LE MANS (AP) - Audi a ouvert une nouvelle page de l'histoire de la compétition automobile en remportant dimanche la 74e présentation des 24 Heures du Mans avec une voiture équipée d'un moteur diesel. C'est l'équipage Werner-Pirro-Biela qui s'est imposé au volant de l'Audi R 10 No8, devant la Pescarolo Judd C-60 du trio français Montagny-Hélary-Loeb.

C'est la sixième victoire au Mans de l'écurie allemande - la troisième consécutive - et le quatrième succès pour l'Italien Emanuele Pirro et l'Allemand Franck Biela qui ont remporté l'épreuve de 2000 à 2002 en compagnie de Tom Kristensen.

Le Danois, détenteur du record avec sept victoires sur le circuit de la Sarthe, a terminé troisième dimanche au volant de la seconde Audi R10 diesel, à 13 tours du vainqueur.

"C'était le jour d'Audi, le jour du diesel!, s'est exclamé Emanuele Pirro à l'issue de la course. J'ai pensé à tous les membres de l'écurie qui ont travaillé sur ce projet exceptionnel. Ils étaient tous avec moi dans la voiture".

Partie en deuxième position sur la grille de départ derrière l'autre Audi, la R10 de Biela-Pirro-Werner a fait la course en tête, ne perdant sa première place que brièvement lors du 14e tour. Au total, elle a parcouru 380 tours complets du circuit sarthois, long de 13,65 km. Elle a également pu compter sur une équipe performante, qui a notamment réussi à réparer sa transmission en moins de 10 minutes dimanche.

L'équipage de la Pescarolo C-60 Judd No17 composé de Franck Montagny, Eric Hélary et Sébastien Loeb a fini à quatre tours des vainqueurs. Loeb a déjà fait mieux que l'année dernière, où il avait été contraint à l'abandon malgré une course intéressante.

"Je pense que finir entre deux voitures d'usine, pour une petite écurie comme Pescarolo, est un bon résultat, a estimé le double champion du monde en titre des rallyes lors de la conférence de presse. Il n'y a pas de regrets à avoir".

Henri Pescarolo semblait pourtant en nourrir quelques-uns et a appelé de ses voeux une modification du règlement concernant les moteurs diesel pour la prochaine édition, à laquelle devrait participer une Peugeot 908 diesel.

"On ne peut pas aller les chercher", a-t-il déclaré à l'Associated Press, soulignant les meilleures performances et la plus faible consommation des moteurs diesel. L'Audi victorieuse s'est ainsi arrêtée 27 fois aux puits, contre 32 pour la Pescarolo deuxième.

"Quand Renault a introduit son turbo, il a fallu des équivalences", a-t-il souligné, proposant par exemple de jouer sur les brides d'admission, qui contrôlent la puissance du moteur. "Moi, si je retire mes brides, j'ai 800 chevaux", au lieu de 640 aujourd'hui. "Et là, je tourne autour des Audi".

L'autre Pescarolo C-60 Judd, pilotée par l'équipage Collard-Comas-Minassian, a terminé à la cinquième place, à 28 tours de l'Audi No 8. Deuxième au début de la course, elle a été immobilisée plus d'une heure en raison de problèmes électroniques.

L'Audi No 7 de Kristensen a également perdu du temps aux puits à deux reprises, après être pourtant partie en première position de la grille de départ. Elle n'a jamais réussi à revenir sur les deux voitures de tête, malgré le meilleur tour en course réalisé par Kristensen (3:32,691) samedi soir.

"C'est l'esprit du Mans", a déclaré le Danois, qui devra attendre avant de décrocher un éventuel huitième succès au Mans. Troisième en 2006, "ça veut peut-être dire 'retour à la réalité'?".

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