Malgré les obstacles, Mikael Zewski n’a jamais cessé d’y croire
Boxe jeudi, 27 juin 2019. 10:56 jeudi, 12 déc. 2024. 04:30MONTRÉAL – Il y a un peu plus d’un an, Mikael Zewski pensait que ça y était. En mettant la main sur le titre international des poids mi-moyens du WBC, il s’imaginait qu’il pourrait enfin remettre sur les rails une carrière qui faisait du surplace depuis son revers contre Konstantin Ponomarev.
Mais comme les choses ne sont jamais simples à la boxe, le Trifluvien n’a ensuite disputé qu’un combat face à Aaron Herrera en décembre dernier à Québec et il souhaite de tout cœur que le duel qu’il livrera vendredi soir au Cabaret du Casino de Montréal en demi-finale d’un événement de Groupe Yvon Michel (GYM) contre Abner Lopez lui permette enfin de se faire remarquer.
Si le WBC a décidé de ne pas sanctionner le combat et de déclarer la ceinture vacante, tout n’est pas entièrement perdu pour Zewski (32-1, 22 K.-O.) étant donné que le titre nord-américain de l’IBF ainsi que celui de la NABO seront à l’enjeu. Avec une victoire, le droitier pourrait ensuite se retrouver dans le classement de trois des quatre grandes organisations de boxe internationale.
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« La ceinture internationale du WBC était déjà un pas dans la bonne direction, mais c’est certain que d’avoir deux autres titres est un autre pas en avant, a lancé Zewski, mercredi avant-midi, en marge de la dernière conférence de presse faisant la promotion du gala qui mettra en vedette la championne des super-mi-moyennes de l’IBF Marie-Ève Dicaire et son aspirante Maria Lindberg.
« Quand tu fais partie du top-15 de trois des quatre organisations, c’est certain que tu fais parler de toi. Dans une division comme celle des mi-moyens, où il y a beaucoup de talent, c’est bien! »
Signe des temps – il a fêté ses 30 ans en février un peu plus tôt cette année – Zewski entrevoit le choc de vendredi comme une opportunité à saisir, même s’il reconnaît qu’il a assez difficilement rongé son frein sur les lignes de côté en attendant de connaître ce que l’avenir lui promettait.
« C’est particulièrement difficile dans les moments morts entre les combats où personne ne sait vraiment ce qui va arriver, a expliqué Zewski. J’étais vraiment motivé par le combat que j’allais avoir contre [Alexander] Besputin à Los Angeles en sous-carte de [Vasiliy] Lomachenko [face à Anthony Crolla] en avril, mais ça n’a pas fonctionné... son équipe a finalement refusé le combat.
« D’un autre côté, j’ai fini par connaître ce qui me motive réellement. Ça m’a aidé à retrouver mon amour pour le sport. Je ne fais pas ça pour l’argent, pour devenir célèbre ou pour me faire reconnaître. Non, je le fais pour m’accomplir en tant que personne et pour l’amour du sport. »
Au fil de ses innombrables séances d’entraînement aux côtés de son entraîneur de père Jean Zewski en attendant l’appel qui changerait sa vie, le père d’un garçon de quatre ans a également eu du temps pour réfléchir sur son approche et la façon qu’il entrevoit le reste de sa carrière.
« Je me sens plus mature physiquement et mentalement, a avoué Zewski. Je sais maintenant à quoi m’attendre pendant les gros combats et j’ai plus conscience de certaines choses qu’avant. J’ai déjà pensé que tous les gars devant moi allaient tomber et j’étais devenu un peu fendant par rapport à ça. Mais j’ai appris avec le temps que ce n’est pas du tout comme ça que ça se passe.
« J’ai compris que ce n’est pas nécessairement en travaillant beaucoup plus fort que tu deviens efficace. J’ai appris à calculer mes temps de repos par rapport à mes temps d’entraînement. Je continue d’apprendre, tout comme mon père d’ailleurs. Je suis quelqu’un de très curieux. Je fais beaucoup de recherches sur ces sujets. Je me vois comme un boxeur nettement plus complet. »
Le prochain Éric Lucas?
Dans la foulée de sa défaite devant Ponomarev, plusieurs amateurs et quelques intervenants de l’industrie locale avaient alors remis en question l’association entre Zewski et son paternel, jugeant qu’il aurait tout intérêt à quitter sa Mauricie natale pour tenter de s’épanouir ailleurs.
Des boxeurs comme Yves Ulysse fils s’étaient toutefois portés à sa défense en expliquant que la relation entre un boxeur et un entraîneur est unique et qu’il faut avoir pleinement confiance en ce dernier quand vient le temps de trouver des solutions dans les moments de grande tension.
Encore aujourd’hui, des gens émettent leurs réserves et déplorent le choix de Lopez (27-9-1, 23 K.-O.) comme adversaire puisqu’il a subi la défaite cinq fois à ses dix dernières sorties et que ses victoires ont été signées contre des rivaux qui présentaient des fiches relativement ordinaires.
« Après ma défaite, ça m’a beaucoup aidé d’avoir ma femme, ma famille et des proches qui m’aiment à mes côtés, a affirmé Zewski sans détour. Je suis revenu plus fort et je sais que je possède aujourd’hui les outils nécessaires pour affronter les meilleurs boxeurs de ma division.
« Lorsque j’étais plus jeune et sous contrat avec Top Rank, mon gérant n’aurait pas aimé ça de me voir contre Lopez : un gars d’expérience qui n’est pas commode. Aux États-Unis, on tente de garder les boxeurs sous le radar le plus longtemps possible avant de leur donner un gros combat et le cas échéant, on se croise les doigts en espérant qu’ils vont l’emporter pour progresser. »
Fondamentalement, Zewski se soucie très peu des critiques et pense que la très grande majorité des amateurs qui ont appris à le connaître espère fondamentalement qu’il parvienne à ses fins.
« Les gens veulent croire à mon dossier, a conclu Zewski avec humour. Les gens aimeraient que ça marche, mais ils veulent juste une preuve que le talent est là pour vrai et que ce qui est arrivé contre Ponomarev n’arrivera plus. Une belle victoire ce vendredi serait un pas dans ce sens-là. »
« Mikael a le potentiel de faire ce qu’Éric Lucas a accompli jadis, a continué le promoteur Yvon Michel. Au Québec, ça ne prend qu’une petite étincelle pour que le feu s’allume d’un coup. »