e place des aspirants au WBC et 8e à la WBA tout en affrontant des boxeurs de deuxième ordre ou bien rendus au bout du rouleau. Il commence donc à intéresser les connaisseurs américains.

Un poids lourd de 32 ans, mesurant 6 pieds 5 pouces et demi avec une fiche aussi impressionnante dont le nom est inscrit dans deux des associations mondiales, c’est toujours intéressant pour les promoteurs. On ne sait jamais...

Dans le cas de Wach, c’est un pugiliste connu, bien qu’on ne retrouve plus son nom dans les classements.

Il boxe maintenant pour le plaisir de boxer sachant qu’à son âge, un championnat est pratiquement impossible.

Chez Makhmudov (13-0, 13 K.-O.) il faut absolument savoir où il est rendu dans son ascension vers un match de championnat mondial.

On aura la chance d’évaluer le talent, surtout la force de frappe de Makhmudov en comparant sa performance contre celle de Wach contre Erkan Teper.

On se souviendra que le gros Mak avait obligé Teper à se retirer de son match dès le premier engagement, tellement il était déclassé par le Russe. C’était le 23 septembre 2021 au Centre Vidéotron, de Québec.

Pourtant, en 2017, ce même Teper était parvenu à se rendre à la limite de douze assauts contre Wach, en Allemagne.

C’était en 2017, l’année où Makmudov a livré son premier combat au Canada. Depuis, il a été impliqué dans treize matchs, et il les a tous gagnés pendant que Wach en livrait huit et en perdait cinq.

Imaginez que le gros Mak n’a livré que quatre rounds de boxe depuis plus de deux ans. Quatre combats, quatre K.-O. dès le premier engagement.

On le surveille

Des yeux d’outre-frontière surveillent Makhmudov depuis quelque temps. Treize combats, 13 victoires dont 10 par K.-O. au premier engagement. C’est impressionnant. C’est vrai que la compétition n’a pas été au même degré de difficulté que celle d’un Joe Joyce, Daniel Dubois, Tony Yoka, Filip Hrgovic et les autres, qui tous comme lui, aspirent aussi aux grands honneurs, mais passons...

The Ring l’a à l’œil depuis 2020. Encore mercredi dernier, le magazine relatait un article sur le Russe, où ce dernier déclarait que c’était la première fois en carrière qu’il affrontait un boxeur plus grand de taille que lui.

Ce que les connaisseurs ont observé, c’est que 5 des 13 victimes de Makhmudov n’ont plus boxé depuis leur défaite par arrêt de l'arbitre. dès le premier round. Ce sont Jaime Baraja, Avery Gibson, Samuel Peter, Dillon Carman et Teper.

J’ignore si un jour Makhmudov réalisera son rêve et participera à un match de championnat mondial. Pour le moment, il doit se contenter de la ceinture NABF, mais un K.-O. rapide contre Wach pourrait le pousser plus haut dans les classements, disons au cinquième ou sixième rang.

Prédiction : Makhmudov par K.-O. avant le 5e round.

Tous au Québec

Lorsqu’on jette un coup d’œil sur le classement des meilleurs poids lourds au Canada on constate que les trois meilleurs habitent tous au Québec, mais un seul est Québécois d’origine.

Il s’agit de Simon Kean (20-1, 19 K.-O.) que l’on verra à l’œuvre ce samedi contre Shawndell Terel Winters (13-6, 12 K.-O.).

Oscar Rivas est le champion des lourds-légers du WBC et il est natif de la Colombie. Le troisième choix de BoxRec, celui qui vient en 38e place est Makhmudov, originaire de la Russie.

Or, toujours selon BoxRec, Kean est leur premier choix au Canada, mais il n’est pas classé dans aucune des quatre associations mondiales. Makhmudov est sept places derrière lui, mais son nom apparait parmi les aspirants au WBC et à la WBA.

Absence de huit mois

Kean revient à la compétition après une absence de huit mois, soit depuis sa victoire au Mexique sur Don Haynesworth (15-5-1).

Son prochain rival, Shawndell Terell Winters, en dépit de ses 41 ans, est à prendre au sérieux bien qu’il ait perdu quatre de ses cinq derniers matchs, mais attention... dans ses treize victoires qu’il a accumulées, il a passé le K.-O. à douze de ses rivaux.

Prédiction : Kean par K.-O. avant le 7e round

Un pas en avant pour Custio Clayton

Cela fait maintenant près de sept ans que Custio Clayton (19-0-1, 12 K.-O.) rêve de participer à un match de championnat et ce rêve est sur le point de se réaliser. Toutefois se dresse devant lui, un des plus redoutables mi-moyens présentement sur la scène mondiale. 

Son nom, Jaron Ennis (28-0, 26 K.-O.). Il n’a que 24 ans, mais il est déjà classé dans les quatre associations majeures. 

Jusqu’ici, il a tout détruit sur son passage depuis sa sortie des rangs amateur en 2016.

Les deux boxeurs auraient déjà accepté les termes de l’engagement et le combat aurait lieu en avril prochain. Le gagnant deviendra l’aspirant obligatoire aux couronnes WBC et IBF du champion Errol Spence fils à condition que ce dernier défende ses titres avec succès contre le champion de la WBA, Yordenis Ugas, le 16 avril prochain.

Clayton et Ennis ont tous deux affronté l’ex-champion Sergey Lipinets. Clayton a dû se contenter d’un verdict nul, même si plusieurs connaisseurs croient qu’il a bel et bien vaincu l’ex-monarque.

Quant à Ennis, il a continué son travail de destruction contre Lipinets en lui passant le K.-O. au sixième engagement.

C’est tout un test pour Clayton.

Bonne boxe!