On en a vu de toutes les couleurs depuis le début de la saison. Beaucoup de surprises, des voitures de sécurité qui viennent chambouler l’ordre d’une course, bref, ce n’est pas toujours facile de dresser le véritable portrait d’une épreuve. À l’exception du Grand Prix de Bahreïn, où Sebastian Vettel avait mis la main sur la victoire après être parti de la position de tête, ce n’est pas nécessairement le pilote le plus rapide qui a remporté les épreuves, mais celui qui a le mieux profité des circonstances.

 

Ce fut encore le cas il y a deux semaines, à Bakou. Lewis Hamilton a remporté une course marquée par plusieurs incidents. Après la course, Hamilton a avoué lui-même ressentir un mélange d’émotions. Il était heureux de la victoire, bien sûr, mais aussi déçu de ne pas avoir piloté comme il peut le faire et d’être resté en plan derrière de son coéquipier tout au long de l’épreuve.

 

D’ailleurs, faut-il s’inquiéter du début de saison de Hamilton? Car, franchement, ce n’est pas particulièrement impressionnant. Pourtant reconnu pour ses prouesses en qualifications, Hamilton s’est qualifié derrière son coéquipier trois fois lors des quatre premières manches de la saison. Si plusieurs le voyaient comme le grand favori cette saison, Hamilton n’a qu’une seule victoire, récoltée grâce à un heureux concours de circonstances. Pendant ce temps, Vettel a amassé deux victoires, en plus de récolter trois positions de tête de suite! L’Allemand est-il devenu le pilote à battre?

 

Ne faites surtout pas l’erreur d’écarter Lewis Hamilton trop rapidement. L’an dernier, il avait connu un début de saison similaire : une victoire en quatre courses. On connaît la suite… Hamilton a pris le contrôle du championnat en deuxième moitié de saison, remportant le titre mondial.

 

Il y a deux ans aussi, son début de saison avait été difficile. Aucune victoire en cinq courses… qu’il avait enchaîné avec une séquence de six victoires en sept épreuves!

 

D’ailleurs, lorsqu’on analyse ses courses jusqu’à maintenant, on constate que le Britannique a raté de belles chances d’inscrire davantage de points. En Australie, il domine la course lorsque la voiture de sécurité est déployée. Son équipe a fait de mauvais calculs et Hamilton se retrouve derrière Vettel. Il échappe ainsi la victoire. À Bahreïn, il écope d’une pénalité de cinq places sur la grille de départ en raison d’un changement de boîte de vitesse. Il fait une belle course, grimpant du neuvième au troisième échelon. En Chine, il aurait pu opter pour la même stratégie que les Red Bull lors de la sortie de la voiture de sécurité, mais Mercedes a sous-estimé l’avantage qu’auraient procuré des pneus neufs. Une mauvaise stratégie donc, et Hamilton aurait pu se battre avec les Red Bull pour la victoire.

 

Malgré tout ça, Hamilton arrive en Espagne au sommet du classement des pilotes. Pas mal, non? Plusieurs pilotes rêveraient d’avoir un début « difficile » comme le sien! Déjà en tête du classement, ses adversaires ont intérêt à être prêts lorsque Lewis et Mercedes seront de retour au sommet de leur art. Alors oui, pour l’instant, Hamilton est encore le pilote à battre.

 

La guerre du développement

 

Chaque année, le Grand Prix d’Espagne marque le début de la guerre du développement sur toutes les voitures. Cette fin de semaine, toutes les équipes auront des évolutions importantes sur leurs voitures, et ce, dans tous les domaines. Cela s’explique en partie par le retour en Europe, donc plus près des usines qui peuvent acheminer de nouvelles pièces plus facilement. C’est aussi à Barcelone que se déroulent les essais hivernaux. C’est un circuit que les pilotes et les équipes connaissent très bien, ce qui facilite le développement.

 

Chez McLaren, les évolutions sont à ce point importantes qu’on présente la voiture comme étant la « véritable » monoplace de 2018, celle des premiers Grands Prix se rapprochant davantage d’une évolution de 2017. Chez Renault, on aura un tout nouveau carburant alors que plusieurs équipes travaillent principalement sur l’aérodynamisme des voitures.

 

Bref, toutes les écuries ont beaucoup d’attentes pour ce Grand Prix, et ce n’est pas différent chez Williams. Après avoir inscrit ses premiers points à Bakou, l’écurie promet des changements importants sur la voiture. D’ailleurs, le pilote d’essai Robert Kubica prendra la place de Sergey Sirotkin lors de la 1re séance d’essais libres. Le Polonais pourra ainsi donner un point de vue plus expérimenté aux ingénieurs concernant les nouvelles pièces. Espérons pour Lance Stroll et pour Sirotkin que Williams pourra ainsi rattraper son retard sur ses rivaux.

 

Le développement des voitures se poursuivra également après le Grand Prix, puisque les équipes profiteront de quelques jours d’essais privés, toujours à Barcelone. D’ailleurs, le Canadien Nicholas Latifi sera au volant de la Force India à cette occasion.

 

Alors, qui fera le mieux ses devoirs et pourra gravir les échelons grâce à un développement efficace? On aura une partie de la réponse cette fin de semaine, mais n’oublions pas que le développement se poursuivra tout au long de la saison.

 

Pour suivre le Grand Prix d’Espagne cette fin de semaine, soyez des nôtres sur RDS samedi matin dès 8 heures 45 pour la séance de qualifications, et dimanche matin, 8 heures 30, pour l’émission d’avant-course.