L’héritage de Jacques Villeneuve en Formule 1 est-il sous-estimé? C’est ce que prétend son ex-ingénieur de course Jock Clear dans une entrevue accordée au balado « Beyond The Grid ».

Villeneuve a conquis le cœur des amateurs de sports québécois en gagnant le Championnat des pilotes à sa deuxième saison seulement en 1997, mais la suite de sa carrière a été nettement moins glorieuse. Après son titre, il n’est plus jamais remonté sur la première marche du podium.

Son passage chez British American Racing en 1999 a été particulièrement désastreux, alors qu’il n’a marqué aucun point à sa première année avec l’équipe nouvellement formée. Il a mis fin à sa carrière au volant d’une Sauber peu compétitive en 2006, après un passage chez Renault.

« Je ne veux pas trop défendre Jacques, mais les gens sous-estiment ce qu’il a accompli en tant que pilote parce qu’ils se disent qu’il n’était pas un champion du monde digne, a déclaré Clear. Mais vous savez, il a gagné les 500 miles d’Indianapolis et dominé tous ses coéquipiers – avec de bonnes voitures, certes... Il avait la possibilité d’aller chez Bennetton ou encore chez McLaren.

« Les gens disent qu’il a gâché le reste de sa carrière. Cela dit, il peut très bien dormir la nuit en sachant qu’il a participé à la création de l’équipe qui domine actuellement le monde de la F1. »

British American Racing, formée à la suite du rachat de Tyrrell, est ensuite devenue BAR Honda, Brawn GP et finalement Mercedes. L’écurie allemande a un palmarès assez impressionnant puisqu’elle a remporté les sept derniers championnats des pilotes et des constructeurs de F1.

La confiance, une lame à double tranchant

Comme plusieurs, Clear garde un souvenir encore bien précis du Grand Prix d’Europe présenté le 26 octobre 1997 à Jerez, en Espagne. C’est au terme de cette dernière course endiablée – marquée par un contact avec Michael Schumacher – que Villeneuve avait été sacré champion.

« Je me souviens très bien d’avoir dit : "allons gagner le championnat" et je sais pertinemment que Jacques aurait probablement dit la même chose, a mentionné Clear. Il n’était pas du tout nerveux. Je pense que c’était parce qu’il était bien préparé pour un moment comme celui-là. »

Cette lutte pour le championnat a été extrêmement difficile au chapitre psychologique et Clear pense qu’elle a contribué à révéler de véritables dichotomies de la personnalité de Villeneuve.

« Il a commencé à croire à des théories du complot au milieu de la saison, mais je crois que c’était surtout en raison de la frustration qu’il ressentait, a expliqué Clear. Il avait connu de mauvais moments, comme à Magny-Cours où il avait fini quatrième. Il avait été juste horrible!

« Il avait tellement confiance en ses moyens et cela lui a plutôt bien servi pendant plusieurs moments de sa carrière. Mais d’un autre côté, il arrivait souvent avec des réponses étranges pour justifier ses insuccès. Des fois, il aurait fallu simplement lui dire : "peut-être que c’est parce que tu viens de faire une course de m****. Jacques, avais-tu pris un instant pour penser à ça?" »