Depuis les beaux jours de Jack Delaney, en 1925, le Québec a connu 18 champions mondiaux, en passant entre autres par Mathew Hilton, Arturo Gatti, Éric Lucas, Lucian Bute, Adonis Stevenson et David Lemieux.

Maintenant, c’est à Steven Butler, un jeune homme de 23 ans, de briller de tous ses feux. Son heure est venue. Ça passe ou ça casse.

Des fourmis dans les jambes. Une boule dans le creux de l’estomac, même quelques nausées espacées. C’est ce que ressentira Butler lorsqu’il montera sur le ring de l’Arena de Yokohama, au Japon, lundi soir prochain.

Il ressentira les mêmes sensations que ses prédécesseurs lors de leur premier match de championnat mondial.

Favorable à nos champions

L’année 2019 a été favorable pour nos champions mondiaux. Marie-Eve Dicaire a défendu sa couronne IBF des super mi-moyennes avec succès à trois reprises. Artur Beterbiev est devenu double champion chez les mi-lourds et Jean Pascal a été proclamé champion intérimaire de la WBA.

Seulement Eleider Alvarez a raté sa chance cette année en cédant sa couronne si chèrement gagnée de son prédécesseur Sergey Kovalev.

Butler a grandement mérité ce match de championnat contre Ryota Murata. Depuis sa défaite contre Brandon Cook, il a tout balayé sur son passage. Il a passé le K.-O. à neuf de ses dix derniers rivaux et il est parvenu à se hisser au premier rang des aspirants à la couronne WBO de Demetrius Andrade.

Il aurait pu affronter Andrade, mais les offres étaient plus alléchantes du côté de Murata

Butler peut-il gagner ?

Peut-il remporter la victoire et coiffer la couronne mondiale ?

Pourquoi pas. Il a presque deux fois plus d’expérience que son rival. Il est neuf ans plus jeune que lui et sa force de frappe est comparable sinon plus puissante que la sienne. Par contre, Butler accuse un retard au niveau de la carrière amateur, 119-18-0—89/K.-O. contre  50-0 et une médaille d’or que Murata a gagnées aux Jeux olympiques de Londres, en 2012.

En somme, tout se jouera sur le Q.I. de la boxe. Murata est un boxeur qui aime se porter en attaque. Butler aussi. Les deux ont une bonne force de frappe. Donc c’est le plus intelligent des deux, celui qui saura contrer les attaques de l’autre, qui sortira victorieux.  

Il est très difficile d’évaluer la fiche de Murata. Elle montre deux défaites, mais attention.  La première perdue par décision partagée contre Hassan N’Dam ne doit pas être tenue comme un revers. On se souviendra que deux des juges avaient été suspendus à la suite de ce revers. Ce sont Gustavo Padilla, du Panama et Hubert Earle, du Canada. D’ailleurs, la WBA avait exigé un combat revanche et cinq mois plus tard, en octobre 2017, Murata obligeait N’Dam à se retirer au septième engagement.

Affronter Rob Brant

Il y a aussi le cas Rob Brant qu’il faut prendre au sérieux. Totalement déclassé dans le premier match, il est revenu plus fort que jamais lors de la revanche, obligeant l’arbitre Luis Pabon à mettre un terme aux hostilités à la deuxième reprise.

Dans ce deuxième round, Murata a atteint la cible avec ses coups de puissance pas moins de 64 fois, ce qui lui vaut la deuxième place pour le plus grand nombre de coups de puissance dans un round. Le record de tous les temps appartient à Mike McCallum avec 74 coups lors de sa confrontation avec Nicky Walker, en 1991.

Le gagnant du duel entre Murata et Butler devra éventuellement se mesurer à Rob Brant. Ce dernier possédait une clause de revanche quand il a perdu aux mains de Murata.  Il s’est donc désisté pour laisser la place à Butler avec la certitude qu’il affronterait le vainqueur.

Ne pas se fier aux juges

Heureusement, comme il l’a bien spécifié, Butler ne veut pas se fier aux juges pour remporter la victoire. Il n’a pas l’intention de changer son style, c’est-à-dire d’y aller à fond de train et tenter de le battre aux poings.

Il a mis toutes les chances de son côté. Il est arrivé au Japon il y a plus de 15 jours et il  a pu trouver un cuisinier qui répond à ses goûts et son entrainement s’est déroulé comme il l’entendait.

En somme, s’il perd, ce ne sera pas une catastrophe. Il n’a que 24 ans et il est évident qu’il est le successeur de David Lemieux, au Québec. Qui sait. Peut-être un jour, on assistera à un affrontement entre les deux hommes, même s’ils sont de la même écurie.

Prédiction : Butler par K.-O. avant 7 rounds (ce sera la surprise de l’année)

Le match sera présenté sur RDS à compter de 17 h30. lundi.

Une longue fin de semaine

L’action commence ce vendredi à Phoenix, en Arizona. On se rendra ensuite à Ontario, en Californie, puis à Londres, en Angleterre pour finalement aboutir à Yokohama, au Japon.

Parmi les six boxeurs que j’ai choisis pour cette fin de semaine précédant Noël, on retrouve : un miraculé de la nature, un ex-drogué supposément réhabilité, un boxeur qui s’est fait voler une victoire et un autre qui a reçu un cadeau de la part des juges. On a aussi un poids lourd qui est meilleur qu’Arslanbek Makmudov et un p’tit Québécois qui rêve d’être champion.

Vendredi soir à Phoenix, c’est soirée de première pour Daniel Jacobs, un miraculé de la nature, qui a vaincu le cancer. Ex-champion des poids moyens, il se retrouve aujourd’hui à 168 livres.

Jacobs a perdu deux de ses trois combats contre de champions.  Il s’agit de Saul Alvarez et Gennady Golovkin. Chaque fois, il a baissé pavillon, mais de justesse.

Il joue sa carrière

Son rival, Julio Cesar Chavez, le fils de l’autre, n’est pas sans savoir qu’il joue sa carrière. Mais je doute qu’il s’en fiche pas mal.

Pour vous donner une idée de son sérieux, il s’est présenté sur le pèse-personne à 173 livres,  cinq livres au-dessus de l’entente de 168 livres. Il lui faudra donc remettre un million de dollars de sa bourse de trois millions.

Jacobs aurait pu demander à affronter le suppléant de Chavez, fils, Gabriel Rosado, mais il a préféré accepter de se mesurer à Chavez, même s’il a fait osciller le pèse-personne à 172,7 livres contre 167,9 livres pour Jacobs.

Malgré tout, le combat aura lieu. Le clan Jacobs a accepté moyennant rémunération et leur poulain montera sur le ring à environ 170 livres. Mais on a le droit de se demander s’il sera aussi à son aise que lors de son dernier match contre Canelo Alvarez. Jacobs pesait 160 livres lors de cette rencontre, où il avait brillé dans la défaite.

Rosario était prêt

J’ai de la difficulté à comprendre le raisonnement de poursuivre avec ce match.  Le promoteur Eddie Hearn avait déjà gardé en réserve le vétéran Gabriel Rosado (24-12-1) au cas où Chavez n’aurait pu remplir son engagement.

Un  juge de la cour du Nevada a décidé que la Commission de boxe de cet État devait remettre à plus tard la décision concernant le refus de Chavez, fils, de se soumettre aux tests de la VADA. Il avait donc le feu vert.

Chavez fils, en sera seulement à son deuxième combat depuis son revers contre Saul Alvarez et il faut bien comprendre que son dernier adversaire (Evert Bravo 25-10-1) n’était qu’un faire-valoir, puisque le rejeton de Julio Cesar Chavez, père, n’avait pas boxé depuis plus de deux ans.

Chavez n’est pas sans savoir que sa carrière est en jeu. Déjà il est surveillé pour son usage de drogue et son comportement à l’extérieur du ring. Une défaite et sa carrière chez les meilleurs de sa division est pratiquement finie.

Ne vous attendez pas à un K.-O. Daniel Jacobs a réussi sa dernière mise hors de combat il y a plus de trois ans contre Sergio Mora et Chavez n’a pas couché un vrai boxeur (Andy Lee) depuis le mois de juin 2012.

Prédiction : Jacobs par décision

Enfin la revanche

Cela fait maintenant un an que Jermell Charlo (32-1-0—16/K.-O.) crie vengeance et avec raison.  Le 22 décembre 2018, au Barclays Center, de Brooklyn, les trois juges ont donné des drôles de scores à la suite de son affrontement avec Tony Harrisson (29-1-0—21/K.-O.). Julie Lederman 115/113, Ron McNair 113/115 et Robin Taylor 116/112 ont donc obligé Charlo à remettre sa couronne WBC des super mi-moyens à Harrisson.

Cette décision a été critiquée par à peu près tous les connaisseurs, dont les trois commentateurs et analystes du réseau FOX, Ray Mancini, Lennox Lewis et Keith Thurman qui ont été les premiers à sonner l’alarme.  Quant au pointeur de FOX, Larry Hazard, il avait un pointage de 117/111 en faveur de Charlo, soit le même pointage que le mien

C’était la première défaite en carrière pour Jermell Charlo, le frère jumeau de Jermall, le champion WBC des poids moyens.

Harrisson n’a pas boxé depuis son match contre Charlo tandis que ce dernier s’est tenu en forme en passant le K.-O./3 à Jorge Cota (28-3-0).

Prédiction :  Charlo par décision

Le darling des poids lourds

S’il n’en tenait qu’à Camil Estephan, son protégé Arslanbek Makhmudov affronterait Anthony Joshua dès demain. Toutefois, en Angleterre, il y a un jeune poids lourd de 22 ans seulement qui a tout balayé sur son passage jusqu’ici. Il s’agit de Daniel Dubois (13-0-0—12/K.-O.). Il est le champion de Grande-Bretagne et il a le promoteur Frank Warren derrière lui.

Ce samedi, il affronte le champion WBO/Asie/Pacifique Kyotaro Fujimoto (21-1-0—13/K.-O.) pour le titre vacant International de la WBO.

Fujimoto mesure 6’0’’, soit cinq pouces de moins que Dubois. C’est un bon boxeur, mais qui n’a pas la force de frappe du Britannique.

À noter que les deux dernières victimes de Dubois, Nathan Gorman(16-0-0) et  Ebenezer Tetteh 19-0-0), n’avaient jamais subi la défaite avant de se mesurer à Dubois. Déjà ce dernier est classé 5e aspirant à la WBO. Plusieurs croient que Dubois verra son rêve se réaliser en 2020 en se mesurant à Anthony Joshua, même s’il n’aura que 14 combats à sa fiche, naturellement à condition de se débarrasser de Fujimoto.

Prédiction : Dubois par K.-O. avant le 5e round

Bonne boxe

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