Non pas la dernière chance d’être champion du monde. Pour cela, il faut remonter à 2010 alors que l’Australien a eu sa seule occasion d’être couronné.

Mais il a tout gâché en fin de saison alors qu’il menait le classement. Une sortie de piste en Corée (au 19e des 55 tours de course, en tentant de suivre le rythme de son coéquipier Sebastian Vettel chez Red Bull) et une course anonyme à Abou Dhabi ont ruiné ses chances.

Non, plutôt une dernière chance de montrer son talent (avant de partir?), ainsi qu’une dernière chance de contrarier son coéquipier et ennemi Sebastian Vettel.

Oui, un ennemi, comme il doit le voir et le traiter, selon l’ancien champion du monde (et son compatriote) Alan Jones. Ennemi bien sûr depuis les événements de Malaisie (Vettel ne respecte pas les consignes d’équipe et dépasse Webber).

Alan Jones sait de quoi il parle, car il a déjà connu une telle mésaventure avec son coéquipier Carlos Reutemann, qui a refusé d’obtempérer à des consignes de l’écurie Williams au GP du Brésil 1981. Lorsque, repentant, Reutemann a par la suite offert à Jones d’enterre la hache de guerre, ce dernier a répondu : « OK, mais dans ton dos » ! Bonjour l’ambiance dans l’équipe.

Depuis le GP de Malaisie, les circonstances ont fait que Webber n’a pas pu se faire justice sur la piste comme il l’aurait souhaité.

Chine : sa Red Bull tombe en panne sèche lors des qualifications et il est officiellement exclu (en fait rejeté en fond de grille). Parti de la ligne des puits, il s’accroche avec Jean-Éric Vergne puis perd une roue à la suite d’un arrêt aux puits.

Bahrein : le pilote de 36 ans réalise une performance correcte en qualif (5e), mais aggravée par une pénalité de recul de 3 places sur la grille en raison de son incident avec Vergne sept jours plus tôt. Il passe sa course coincé dans la circulation et est victime d’une forte usure de ses pneus, ce qui lui fait perdre deux places dans le dernier tour qu’il termine en 7e place.

Du succès

Alors pourquoi Webber aurait-il maintenant une chance de s’imposer face à Vettel?

Parce que les deux prochaines courses qu’il va disputer lui ont souvent souri.

Sur la piste de Barcelone en Espagne, Webber a déjà signé deux positions de tête (2010, 2011) et une victoire (2010). Il compte aussi une 3e place en 2009 et une belle 2e place sur la grille de départ de l’épreuve de 2005 alors qu’il était chez Williams.

Dans les rues de Monte-Carlo, là où le pilotage compte plus qu’ailleurs, Webber présente un beau palmarès. Une position de tête (2010) et deux victoires (2010, 2012). Il a aussi réussi quelques beaux exploits au volant d’une modeste Williams : 3e au départ et à l’arrivée en 2005, 2e sur la grille de départ et en course avant un abandon sur bris mécanique en 2006.

Voilà donc l’occasion idéale pour Webber de venir brouiller les cartes, et de remonter vers le peloton de tête au classement. L’Australien est actuellement 5e, mais à seulement 12 points de la 4e place (Alonso) et 18 points de la 3e place (Hamilton). Avec 15 courses à disputer.

Mais on peut se demander quel Mark Webber va se présenter en fin de semaine.

Un pilote qui refuse de se laisser abattre, combatif, prêt à lutter contre le monde entier incluant sa propre écurie. Un revanchard prêt à crier à l’écurie Red Bull : « not bad for a number 2 driver ».

Ou un pilote qui a plié les genoux à la suite du coup de la Malaisie, épuisé de se battre contre le monde entier incluant sa propre écurie? Un pilote s’apprêtant à quitter la F1 en fin de saison, pour rouler sur Porsche en sport-prototypes l’an prochain?

Si cela devait être le cas, le sport perdrait un vrai de vrai. Un pilote parti de rien et arrivé à neuf victoires en F1. Neuf victoires que personne lui a données…

Horner vs Marko

Autre guerre intestine chez Red Bull : l’Anglais Christian Horner vs l’Autrichien Helmut Marko.

Horner est le patron de l’écurie. Marko est le conseiller en sports motorisés de l’empire Red Bull, se rapportant directement au propriétaire fondateur de la marque, le milliardaire autrichien Dietrich Mateschitz.

Horner a récemment rappelé, dans les médias, le rôle de Marko : celui de conseiller.

Ce dernier se vante plutôt d’être un directeur de Red Bull Racing, au même titre que Horner et Mateschitz. « Tout ce qui se passe dans l’écurie m’est rapporté et, au besoin, j’en parle avec le propriétaire (Mateschitz), donc c’est moi qui prend la décision finale. »

Ajoutez au mix que Marko considère Vettel comme son poulain et que Horner est copropriétaire d’une équipe de course (MW Arden en GP3) avec Webber… Un peu comme la Guerre des clans version F1.

Pirelli : peu de changements

Pirelli a effectué son debriefing à la suite des quatre premiers Grands Prix. En se basant sur le fait que 8 des 11 écuries lui avaient demandé de ne rien changer, le manufacturier italien a finalement procédé à un seul changement mineur, sur la gomme dure.

Sa plage d’utilisation a été abaissée de 110-135 à 100-135 degrés centigrade. Pour Pirelli, il s’agissait de s’assurer que ce pneu allait mieux fonctionner à des températures plus fraîches.

Cette nouvelle gomme fera son apparition dès le GP d’Espagne, en compagnie de la gomme médium. La piste catalane requiert des pneus résistants, en raison de ses grandes courbes rapides et de sa surface relativement abrasive.

(*) Alan Jones sera commissaire sportif en fin de semaine au GP d’Espagne. Il serait intéressant de le voir porter un jugement dans une décision impliquant les deux pilotes Red Bull ! Le Canadien Roger Peart, qui a dessiné le circuit Gilles-Villeneuve de l’Île Notre-Dame, sera aussi commissaire sportif.