Même dans sa version moderne, Silverstone demeure une piste très rapide qui privilégie l’efficacité aérodynamique. Et devinez quelle voiture se démarque dans ce domaine?

Hé bien oui : Red Bull. L’écurie qui domine à Silverstone depuis 2009.

En qualifications : trois positions de tête en quatre Grands Prix. Six fois les pilotes de l’écurie sont partis de la première ligne.

En course : trois victoires en quatre courses. Sur huit podiums possibles, Sebastian Vettel et Mark Webber en comptent sept.

Je sens que vous vous demandez : comment ont-ils pu rater un podium? L’histoire est succulente.

En 2010, Sebastian Vettel s’élance de la position de tête, mais son départ est laborieux. Il tente de bloquer le chemin à son coéquipier Mark Webber (Q2) en le coinçant vers le muret des puits, mais Webber est déjà à sa hauteur et passe en tête dans le premier virage. Vettel tente de reprendre l’avantage et refuse de se ranger derrière Webber alors qu’arrive le rapide virage Copse. Devinez quoi ? Webber prend la trajectoire de course normale et pousse ainsi Vettel hors piste, d’où il revient avec une crevaison. Il n’y avait qu’une Red Bull pour ruiner la course d’une autre Red Bull ! Vettel tombe 24e après un passage aux puits pour changer de pneus mais, grâce à une intervention de la voiture de sécurité qui regroupe le peloton, il va terminer 7e. Quant on sait qu’il a gagné le titre par quatre petits points (256 vs 252 pour Alonso)…

De retour à 2012…

L’efficacité aérodynamique des Red Bull provient d’un inlassable travail de développement aérodynamique, qui débute avec la simulation sur ordinateur puis l’étude en soufflerie, avant de passer aux essais en piste lors des journées du vendredi.

J’aimerais attirer votre attention sur l’aileron avant de la RB9, dans sa dernière version. Puisque RDS n’a pas de dessinateur technique en résidence, je vous présente une photo pour illustrer un aspect extrêmement développé de la RB9.

RB9 aileron avant

La partie extérieure de l’aileron avant comporte pas moins de sept éléments. Sept!

L’air s’infiltre entre ces éléments à une vitesse de trois à quatre fois supérieure à celle de la voiture.

Les ingénieurs ont installé de petites lames entre ces éléments pour empêcher les résidus de gomme de pneus de s’y loger et ainsi obstruer l’écoulement de l’air.

Les aérodynamiciens le disent tous : l’efficacité aérodynamique d’une voiture débute avec l’aileron avant et se termine avec l’extracteur arrière.

Espoir chez Ferrari

Qui a cassé le party des Red Bull à Silverstone au cours des quatre dernières années?

Fernando Alonso! L’Espagnol a obtenu la victoire (2011) et la position de tête (2012) qui manquent au palmarès de Red Bull.

Comment? En profitant des ennuis de Vettel (bris du cric manuel) et de Webber (ennuis de fixation de la roue avant gauche) lors des arrêts aux puits du Grand Prix 2011, pour passer devant les Red Bull.

Puis en étant meilleur sous la pluie en qualifications en 2012.

Ferrari espère revenir à l’avant-scène à Silverstone. Les gens de la Scuderia sont convaincus que la F138 sera plus à l’aise sur ce circuit doté de courbes rapides que sur le tourniquet de Monaco et dans les stop & go de Montréal.

Silverstone se compare aux circuits de Barcelone et Shanghai. Les deux pistes où a triomphé Fernando Alonso cette saison.

Lotus : un grand coup?

Avec une pause de trois semaines entre Montréal et Silverstone, les écuries vont présenter des voitures passablement modifiées en fin de semaine.

Exemple : la Lotus E21, comme l’explique Alan Permane, directeur des opérations piste.

« Nous avons un ensemble carrosserie plus étroit, plus moulant, qui devrait apporter quelque bénéfice, surtout si la météo est assez froide à Silverstone. Il y a un nouvel aileron avant, des profils de suspension et des évolutions de suspensions en plus de diverses évolutions aéros. Le tout devrait marquer notre plus grand pas en avant cette année. C’est bien, évidemment, mais tous nos rivaux vont probablement aussi introduire des évolutions importantes. Nous avons mené deux journées de tests en ligne droite après le Canada, qui ont donné des résultats positifs. Certains fruits de ces essais devraient apparaître à Silverstone. »

Permane confirme la similitude avec la piste du Grand Prix d’Espagne.

« C’est un circuit similaire à Barcelone dans le sens où il met en lumière les faiblesses en appui. Il faut une voiture efficace, avec une bonne quantité d’appui, mais qui reste fluide pour les lignes droites. Il y a deux lignes droites où les vitesses sont supérieures à 300 km/h, donc une traînée trop importante coûtera cher. Il y a des courbes très rapides, en particulier dans le premier secteur. Le nouveau tracé a apporté des virages plus techniques, mais dans l’ensemble, il est toujours considéré comme un circuit rapide. Il faut régler la voiture en aérodynamique afin qu’elle soit la plus rapide possible dans les courbes à moyenne et haute vitesse et sur les lignes droites. Le circuit est aussi très venteux et exposé aux rafales, ce qui, ajouté à la météo imprévisible, rend parfois la définition des réglages compliquée. Le vent peut vous amener à un appui sur l’aileron avant en dessous du niveau optimal pour que la voiture reste constante. »

Par ailleurs, Permane n’est pas du tout content des désignations de pneus de Pirelli pour les trois prochaines courses.

« Elles paraissent bien conservatrices et à l’opposé de l’approche supposée pour 2013. Chaque composé – super tendre, tendre, médium et dur – a été défini de manière plus tendre afin de présenter une nouvelle difficulté aux équipes, ce que nous avons constaté sur certaines courses cette saison. Ce travail est anéanti si vous désignez des gommes plus dures pour les courses, comme c’est le cas pour les trois prochaines. C’est pour le moins inhabituel de prendre les mêmes pneus pour la Hongrie, pour Bahreïn et pour Silverstone. La situation est la même que l’an dernier, en deuxième partie de saison, lorsque les gommes les plus dures ont été choisies et que nous avons assisté à des courses à un seul arrêt. Évidemment, certaines équipes sont favorables à des pneus plus résistants, que ce soit dans les désignations ou par un changement de construction. À l’inverse, nous sommes résolument dans le camp de ceux pour qui les désignations de pneus doivent rester telles qu’elles étaient définies avant le début de la saison et non pas modifiées en milieu d’année. »

Kimi Räikkönen est un autre pilote qui, à l’instar de Fernando Alonso, doit rapidement se remettre en selle pour la course au titre.

Le Finlandais avait hâte de quitter Montréal pour rouler sur des pistes plus « classiques », plus propices aux qualités de sa voiture.

Mais la question demeure : la Ferrari et la Lotus seront-elles en mesure de mettre fin à l’hégémonie de Red Bull à Silverstone?