SAO PAULO (AFP) - Kimi Raikkonen (McLaren-Mercedes) est sorti vainqueur d'un Grand Prix du Brésil de Formule 1 qui restera dans les mémoires comme une course de folie, dangereuse, angoissante, chaotique, dimanche sur le circuit d'Interlagos à Sao Paulo.

Sur le podium d'ailleurs, une place vide: la troisième. Celle que le jeune espagnol Fernando Alonso (Renault) aurait dû occuper aux côtés de Raikkonen et de son dauphin, l'Italien Giancarlo Fisichella (Jordan-Ford).

Un déluge matinal, puis une violente averse quelques minutes avant le départ: tout était réuni pour transformer cette troisième épreuve de la saison en une succession de pièges, de dangers. Et ce qui devait arriver, arriva.

Succession de sorties de piste, même Michael Schumacher (Ferrari) se faisant surpendre (27e tour), nombreuses interventions de la voiture de sécurité après un départ neutralisé, le dénouement redouté intervenait au 55e tour dans un double accident spectaculaire.

C'était tout d'abord la Jaguar de l'Australien Mark Webber qui sortait de piste, partait dans le mur bordant la piste, la monoplace se désintègrant littéralement. Drapeaux jaunes ou pas ? Alonso arrivait à pleine vitesse, roulait sur les débris, partait à son tour dans le mur.

L'Espagnol, souffrant du genou gauche, était alors conduit sur une civière vers le centre médical du circuit, puis en hélicoptère à l'hopital. Les nouvelles se voulaient rassurantes.

"Dame chance"

Le Grand Prix du Brésil avait échappé au pire. Sans doute en partie grâce à "Dame chance". C'était en effet un miracle que personne n'ait été blessé dans la succession de sorties de piste du virage "3", la "Curva de sol", cinq voitures, les deux Minardi, la Williams de Montoya, la BAR de Button ou la Ferrari de Michael Schumacher, s'immmobilisant au même endroit.

Comme le chaos de l'arrivée aurait pu être dramatique! Alors, les déceptions de Rubens Barrichello (Ferrari) et Giancarlo Fisichella (Jordan-Ford) paraissaient bien douces au regard des angoisses vécues.

"Rubinho" avait fait naître un formidable espoir sur le circuit d'Interlagos. Le rêve de voir un Brésilien s'imposer avait même commencé à poindre dans l'assistance, quand Barrichello s'était porté en tête après un dépassement sur David Coulthard (45e tour).

Mais, deux tours plus tard, le coup de massue. La Ferrari ralentissait puis s'immobilisait. Un Brésilien ne gagnerait pas encore cette année à Interlagos. Pas plus qu'un Italien ne grimperait sur la plus haute marche du podium.

Pas le coeur à la fête

Pourtant, quand la course était arrêtée (55e tour), Fisichella occupait la tête depuis un tour. Et, tandis que la Jordan prenait feu à son arrivée au parc fermé, "Fisico" sautait de joie, embrassait les membres de équipe.

Eddie Jordan, le patron, contenait toutefois sa joie. L'Irlandais venait d'apprendre, sur son portable, la décision de la direction de course. L'épreuve arrêtée au 55e tour, c'était donc le classement du 53e qui était pris en compte. A ce moment là, Raikkonen était en tête devant Fisichella, Alonso, Coulthard, Frentzen (Sauber) et Villeneuve (BAR-Honda).

Avec un second succès consécutif, Raikkonen prenait ses distances au Championnat du monde, devant Coulthard, Alonso et Trulli. Et McLaren-Mercedes, victorieuse des trois premiers Grands Prix, creusait l'écart sur Renault chez les constructeurs. Dimanche soir cependant, personne n'avait le coeur à faire la fête. Surtout chez Renault au moment où Alonso subissait un examen à l'hopital.

Quant à Ferrari, l'heure était à la grimace. Michael Schumacher n'avait pas abandonné depuis juillet 2001 et le Grand Prix d'Allemagne. Quant à la Scuderia, c'était la première fois qu'aucune de ses voitures ne ralliait l'arrivée depuis le 26 septembre... 1999 au Nurburgring.