BERLIN (AFP) - L'ancien champion du monde de boxe des poids lourds, Max Schmeling, dont le décès mercredi a été annoncé vendredi, était l'une des idoles du sport en Allemagne en raison de son palmarès et de son comportement modèle en dehors du ring.

Né le 28 septembre 1905 à Klein-Luckow (est), Max Schmeling était le premier et l'unique boxeur allemand à porter la ceinture de champion du monde toutes catégories, entre 1930 et 1932.

Il avait enlevé le titre vacant en battant l'Américain Jack Sharkey par disqualification à la 4e reprise le 12 juin 1930 à New York, avant que Sharkey ne prenne sa revanche deux ans plus tard.

Il était devenu le premier Européen à remporter ce titre mondial sur le sol américain. Avant lui, seul le Français George Carpentier avait battu un Américain sur ses terres, chez les mi-lourds, en 1920.

Mais la gloire de Max Schmeling reposait sur sa victoire par KO à la 12e reprise sur le noir américain Joe Louis le 19 juin 1936 à New York, infligeant à l'un des plus grands boxeurs de tous les temps la première défaite de sa carrière.

L'Allemand avait ensuite perdu le 22 juin 1938, après seulement 2 min 4 sec, le combat pour le titre contre le même Joe Louis, devenu entre temps champion du monde.

Malgré la défaite, il était resté un héros populaire dans son pays, comme l'avait été Marcel Cerdan en France.

Schmeling, passé professionnel en 1924 était également devenu champion d'Europe des mi-lourds en 1927 puis des poids lourds en 1939.

"S'inspirer de modèles"

Blessé pendant la guerre, il avait disputé quelques combats en 1947 et 1948. Il avait pris sa retraite le 31 octobre 1948 après avoir subi une dernière défaite. Au total, il a disputé 70 combats professionnels (56 victoires, 4 nuls et 10 défaites).

Sa générosité et sa modestie lui ont valu respect et considération. Sans jamais avoir été un opposant au nazisme, Max Schmeling ne s'est pas non plus laissé utiliser par la propagande nazie malgré les efforts de Joseph Goebbels qui voyait en lui une figure emblématique de choix pour le régime.

En 1938, lors de la "nuit de cristal", le boxeur avait caché le frère de son ami Henry Levin, un juif d'origine allemande, l'aidant à se réfugier aux Etats-Unis. Un geste qui lui a valu en 1958 la citoyenneté d'honneur de la ville de Los Angeles (Californie).

Propriétaire d'une firme de boissons à Hambourg (nord), il se tenait au courant des évolutions de la société allemande et s'intéressait plus particulièrement au sport.

Il avait également créé une fondation pour soutenir des oeuvres caritatives et aider d'anciens boxeurs professionnels dans le besoin. Ainsi, sans l'évoquer publiquement, Schmeling avait soutenu financièrement Joe Louis pendant des années. En 1987, la presse sportive allemande l'avait élu "plus grand sportif allemand de tous les temps".

Depuis sa pneumonie en 1998, il vivait dans sa propriété à Hollenstedt, à une quarantaine de kilomètres de Hambourg, où il voulait atteindre l'âge de 100 ans.

Schmeling expliquait lui-même le secret de son succès: "Une bonne formation à l'école, s'inspirer de modèles et apprendre d'eux". Sa propre idole était l'ancien champion de boxe Jack Dempsey.

Max Schmeling était veuf et sans enfants. Sa femme était décédée en 1987 quelques années après que les deux époux eurent célébré leurs noces d'or.