Longtemps, comme à l’époque de la Grèce antique, on a considéré qu’il valait mieux ne pas mêler sexualité et sport… et même encore aujourd’hui. En effet, une grande majorité de sportifs croient que l’abstinence sexuelle contribuera à améliorer leurs résultats. Qu’en est-il vraiment ?

 

Les réactions physiologiques

Une étude du Centre cardiovasculaire et des policliniques médicales des hôpitaux universitaires de Genève, en Suisse, effectuée sur ergomètre avec 15 hommes, mentionne que, pour un effort maximal quantifié en watts, il n’y pas de différence significative sur le VO2max, la fréquence cardiaque maximale, la tension artérielle et la capacité de concentration qu’il y ait eu ou non relation sexuelle avant les tests. Le niveau de testostérone était même plus élevé d’environ 9 % entre deux et dix heures après la relation sexuelle.

Plus près de chez nous, le médecin sportif Ian Shrier, de l’hôpital général Juif de Montréal, a affirmé en 2009 au quotidien torontois The Globe and Mail qu’avoir une relation sexuelle avant une compétition ne change rien à la performance de l’athlète. « Ça ne fatigue d’aucune façon. Si on teste la force ou l’endurance [de l’athlète] le lendemain de la relation sexuelle, il n’y aura aucune différence [significative]. »

 

L’abstinence et l’agressivité

En ce qui a trait à l’abstinence sexuelle ayant pour but d’augmenter l’agressivité, elle serait surtout évoquée dans les sports de combat ou de contact. Plusieurs hormones peuvent avoir des effets avant, pendant et après la relation sexuelle : la testostérone a un effet sur le désir sexuel, la dopamine sur la recherche du plaisir, l’ocytocine sur la capacité à se détendre et la prolactine sur la sensation de relâchement et de bien-être après l’orgasme. Comme dans le sperme on ne trouve que des traces de testostérone, ce sont plutôt les effets relaxants dus à une augmentation transitoire de l’ocytocine et de la prolactine dans les heures suivant une relation sexuelle qui affecteraient davantage le niveau d’agressivité, et non cette pseudo-ponction de testostérone à l’éjaculation.

 

Le niveau d’activation en compétition

Les mêmes conclusions seraient applicables en ce qui concerne l’activation nécessaire en compétition – niveau d’excitation physique et mental d’un individu face aux exigences de la tâche à accomplir, niveau qui sera influencé par l’état d’agressivité ou de détente de l’individu. Le niveau d’activation nécessaire varie d’une discipline sportive à une autre : l’activation du sprinter de 100 m est très différente de celle du marathonien. Il fluctue aussi selon la personnalité des individus ; en effet, une personne très flegmatique aura possiblement besoin d’être stimulée et celle qui est très agitée, de se calmer. Compte tenu de l’effet relaxant pouvant persister plusieurs heures après les ébats et des réactions propres à chacun, un choix s’impose en fonction du défi à surmonter.

 

                                                                   Aussi à lire : L'effet du cannabis sur les performances sportives

 

La dépense énergétique

On pense souvent que l’acte sexuel occasionne une grande dépense énergétique et provoque ainsi une fatigue physique. C’est un mythe. On ne doit pas confondre l’énergie déployée avec l’intensité émotive du moment. Selon une étude récente réalisée par l’étudiante en kinésiologie Julie Frappier, de l’UQAM, la dépense énergétique d’une relation sexuelle représente 3,9 kcal/min, tandis qu’un entraînement de course en mode continu lent se situe à 8,5 kcal/min. Ainsi,Sex2 des ébats amoureux torrides d’une durée de 30 min entraîneraient une dépense énergétique de près de 120 kcal, l’équivalent de moins de 15 min de course ; en outre, habituellement, les ébats sont de plus courte durée. Il n’y a dès lors pas de quoi penser qu’on s’épuisera à la tâche. En réalité, la fatigue et une contre-performance seraient plutôt attribuables au fait de passer la nuit, sans dormir, à rechercher un partenaire ou à avoir des relations sexuelles.

 

Être en santé, c’est…

Avoir des activités sexuelles régulières et saines tout au cours de la vie. Certaines études le confirment, cette bonne habitude aide à augmenter l’espérance de vie, à prévenir les cancers du sein et surtout de la prostate. Au quotidien, elle favorisera une qualité du sommeil supérieure et une plus grande tolérance au stress. Donc, pour une meilleure hygiène de vie, tous à vos lits !

 

Truc du coach 

La course à pied, un aphrodisiaque ? Courir, comme toute activité physique pratiquée à une intensité soutenue, augmente la température corporelle. Ce phénomène peut perdurer plusieurs heures après la séance. La chaleur ainsi obtenue, cumulée à la sensation de bien-être post-entraînement, stimulerait la libido et disposerait davantage à l’acte sexuel.

 

Questions et réponses

Y a-t-il une différence entre les sensations ressenties par les hommes et par les femmes à la suite d’une relation sexuelle la veille d’une compétition ?

Certaines coureuses considèrent qu’elles performent mieux après un orgasme. Elles mentionnent qu’une relation sexuelle réussie diminue le stress et apporte une certaine sérénité.

Les hommes évoquent que, le lendemain d’une relation sexuelle, ils sont plus détendus et qu’ils ont une plus grande facilité à se concentrer. Certains soulignent une capacité accrue à résister à la détresse physique et psychologique.

Voici donc, pour tous, une façon intéressante de se calmer la veille d’une compétition et de peut-être mieux performer. Bien sûr, il faut cependant que les circonstances se prêtent à cette activité qui doit être accomplie dans un climat serein.

 

La libido peut-elle être affectée par l’entraînement à la course à pied ?

Selon certaines études, un programme d’entraînement en course à pied ferait augmenter la libido et la fréquence hebdomadaire des rapports sexuels. La pratique régulière d’activités physiques facilite la gestion du stress et la capacité à se détendre, ce qui aurait une incidence positive sur la vie sexuelle. Jusqu’où ce phénomène se maintient-il ? Il dépend en fait du niveau d’adaptation physique obtenu par l’entraînement et du niveau de fatigue encouru par le volume de course. Tout en prenant en considération cette nuance importante, mentionnons une étude de l’Université de l’Alberta, citée par Sport et vie, qui rapporte une baisse de la libido d’hommes qui couraient en moyenne plus de 60 km par semaine. Cette diminution, conséquente au volume élevé d’entraînement, serait attribuable à une réduction de la production de testostérone, hormone responsable du désir sexuel.

 

Auteur : Richard Chouinard, coauteur du livre Le guide d’entrainement et de nutrition publié par KMag

 

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