PARIS, France - « Un championnat de deux ans » : les écuries de F1 font face à un double défi en 2020, courir la saison en cours et préparer la suivante, théâtre de l'un des changements règlementaires les plus importants de l'histoire.

L'expression « championnat de deux ans » est de Toto Wolff, le patron de Mercedes, qui explique : « équilibrer l'allocation de nos ressources sera crucial car la pente en termes d'apprentissage et de développement est bien plus raide au début. Si vous vous trompez et que vous prenez un mois de retard, vous aurez une demi-seconde de retard. »

En effet, le changement de règlement à venir est « probablement le plus important que la F1 moderne ait connu », répète-t-on sur le paddock. « Il y a deux choses : le règlement technique et le budget cap », détaille Cyril Abiteboul, le patron de Renault.

Une nouvelle génération de F1 à l'aérodynamique simplifiée dans le but de favoriser les dépassements va voir le jour. Leurs caractéristiques ont été présentées en octobre et les écuries planchent dessus depuis.

En 2021, par ailleurs, les écuries ne pourront plus dépenser autant qu'elles le souhaitent. « Le plafonnement des budgets (à 175 millions de dollars par équipe et par an sur la base de 21 courses, ndlr) est quelque chose de complètement nouveau et qui va plonger la F1 dans un territoire inconnu. Personne ne sait réellement quelles vont en être les implications », estime Abiteboul.

« Faire la balance le plus tôt possible »

Dans ce contexte, alors que le règlement reste stable en 2020, les écuries n'ont pas revu leur copie et alignent des développements de leurs monoplaces de 2019, dont elles se sont concentrées sur les points faibles.

« Nous avons aussi prévu d'apporter comme toujours des améliorations pendant l'année, précise Claire Williams, qui dirige l'écurie éponyme. Mais comme pour la plupart des équipes, particulièrement de milieu de tableau, ces développements seront un peu réduits car nos ressources sont limitées. »

Il s'agira « de faire la bascule le plus tôt possible, le plus tôt qu'on ose le faire, de 2020 à 2021, renchérit Abiteboul. C'est pour ça que le niveau de compétitivité dans le premier tiers de la saison va être absolument crucial ».

Et pour ceux qui se seraient ratés en préparant la saison qui démarre, plutôt que de tenter de redresser la barre en cours d'année, cette bascule pourrait se faire encore plus tôt, imagine le pilote britannique Lando Norris (McLaren). 

« Nous voulons le meilleur classement possible en 2020 car cela nous impacte aussi sur le plan des revenus commerciaux (distribués par la F1 en fonction du classement des constructeurs, ndlr), donc nous ne pouvons pas sacrifier une année », tempère tout de même Marcin Budkowski, directeur exécutif de Renault.

Changement de hiérarchie?

Alors, verra-t-on l'équilibre des forces entièrement bouleversé dès le début de la saison prochaine?

« Il ne faut pas s'attendre à ce que, du jour au lendemain, on ait une grille inversée, prévient Cyril Abiteboul. Mais sur un certain nombre d'années – 2022, 2023 –, ça va avoir un impact très, très fort. »

Les petites équipes auront moins de restructurations à entreprendre que les mastodontes, dont les dépenses estimées dépassent les 300 millions de dollars pour Red Bull et les 400 millions pour Ferrari et Mercedes. Mais les trois équipe de tête conservent l'avantage à court terme avec des sommes plus importantes à répartir en 2020.

Autre atout pour Mercedes, sextuple championne du monde en titre pilotes et constructeurs, l'écurie allemande a été assurée tôt de coiffer la plupart de ses couronnes et a donc souvent pu se pencher rapidement sur la saison suivante. Reste à voir ce qu'il en sera cette année.