MONTRÉAL - Après avoir connu la frénésie des combats au Centre Bell et de ceux disputés à l’étranger devant les caméras de HBO, Antonin Décarie a décidé de recommencer à zéro.

À la suite de sa séparation à l’amiable avec son promoteur de longue date Yvon Michel, Décarie a sauté à pieds joints dans l’aventure Eye of The Tiger Management, dont les galas sont présentés dans des salles beaucoup plus modestes comme le New City Gas à Montréal.

Mais peu importe le nombre de spectateurs qui assistent au combat ou encore le regardent à la télévision, l’enjeu demeure exactement le même. Et surtout, peu importe l’identité de l’adversaire qu’il a devant lui, Décarie sait pertinemment que sa marge d’erreur est nulle.

« À la boxe, il n’y a aucune garantie, il n’y a rien d’assuré », a rappelé le Lavallois après sa victoire par knock-out technique aux dépens du Mexicain Cesar Chavez. « Dans chaque combat, il y a une pression extraordinaire. À vrai dire, après chaque combat, ça peut être la fin. »

« Il ne faut évidemment pas penser à ce genre de choses avant de monter dans le ring ou pendant les séances d’entraînement, mais ça reste un sport dangereux. Les boxeurs font des efforts et des sacrifices. Il faut faire attention et s’amuser. Et contre Chavez, je me suis amusé. »

La notion de plaisir est un sujet qui revient continuellement dans les conversations avec Décarie. Sauf que l’éternel optimiste avoue aujourd’hui qu’il a difficilement vécu les contrecoups de sa défaite devant Luis Carlos Abregu en avril 2013 en Argentine. Une victoire lui aurait permis de mettre la main sur la ceinture d’argent des mi-moyens du WBC et de lui ouvrir plusieurs portes.

« Après mon combat contre Abregu, j’étais très démotivé », a reconnu le Québécois. « J’étais convaincu que je m’en allais là-bas et que j’allais revenir avec la ceinture. Ça m’a pris un certain temps à m’en remettre. Je suis revenu dans le gymnase rapidement, mais à reculons. »

« Ç’a quand même bien été et j’ai fait tous les efforts qu’il fallait, mais disons que le cœur n’y était pas nécessairement. C’est plus ma tête qui me disait que c’était important d’être là, de continuer à pousser. Quand le cadran sonnait à 6 h le matin pour me réveiller, je dois avouer que je partais pour le gymnase à reculons. Cette fois, ç’a été parfaitement le contraire. »

Avec le recul, il est maintenant possible de comprendre pourquoi Décarie avait eu autant de difficulté à vaincre l’obscur Salim Larbi à son combat de retour en septembre 2013 et pourquoi il a paru aussi à l’aise devant Chavez mercredi soir. Serait-ce l’effet Hercules Kyvelos?

Étant donné que son entraîneur Marc Ramsay était retenu à Big Bear en Californie pour préparer le combat que Jean Pascal allait disputer face à Lucian Bute, Décarie s’est tourné vers l’ancien champion canadien des mi-moyens. Une décision qu’il ne regrette absolument pas.

« J’avais vraiment besoin de quelqu’un ici, car j’avais un combat important et ç’a super bien été », a indiqué celui qui est classé 11e au WBC. « Marc et Hercules ont travaillé en partenariat après le combat de Jean et il y avait une belle chimie. L’ambiance était super, ç’a été parfait. »

« Marc est le meilleur entraîneur que je connaisse, mais lui me connaît depuis que j’ai 14 ans. Il y a certaines choses que je fais qui ne sont probablement pas correctes, mais Marc les voit depuis tellement longtemps qu’il ne les remarque quasiment plus, alors, il ne me reprend plus! »

Il n’est donc pas impossible que Kyvelos soit encore dans le coin de Décarie lorsque ce dernier remontera dans l’arène le 28 mars au Casino du Lac Leamy dans un gala dont il sera la tête d’affiche. Chose certaine, Décarie sera de retour dans le gymnase dès lundi, avec le sourire.