Le début du marathon
Formule 1 mercredi, 4 avr. 2018. 12:53 dimanche, 24 nov. 2024. 18:37Le premier Grand Prix de la saison est toujours unique en son genre. On peut y ressentir une fébrilité évidente, de la nervosité, bref, toutes les équipes ont hâte de voir où elles se situent par rapport aux autres. Certains détails restent à peaufiner, des problèmes inattendus surviennent, ce qui rend le tout bien imprévisible.
Maintenant, le marathon commence réellement avec le Grand Prix de Bahreïn, qui sera immédiatement suivi par celui de Chine. La routine, les voyagements, le développement des voitures, les performances des pilotes, le moral, la fatigue, beaucoup de points feront en sorte que certains connaîtront une bonne saison, d'autres non. Même si l'échantillon est petit, le Grand Prix d'Australie nous a déjà donné un aperçu de la hiérarchie. Pour certains, il faudra maintenant confirmer que les résultats obtenus reflètent la réalité, pour d'autres, il faudra rapidement trouver des solutions. Je vous présente donc quatre équipes qui vont particulièrement retenir mon attention lors du Grand Prix de cette fin de semaine.
Ferrari peut-elle s'approcher de ses rivaux?
C'est une question qui peut sembler étrange étant donné que Ferrari a remporté le premier Grand Prix de la saison et que ses deux pilotes sont montés sur le podium. Mais oui, Ferrari devra faire mieux. Que ce soit en rythme de qualification ou de course, la Scuderia concédait beaucoup de temps à ses rivaux de Mercedes. En qualifications, c'est plus de six dixièmes de secondes que les pilotes à la combinaison rouge ont concédés à Lewis Hamilton. Sur un tour seulement, cet écart est énorme. En comparaison, l'an dernier, Vettel accusait un retard de moins de trois dixièmes lors des qualifications à Melbourne.
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En course, le scénario était le même. Par contre, il faut saluer les stratèges de la Scuderia qui ont été assez réalistes pour comprendre qu'ils ne gagneraient pas en suivant la même stratégie qu'Hamilton. Ils ont donc mis de la pression sur Hamilton en amenant Kimi Räikkönen aux puits un peu plus tôt. Ce faisant, ils forçaient Mercedes à prendre une décision. Soit Hamilton demeurait en piste, devenant ainsi vulnérable face à Räikkönen qui aurait roulé plus rapidement sur des pneus neufs, soit Lewis « copiait » la stratégie de Räikkönen, ce qui permettait à Vettel de faire bande à part.
Bien sûr, sans la sortie de la voiture de sécurité virtuelle, ce coup de dés de Ferrari n'aurait servi à rien. Sauf que Ferrari savait que la probabilité de voir une voiture de sécurité était grande sur le circuit d'Albert Park et que c'était la seule carte qu'elle avait dans son jeu. On a parié, et cette fois, le hasard était du bon côté.
Sauf que ce genre de pari ne fonctionnera pas chaque fois, bien au contraire. C'est pourquoi l'écurie italienne doit absolument réduire l'écart avec Mercedes. Même Vettel l'a reconnu après sa victoire, lors des communications radio avec son équipe : « Il y a encore du travail à faire ».
Un mélange d'émotions chez Mercedes
Les visages étaient longs chez Mercedes après la course en Australie. Lewis Hamilton et le patron de l'écurie, Toto Wolff, étaient sous le choc d'avoir échappé la victoire. On peut les comprendre, surtout que chez Mercedes, on était certain que même avec l'intervention de la voiture de sécurité, Hamilton allait demeurer premier. On a appris plus tard que des erreurs dans les logiciels de calculs de Mercedes ont peut-être bien coûté la victoire au Britannique.
Ça, c'est sans parler de la performance bien peu inspirée de Valtteri Bottas. Une gaffe en qualifications est venue gâcher sa fin de semaine. En envoyant la voiture dans le mur, le Finlandais s'est qualifié 10e, en plus d'endommager sa boîte de vitesse, le faisant écoper d'une pénalité de cinq places. Sur un circuit qui ne privilégie pas les dépassements, c'était se placer en position très difficile.
Pas de quoi se réjouir, donc, pour l'écurie allemande. Et pourtant. Si une équipe peut arriver au circuit de Sakhir avec le sourire, c'est bien Mercedes. Les flèches d'argent ont prouvé hors de tout doute qu'elles étaient loin devant leurs rivales. On savait que ce serait l'équipe à battre, mais franchement, on croyait que Ferrari et Red Bull seraient beaucoup plus près.
Maintenant, pour Mercedes, il faudra simplement s'assurer de ne plus échapper des courses alors qu'on dominait... et ça ne devrait pas être un problème.
Haas est-elle vraiment la « meilleure des autres »?
Parlant de mélanges d'émotions, les pilotes de l'écurie Haas ont vécu toute une montagne russe! Alors qu'ils roulaient en 4e et 5e positions, Kevin Magnussen et Romain Grosjean ont tous les deux dû abandonner en raison de roues mal fixées lors des arrêts aux puits. Crève-cœur, vous dites? Et comment! Haas se dirigeait vers le meilleur résultat de son histoire!
Par contre, il y a beaucoup de positif à retirer de cette course pour l'équipe américaine. Je croyais voir Haas derrière McLaren, Renault, et peut-être même Force India au classement, mais en Australie, elle était bien devant ces rivaux, en qualifications et en course. Même que Magnussen s'est payé un dépassement sur Max Verstappen au départ et il défendait très bien sa position avant d'abandonner.
Une course ne fait pas une saison, mais ce sera intéressant de voir si Haas pourra maintenir ce rythme et vraiment prétendre au 4e rang au classement des constructeurs. Lors des deux premières saisons de l'écurie, Haas a toujours perdu du rythme en cours d'année. En 2016, Grosjean avait terminé dans les points quatre fois lors des 10 premiers Grands Prix, puis seulement une fois lors des 11 suivants. Même chose l'an dernier, alors que les pilotes Haas ont terminé huit fois dans les points en première moitié de saison, puis cinq fois en deuxième moitié. Un bon développement en cours de saison sera donc crucial.
Peu d'éclaircies à l'horizon pour Williams
Dans ma première chronique, je vous disais qu'il était difficile d'être optimiste chez Williams. Je ne demandais qu'à être surpris, mais franchement, c'est encore plus difficile de voir l'avenir d'un bon œil après la première course. Après l'épreuve, Stroll a estimé que ce qu'il avait fait, ce n'était pas une course, mais qu'il n'avait fait que survivre. Des problèmes de surchauffe du moteur étaient au centre des ennuis du Canadien, qui a terminé 14e.
Pourtant, individuellement, Stroll a connu une bonne fin de semaine. L’un des objectifs pour lui cette saison est de s'améliorer en qualifications. Il a réussi un très bon tour en fin de Q1 pour accéder à la ronde suivante et se qualifier loin devant son coéquipier. Oui, il est sorti de piste en Q2 sur son deuxième tour, mais il avait déjà tiré le maximum de ce que la voiture pouvait lui offrir. C'est pourquoi il devait tenter un tour au-dessus de la limite. Il n'y avait plus rien à perdre.
En course, il a fait le mieux qu'il pouvait faire malgré les ennuis de moteur, c'est-à-dire rallier l'arrivée. Non, une 14e place n'est pas un grand résultat, mais il n'y avait rien de mieux à faire.
Beaucoup de développement devra être fait chez Williams pour pouvoir lutter pour les points. La saison est longue, mais à court terme, il y a peu d'éclaircies à l'horizon. Voyons voir comment ça se passera pour Stroll et Sergey Sirotkin dans le désert de Bahreïn.
Vous pourrez d'ailleurs suivre la deuxième épreuve de la saison sur les ondes de RDS. La séance de qualifications sera diffusée à 10 h 45 samedi, puis on vous donne rendez-vous pour la course ce dimanche, à 10 h 30 avec la présentation de l'avant-course.
De plus, n'hésitez pas à venir discuter de sports automobiles avec moi sur mon compte twitter : @larue_olivier