Depuis son arrivée en Formule 1, on doit l’avouer, Lance Stroll ne laisse personne indifférent et ses performances sont souvent jugées dans l’absolu par les amateurs. Soit il est excellent, soit il ne mérite pas sa place en Formule 1.

La mauvaise séquence qu’il traverse présentement ne fait bien sûr pas exception, bien au contraire. Voilà maintenant cinq Grands Prix qu’il n’a pas inscrit de points et cela fait jaser sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les paddocks. Le site de la Formule 1 a d’ailleurs inscrit le nom de Lance Stroll dans sa liste de dossiers qui font jaser à l’approche du Grand Prix de Turquie.

 

C’est vrai que cette séquence fait mal au pilote de 22 ans, surtout qu’elle survient après un excellent début de saison. Après le Grand Prix de Monza, les statistiques de Stroll étaient impressionnantes. Il avait terminé sept fois de suite dans les points, réussissant trois top-5 au cours de cette séquence. Il venait alors tout juste de récolter son tout premier podium avec l’écurie de son père. Et surtout, il se trouvait au 4e rang du classement des pilotes derrière les trois ténors que sont Lewis Hamilton, Valtteri Bottas et Max Verstappen.

 

Une semaine plus tard, nous sommes toujours en Italie, sur le circuit de Mugello cette fois. Et la belle saison de Stroll semblait vouloir se poursuivre. Le samedi, il se qualifie 7e, mais prend finalement le départ de la 6e après une pénalité à son coéquipier Sergio Perez.

 

En course, les choses regardent bien, mais au 43e tour, alors qu’il est 4e, Stroll est victime d’une crevaison qui l’envoie violemment dans le mur. L’impact, brutal, force la Formule 1 à déployer le drapeau rouge.

 

C’est le point tournant de la saison de Stroll.

 

On se dirige maintenant vers la Russie. Après une séance de qualification plus difficile, Stroll prend le départ de la 12e place, loin derrière Sergio Perez, qui s’élance de la 4e place. Pourtant, quelques virages seulement après le départ, Stroll est tout juste derrière son coéquipier... mais il est alors frappé à l’arrière par Charles Leclerc, mettant déjà un terme à l’épreuve. Personne n’est puni pour cet incident, principalement puisqu’il est survenu au premier tour (on est alors plus clément), mais on ne peut pas dire que Stroll n’a pas laissé d’espace au pilote Ferrari et il est frappé à l’arrière. On peut donner la responsabilité à Leclerc pour cet accrochage.

 

Pour résumer le Grand Prix d’Allemagne, pas besoin d’aller bien loin. Se sentant malade, Stroll est remplacé par Nico Hulkenberg. On apprendra par la suite que Stroll était atteint de la COVID-19.

 

Bref, sur ces trois courses, Stroll n’a rien à se reprocher, si ce n’est une qualification moyenne en Russie. Pour le reste, il s’agit principalement de malchance.

 

Ensuite, la Formule 1 prenait la direction de deux nouveaux circuits, au Portugal et à Imola. Pour Stroll, comme pour tous les autres pilotes, le défi est grand d’arriver sur des circuits qu’ils ne connaissent pas. En plus, la préparation de Stroll n’était pas optimale en raison de son isolement pour la COVID-19.

 

Alors voilà, si Stroll n’y pouvait pas grand-chose auparavant, ce n’est pas le cas des deux derniers week-ends de course. Surtout à Portimao, alors qu’il a connu l’une de ses pires fins de semaine de sa carrière. Ça a mal commencé avec un malentendu lors des essais du vendredi avec Max Verstappen. En qualification, il n’atteint pas la Q3. En course, il est responsable d’un accrochage avec Lando Norris alors qu’il tente un dépassement par l’extérieur, ruinant la course des deux pilotes. Il écope d’une pénalité méritée… avant d’en obtenir une autre par la suite pour avoir dépassé les limites du circuit trop souvent.

 

Après la course, Norris n’a d’ailleurs pas été tendre avec Stroll, estimant qu’il « n’apprend jamais de ses erreurs ».

 

Puis, finalement, à Imola, Stroll voit son aileron se briser lorsqu’il touche la Renault d’Esteban Ocon au départ. Sa course était ruinée une fois de plus. Le pilote Racing Point s’est peut-être montré légèrement insistant, il reste que c’était une faute très légère qui peut arriver à n’importe quel pilote lors d’un départ de Grand Prix. Ce n’est pas comme si cela lui arrivait souvent, au contraire, il a la réputation d’être parmi les meilleurs pour ses départs.

 

Ce qui paraît surtout mal, c’est lorsqu’il vient heurter son mécano lors de son arrêt aux puits, arrivant trop rapidement. Ce n’est pas le premier et sûrement pas le dernier à faire cette erreur, mais ça ne paraît jamais bien, il va sans dire.

 

En conférence de presse jeudi, Stroll a d’ailleurs discuté de son passage à vide. « Je ne vais pas mentir, ce n’est pas plaisant, a-t-il indiqué dans des propos rapportés par le site de la F1. C’est frustrant par moment. Ce sport est comme une montagne russe. »

 

« Avec le recul, il y a définitivement des choses que j’aurais pu faire différemment. J’ai fait des erreurs lors de certaines courses qui m’ont coûté des points, mais il y a aussi eu de malheureuses circonstances, comme à Mugello et en Russie », explique-t-il.

 

En fait, c’est ce que j’essaie de démontrer avec cette chronique. Oui, Stroll connaît une mauvaise séquence. Aucun point en cinq Grands Prix alors que ton coéquipier en obtient 48, ça ne ment pas. Bien sûr qu’il semble en manque de confiance et clairement, il n’est pas au niveau du début de saison.

 

Sauf que les choses ne sont pas aussi noires que certains le prétendent. Pour moi, présentement, Stroll a connu deux mauvaises courses. Pas cinq! Et deux mauvaises courses de suite... ça arrive en Formule 1.

 

Des erreurs, ça arrive. George Russell vient de perdre le contrôle de sa voiture sous la voiture de sécurité. On a déjà entendu Charles Leclerc se reprocher d’être stupide à plusieurs reprises. Des séquences comme ça, on peut en trouver pour presque tous les pilotes. Pourtant, rarement on va critiquer autant un pilote, allant souvent jusqu’à remettre en question son avenir et sa place en Formule 1, après deux mauvaises courses… encore moins à 22 ans!

 

Stroll doit-il être meilleur? Absolument! Il a mal paru ces deux dernières fins de semaine? Tout à fait d’accord! Mais il faut parfois être patient. Accepter qu’il progresse, mais qu’il ne réglera pas ses défauts du jour au lendemain. Arrêter de remettre en question sa place en F1 dès qu’une course se passe mal.

 

Maintenant, à lui de rebondir. Il doit retrouver son rythme lors des quatre courses qui restent à la saison. Si ce n’est pas le cas, alors on pourra commencer à parler de ses erreurs et de ses opportunités gâchées. Et s’il parvient à renverser la vapeur… on parlera de cette séquence comme d’un simple passage vide, comme cela arrive bien souvent dans une saison de F1.