La boxeuse Marie-Ève Dicaire et la gardienne Ève Gascon ont porté un regard éclairant sur la situation du sport féminin dans leur discipline respective lors de leur passage à l’Antichambre, mardi.

Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes, les deux athlètes ont été invitées à tour de rôle par notre collègue Luc Bellemare à dresser un portrait du sport féminin et ce qu’il fallait apporter comme ajustements pour qu’il reçoive une plus grande visibilité. La championne du monde IBF des super mi-moyens a offert une réponse éclairante sur le sujet indiquant qu'un amateur ne peut avoir les mêmes lunettes pour regarder un sport masculiln et un sport féminin. Il risque ainsi de rater les subtilités qui font que chacun se distingue.

« Je pense que le plus grand défi dans les sports féminins est d’arrêter cette comparaison et de permettre aux gens de regarder un sport féminin avec des objectifs et des critères différents. Tu ne peux pas regarder une partie de hockey en espérant voir la même puissance, la même vitesse et c’est la même chose pour la boxe », a-t-elle avancé.

« Il faut le regarder avec des yeux nouveaux et on le voit chez les enfants. Ils n’ont pas ces critères-là, cette habitude, donc ils sont en mesure d’apprécier avec un regard différent. C’est ainsi je pense que nous allons faire du chemin », a-t-elle énoncé.

Avant d’en être à ce stade, les deux athlètes ont chacune dû vivre entretemps avec ce jeu des comparaisons. La gardienne Ève Gascon était d’ailleurs bien placée pour offrir des exemples, elle qui évolue au sein d’équipes masculines. Elle a d’ailleurs eu ce sentiment de soulever des questions à son arrivée dans le vestiaire des Patriotes du Cégep Saint-Laurent.

« Quand je suis arrivée à Saint-Laurent, je ne connaissais personne à ma première année et j’étais la seule fille dans le vestiaire. Je voyais les regards qui se demandaient ce que je faisais là », a-t-elle expliqué, précisant que plusieurs avaient sans doute en tête qu’elle pouvait évoluer avec l’équipe féminine de l’établissement.

C’est donc avec le désir de prouver qu’elle méritait autant que les autres une place dans l’équipe que Gascon s’est démarquée avec les Patriotes. Elle a d’ailleurs si bien fait qu’elle s’est mérité une invitation au camp des Olympiques de Gatineau dans la LHJMQ. Même si cette expérience était inoubliable et plus que satisfaisante, la pression de devoir bien faire demeurait présente.

 « Il fallait que je prouve aux gars que j’étais capable de jouer dans ce club. Lorsque je suis allée à Gatineau, j’avais beaucoup d’attention médiatique et je voulais prouver que les filles avaient leur place », a soutenu Gascon.

« C’est incroyable comme expérience et je crois que c’était l’une des plus belles de ma vie. C’était aussi stressant, car pendant que les gars se reposaient, je devais donner des entrevues. Mon camp était plus gros que celui qu’un gars pouvait avoir. Je pense avoir réussi à faire une belle prestation », a-t-elle ajouté.

Un sentiment que partageait en quelque sorte Dicaire lorsqu’elle a eu l’opportunité d’être en finale d’un gala de boxe.

 « Je mentirais si je disais que la première fois que j’ai fait une finale, je n’avais pas la boule dans la gorge. C’est tout un événement dans une carrière, mais aussi une pression. En tant qu’athlètes professionnelles, nous avons cet avantage, possibilité, de pouvoir changer les choses, de pouvoir inspirer la société. Ça passe par les performances, comme Ève l’a fait et en gagnant des combats. »

Dicaire et Gascon espèrent que leur discipline continueront de s'approcher de l'égalité avec le volet masculin. À la boxe, Dicaire a avancé la possibilité d'avoir des rounds d'une durée de trois minutes chez les boxeuses comme c'est le cas chez les hommes. En ce qui concerne le hockey, Gascon suit avec intérêt les développements pour une ligue professionnelle afin d'offrir une continuité aux joueuses après leur parcours universitiare.