BROOKLYN, New York – La séquence avait été pratiquée des milliers de fois sur les tapis du gymnase H2O et du Tristar. Face à un gaucher, Olivier Aubin-Mercier se déplaçait vers la droite de son adversaire, attendait qu’il décoche son jab et profitait immédiatement de l’ouverture au corps pour y lancer sa propre gauche.

Le moment de vérité venu, le « Québec Kid » n’a même pas attendu une minute pour démontrer l’exactitude du plan de match.

« Ce soir, Olivier a été capable d’appuyer sur la gâchette », a résumé son entraîneur Lévis Labrie.

Aubin-Mercier a battu le vétéran Evan Dunham avec panache, samedi soir à l’UFC 223, enregistrant la première victoire par K.-O. de sa carrière à la 53e seconde du premier round. Sa performance lui a valu l’un des trois bonis de 50 000 $ que distribue la compagnie au terme de chaque gala. ​

« J’étais encore vierge, je ne le suis plus! », a lancé le coloré combattant au micro de l’animateur Joe Rogan après son triomphe.

Installé au 14e rang du classement de la division des légers, Dunham représentait un défi de taille pour Aubin-Mercier. Fort d’une expérience de 18 combats dans l’UFC, il n’avait pas subi la défaite à ses cinq dernières sorties. Le Montarvillois de 29 ans est le premier adversaire à lui passer le K.-O. en près de quatre ans.

« Je m’attendais à un combat un peu plus difficile, je vais t’avouer, a-t-il confié à son arrivée dans les coulisses du Barclays Center. Je m’attendais à saigner, à le faire saigner... »

Il s’agit d’une quatrième victoire de suite pour Aubin-Mercier, sa première contre un adversaire classé dans le top-15 de sa division. C’est précisément dans ce groupe sélect que ce plus récent triomphe risque de lui donner accès.

Dunham avait pourtant amorcé le combat avec le couteau entre les dents, probablement désireux de tester les nerfs d’un rival qui n’avait pas la moitié de son expérience. Son sens de l’initiative a toutefois trouvé son homme.

« Il m’a un peu étonné de mettre autant de pression dès le début. Mais dès que je l’ai touché au corps, je l’ai vu reculer », a analysé Aubin-Mercier. 

Deux crochets sont allés claquer dans les flancs de Dunham, qui chaque fois est devenu un peu plus timide. Sans se douter que la fin était proche, Aubin-Mercier a néanmoins constaté qu’il venait de marquer ses premiers points. « J’ai fait la feinte au sol et quand je l’ai vu se baisser, j’ai compris que je l’avais blessé. »

« Dunham n’est spécialiste dans aucun domaine. Je ne dis pas ça pour le rabaisser, ce n’est pas un défaut, il est vraiment complet. Mais pour cette raison, on n’avait pas nécessairement une stratégie spécifique pour lui, expliquait l’entraîneur Firas Zahabi après le combat. C’est plus un boxeur-grappler, alors on s’était préparés pour ça avec beaucoup de contre-attaques. Ce soir, c’est bien sorti. »

Un coup au genou au plexus a permis à Aubin-Mercier de repousser sa proie dans le grillage, où l’Américain s’est vite recroquevillé sous les gauches de son assaillant. Un OAM moins rodé aurait peut-être mis les freins. Peut-être aurait-il cherché à initier une technique de soumission, un aspect plus naturel de son arsenal. Peut-être aurait-il laissé son adversaire reprendre son souffle.

Samedi soir, il n’en était pas question. C’est avec un autre genou au corps que le matamore moustachu a mis fin au débat.

« Je me suis senti un peu animal dans la cage et je n’ai pas détesté ça, je l’avoue », a confié le vainqueur.  

« Je pense qu’Olivier est beaucoup plus confortable dans l’octogone, a affirmé sur une note plus sérieuse Zahabi. Avant, il était un peu plus timide. Il ne s’était jamais fait frapper, il n’avait jamais frappé quelqu’un. Il faisait surtout du grappling et son instinct, c’était souvent d’agripper son adversaire. Ce soir, on a vu que son instinct de cogner était là. Son debout est beaucoup plus fluide. Il n’est plus gêné de laisser aller ses coups. »

Cette éclatante victoire vient fermer la parenthèse sur un hiver un peu frustrant pour Aubin-Mercier. En février, il se préparait à affronter le Brésilien Gilbert Burns en Floride quand celui-ci a été retiré de la carte en raison d’une coupe de poids dangereuse. Avec un nouvel adversaire et un autre camp d’entraînement derrière lui, l’ancien judoka souhaite prendre un peu de repos.

« Mais ça serait cool que l’UFC vienne au Canada, propose-t-il. Et pourquoi pas quelque part proche du Québec? Aujourd’hui, en revenant en coulisses après ma victoire, il y a des gens qui m’ont crié en français et qui m’ont dit qu’ils étaient venus juste pour me voir. Ça m’a vraiment touché. Je me rends compte de plus en plus qu’il y a des fans qui sont prêts à se déplacer pour me voir performer. Comme je l’ai déjà dit, je me bats pour moi, mais mes supporteurs sont vraiment mon carburant. Ce sont eux qui m’aident à avancer. »

Pour clore les préliminaires de l’UFC 223, la Polonaise Karolina Kowalkiewicz a reçu l’appui de deux des trois juges pour avoir le meilleur de Felice Herrig et décrocher une deuxième victoire consécutive.  

Dans la division féminine des mouches, Ashley Evans-Smith (6-3) a mis fin à une série personnelle de deux défaites en blanchissant l’Australienne Bec Rawlings (7-8) sur la carte des trois juges. Rawlings a maintenant perdu ses quatre derniers combats et montre une fiche de 2-5 depuis son entrée à l’UFC.

En guise de coup d’envoi de la soirée, le mi-lourd Devin Clark (9-2) a souhaité à Mike Rodriguez (9-3) la bienvenue dans l’UFC en signant à ses dépens une victoire par décision unanime. 

La carte du gala