Adonis Stevenson défendra pour la première fois son titre des poids mi-lourds du WBC samedi soir au Centre Bell, alors qu’il affrontera l’ancien détenteur de la ceinture de la IBF Tavoris Cloud.

Même s’il a été champion pendant trois ans et demi, Cloud demeure relativement peu connu du grand public. Représenté par l’excentrique promoteur Don King, l’Américain n’a disputé que cinq combats pendant son règne. Difficile de se faire des partisans dans ces circonstances.

L’entrée de Cloud chez les professionnels avait été plutôt anonyme, puisqu’il n’a pas connu une glorieuse carrière amateur. Il n’a pas participé aux Jeux olympiques, planche de salut de nombreux boxeurs populaires au fil du temps. Pourtant, Cloud possède un style qui a tout pour plaire étant donné qu’il est porté sur l’attaque. Portrait de sa carrière en cinq temps.

1. Cloud contre Clinton Woods le 28 août 2009 au Seminole Hard Rock Hotel and Casino de Hollywood en Floride

Cloud obtient sa première chance pour un titre mondial à la suite de sa victoire sur l’ancien champion Julio Cesar Gonzalez en combat éliminatoire. Woods a détenu la ceinture de la IBF pendant plus de trois ans avant de la perdre aux mains d’Antonio Tarver. Le titre est ensuite devenu vacant lorsque Chad Dawson l’a abandonné pour éviter d’affronter Cloud, apparemment.

L’Américain commence le duel en se ruant sur l’Anglais dès que le son de la cloche annonçant le début du combat se fait entendre. Cloud se sert beaucoup de sa main avant, et pas uniquement pour lancer des jabs. Il est cependant beaucoup moins précis que son adversaire.

Cloud maintient la cadence plus les rounds avancent, mais Woods parvient à répliquer grâce à une bonne défense et une sélection judicieuse de ses coups selon le moment. Un uppercut de la droite touche notamment la cible, après une combinaison sans vigueur de la part de Cloud.

Mais le nombre total de coups lancés par Cloud (1113 contre 677) finiront par avoir raison de la précision de Woods (39 contre 33 pour cent). Après les 12 rounds, les trois juges remettent des cartes de 116-112 en faveur de Cloud, qui devient champion à l’âge de 27 ans. Il s’agira du dernier combat de Woods, qui annoncera officiellement sa retraite quelques jours plus tard.

2. Cloud contre Glen Johnson le 7 août 2010 au Scottrade Center de Saint Louis

Pour ses débuts sur un réseau américain majeur (HBO), Cloud affronte le vétéran Glen Johnson, devenu aspirant obligatoire après sa victoire sur Yusaf Mack. Cloud en était à sa première défense de titre, tandis que Johnson s’était déjà battu sept fois en pareille occasion.
 

Johnson n’était plus depuis longtemps le boxeur qui avait surpris Roy Jones fils en 2004, mais malgré ses 41 ans, il demeurait un aspirant respectable comme il le prouvera ensuite pendant son combat contre Carl Froch en demi-finale du Super Six.

Comme cela avait été le cas face à Woods, Cloud ne perd pas de temps et prend rapidement le contrôle du centre du ring. Mais Johnson ne se laisse pas intimider en gardant les deux mains bien hautes et en lançant des jabs pour repousser son rival. Cette stratégie fera en sorte que Cloud lancera 200 jabs de moins que Johnson pendant tout le combat.

Le champion solutionne l’énigme grâce à la précision de ses coups en puissance (45 contre 32 pour cent) pour sensiblement le même nombre (373 contre 371). Cloud est particulièrement efficace avec les frappes portées au corps de Johnson, même si le visage de l’aspirant demeure sa cible de prédilection.

Les trois juges remettent des cartes identiques de 116-112 en faveur de Cloud, mais Johnson déclarera ensuite qu’il méritait la victoire, parce qu’il avait tout simplement enlevé plus de rounds. Logique! Il prétendra également n’avoir jamais été ébranlé de la soirée.

3. Cloud contre Yusaf Mack le 25 juin 2011 au Family Arena de Saint Charles au Missouri

Après avoir effectué une défense optionnelle contre Fulgencio Zuniga, Cloud a maintenant rendez-vous avec son aspirant obligatoire Mack. Ce dernier a enfin obtenu sa chance à la suite de son gain sur Otis Griffin. Sur papier, il semble une cible facile, étant donné qu’il a déjà subi trois revers avant la limite contre Alejandro Berrio, Librado Andrade et Johnson dans le passé.

Cloud lance moins de jabs que Mack au premier round, sauf qu’il est en revanche beaucoup plus précis avec sa main arrière. Le Floridien reprend l’avantage dans la bataille de la main avant dès le deuxième round, tout en continuant de placer ses coups en puissance avec régularité.

L’aspirant peine à suivre le rythme plus les rounds avancent et le champion finit par l’achever à la fin du huitième round, après l’avoir emprisonné dans les câbles grâce à un crochet de la gauche et envoyé au tapis à l’aide d’une vicieuse droite au corps. Mack parvient à se relever, mais l’arbitre arrête ensuite les hostilités, puisque le boxeur n’a pas repris ses esprits.

Il s’agit à ce jour de la dernière victoire enregistrée avant la limite par Cloud. Au lendemain de son triomphe, il défiera Jean Pascal, qui venait de perdre devant Bernard Hopkins un mois plus tôt. Les deux pugilistes conviendront de s’affronter un an plus tard, mais une blessure à une main subie par Pascal à l’entraînement repoussera leur duel aux calendes grecques.

4. Cloud contre Gabriel Campillo le 18 février 2012 au America Bank Center de Corpus Christi au Texas

De retour après huit mois d’absence et boxant pour la première fois sur Showtime, Cloud semble déterminé à régler le cas de Campillo dès le premier round en envoyant ce dernier au plancher à deux reprises. L’Américain tente ensuite désespérément d’en finir dans la dernière minute, mais l’Espagnol survit à la tempête en parvenant à se déplacer continuellement.

Campillo est plutôt amorphe au début du deuxième round, mais trouve enfin son erre d’aller vers la fin de la deuxième minute en lançant un éventail de coups variés. L’oeil gauche de Cloud commence ensuite à montrer des signes de faiblesse au quatrième round. L’aspirant en profite d’ailleurs pour connaître d’excellents moments au cinquième avec sa main arrière.

Cloud reprend vie au sixième en recommençant à appuyer ses jabs avec des coups en puissance. La suite prouve toutefois qu’il a de la difficulté à contrer ses adversaires lorsqu’ils s’activent en combinaisons. Si seulement Campillo avait une force de frappe digne de ce nom...

L’annonce de la victoire par décision partagée de Cloud (116-110, 114-112 et 111-115) en choquera plus d’un. Ce combat aura néanmoins eu le mérite d’exposer les plus grandes faiblesses du champion au grand jour.

5. Cloud contre Bernard Hopkins le 9 mars 2013 au Barclays Center de Brooklyn

Dominé à son précédent duel face à Chad Dawson, Hopkins semblait une cible de choix pour relancer Cloud à la suite de sa prestation mitigée contre Campillo. Le champion avait d’ailleurs profité de l’occasion pour congédier son entraîneur de longue date Al Bonani pour le remplacer par Abel Sanchez. L’association n’a duré qu’un seul combat.

L’animosité entre les deux boxeurs est extrêmement palpable dès les premiers instants du premier round, alors que l’arbitre doit régulièrement intervenir pour les séparer. Cloud essaie d’établir son jab, mais Hopkins se déplace bien et ne se gêne pas pour accrocher au passage.

Rapidement, Cloud ne ressemble en rien au boxeur qui avait remporté ses 24 premiers combats. Hopkins maintient un taux de réussite supérieur à 50 pour cent avec ses coups en puissance pendant les deuxième, troisième et quatrième rounds. Impressionnant le vieux!

Au sixième, Cloud est coupé à l’oeil gauche, mais l’arbitre détermine erronément que le saignement a été provoqué par un coup de tête accidentel. La reprise vidéo montrera ensuite clairement que c’est une gauche parfaitement placée qui a causé les dommages.

Cloud ne trouvera jamais sa vitesse de croisière et l’annonce de la victoire par décision unanime de Hopkins (117-111, 116-112 et 116-112) est conforme à la perception générale. B-Hop devient ainsi le champion le plus âgé de l’histoire à 48 ans, surpassant la marque qu’il avait lui-même établie 2 ans plus tôt après son gain sur Pascal.