C’était samedi le 18 septembre dernier, tout juste après l’heure de fermeture de la première phase de compétition des Jeux CrossFit 2020. Je reçois un appel de Benjamin Hébert, qui a été attitré comme juge officiel à Jeffrey Adler pour cette phase de qualification.

“Greg, les gens de CrossFit Wonderland se réunissent pour regarder l’émission en direct pour révéler les finalistes. Veux-tu qu’on se joigne à eux?”

 

Comment refuser une telle invitation?

 

Une fois sur place - à la Microbrasserie 4 Origines de Pointe-St-Charles - je m’empresse de recueillir les commentaires du jeune Jeff sur son weekend.
 

“Je ne suis vraiment pas content et j’ai encore beaucoup de travail à faire. Des erreurs couteuses sur la première épreuve et sur mon “handstand hold” m’ont certainement fait perdre des gros points et éliminé du top 5. C’est correct, j’ai donné ce que j’avais.” m’a-t-il confié, 45 minutes avant le dévoilement des résultats.

Je m’asseois donc un peu en retrait et commence la rédaction de mon article. Pour être honnête, j’ai même inscrit qu’aucun canadien ne se rendrait à Aromas, triste journée pour notre pays.

Puis, les résultats commencent à sortir.
Sur la dernière épreuve, Adler aura devancé - et de loin - ses plus proches pousuivants, l’américaim Chandler Smith et l’islandais Bjrokvin Karl Gudmundsson.

Suspense total sur les résultats finaux.
Jeff qui n’y croyait plus est accompagné de sa partenaire d’affaires, de vie et d’entraînement Caroline Lambray. Les deux ont les yeux rivés à l’écran géant.
Sa jambe droite commence à trembler.

Puis la révélation arrive: par 2 minuscules points, Adler aura réussi son pari - maintenant qualifié pour le #FinalFive sur le ranch personnel de Dave Castro.

 

C’est l’explosion de joie, et de toute la gamme des émotions.



Un mois chargé

 

Samedi prochain le 17 octobre, il s’envolera donc vers la Californie. Il sera d’ailleurs le seul athlète des 5 hommes et 5 femmes à voler de l’extérieur des États-Unis.

 

À la suite de cette annonce surprise, les deux partenaires auront pris 4 longues journées de repos qui étaient dues suite à cette interminable saison.

 

“Ça a été vraiment bénéfique mentalement, mais dès que j’ai recommencé l’entraînement, les petits bobos sont revenus. J’ai hâte de compétitionner, mais aussi hâte que cette saison finisse enfin!” dit-il en riant.

 

Gudmundsson, Patrick Vellner, Jonne Koski, toutes des stars qui étaient préssentis pour se rendre en Californie, l’auront chaudement félicité. Même le quadruple champion du monde a envoyé un mot de respect à la suite d’un vidéo sur Instagram où il a été filmé poussant un “Adler made it?!” très surpris.

 

Il aurait plusieurs raisons de douter si sa place est légitime ou non puisque la première phase se passait en ligne. Il y aura toujours des détracteurs malgré tout. Mais au contraire, la nouvelle coqueluche canadienne sait qu’il a sa place dans ce top-5, et a bien raison de faire sentir sa présence dans la partie finale de la compétition. Le but: améliorer sa position actuelle.

La bonne nouvelle? Sa plus grosse faiblesse est sortie justement lors de cette première phase, lorsqu’on lui a demandé de se tenir en équilibre sur les mains le plus longtemps possible.

 

“Je m’entraîne souvent seul, alors je pense constamment à ce que Pat Vellner, Gudmundsson ou Brent Fikowski feraient à côté de moi. Bien que je les ai battus cette fois-ci, dans ma tête, ces gars-là méritent beaucoup de respect, et j’ai encore du chemin à faire pour considérer que je suis en avant d’eux dans ma carrière.” dit-il humblement.

 

De son côté, son entraîneure Caroline Lambray, avait une philosophie différente de la majorité de ses compatriotes du milieu.

“Mon objectif est que Jeff soit le meilleur. Pas devenir le meilleur pour une compétition spécifique. En compétition, on voit quelles sont ses faiblesses, et on ajuste la programmation à la suite de ces constats. Oui, la saison a été longue, mais il n’a pas eu à vivre une hausse et une baisse de volume plusieurs fois dans sa préparation. Il sera prêt pour Aromas.”

On travaille donc sur sa vitesse d’exécution, la réduction des temps de repos, et donc du travail constant chaque année. C’est ce qui fait qu’il s’améliore d’année en année.

Quel athlète continue d’appliquer cette recette depuis plusieurs années?
Un certain Mathew Fraser.



Une humilité hors-pair

 

Jeffrey aura été tellement surpris de cette annonce, qu’il n’a pas été en mesure de sourire ou de réagir pendant une bonne trentaine de minutes. Même derrière son masque, on pouvait constater sa stupeur. Puis, lors d’une discussion avec Benjamin et moi, il y est allé d’une puissante confidence sur ce que cette qualification représentait pour lui.
“ Après toutes ces années de travail, je suis vraiment content de vivre ça. Mais je suis surtout content de faire vivre ces émotions aux gens qui sont avec moi depuis tout ce temps.”

 

Humble, vous dites?

 

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