En présence d’une blessure, les gens se questionnent souvent s’ils devraient appliquer de la chaleur ou de la glace. Ce sont des modalités facilement accessibles et peu coûteuses, qui peuvent être pratiques.

C’est un sujet qui semble simple à première vue, mais il y a plein de controverses dans la littérature scientifique. Beaucoup de professionnels ne s’entendent pas sur le sujet!

Je vous propose un quiz pour démystifier les mythes par rapport au chaud/froid.

Allons-y…. ! Vrai ou Faux?

1. Juste après une blessure aiguë, il est recommandé de mettre de la glace au moins les 3 premiers jours.

Vrai!  Nous recommandons l’application de vrais glaçons dans une serviette humide directement sur la peau. On peut appliquer la glace à chaque heure par la suite, jusqu’à 5-6 fois maximum par jour. Les gel packs et les ice packs sont à éviter car ils peuvent endommager la peau.

Par la suite, si la blessure est plus grave et fait toujours mal, et qu’elle est encore chaude et enflée, on peut continuer la glace 20 minutes 3 fois par jour. La phase aiguë peut facilement durer 10 à 14 jours.

L’application de la chaleur n’est pas scientifiquement appuyée. Il n’est pas recommandé de mettre de la chaleur sur de l’inflammation. Par exemple, dans le cas d’une entorse de la cheville aigüe (qui vient de survenir), nous recommandons d’appliquer de la glace plutôt que de la chaleur. Nous traitons beaucoup de patients qui souffrent de douleur au cou et au dos (par exemple une hernie discale) et l’application de la glace est souvent très utile pour calmer la douleur. En clinique, certains patients nous témoignent d’une augmentation de leur douleur suite à une exposition prolongée de chaleur (exemple au spa).

2. Mythe ou réalité? Il est possible d’être allergique à la glace.

Vrai! Certaines personnes, les femmes deux fois plus que les hommes, peuvent développer une réaction d’urticaire suite à l’exposition au froid (rougeur et plaques au niveau de la peau). Il faut éviter la glace, voir un médecin, car certaines personnes peuvent réagir très fortement.

3. La chaleur n’a pas d’impact sur le soulagement de la douleur.

Faux! La chaleur peut stimuler certains récepteurs qui favorisent l’inhibition (diminution) de la douleur. La chaleur a un effet analgésique intéressant pour certaines douleurs musculaires, certains maux de dos, de cou et douleurs chroniques. Les bains, douches chaudes les enveloppements chauds et humides sont des exemples d’applications de chaleur.

4. La chaleur favorise la dilatation des tissus en profondeur et aide à augmenter la température interne.

Faux! La chaleur pénètre très peau en profondeur.

5. Lors d’une lésion musculaire, l’application de glace dans les 24 heures peut réduire la douleur mieux que la chaleur.

Vrai !

La glace peut être utilisée pour des blessures aigües comme l'entorse de la cheville, une entorse ligamentaire, des points gâchettes (une partie très tendue d’un muscle), des tendinites, des bursites, pour diminuer l’enflure, suite à une opération orthopédique comme une reconstruction du ligament croisé antérieur ou une arthroscopie de l’épaule, pour les hernies discales et pour les douleurs musculaires après l’entrainement. La glace peut engourdir la douleur et bloquer les influx nerveux de douleur diminuer l’enflure et faire une vasoconstriction des vaisseaux sanguins.

 

Personnellement, j’utilise souvent de la glace dans ma pratique et je la suggère à certains patients. Je l’utilise pour certaines conditions comme une hernie discale cervicale, lorsque la douleur est trop importante, qu’elle empêche le mouvement et limite la qualité du sommeil. Pour des douleurs plus persistantes comme une tendinopathie, il est très rare que j’utilise de la glace car je veux optimiser le processus de la guérison. De plus, je préfère l’utilisation de vraie glace plutôt que les Ice packs et les Gel packs qui sont à risque de brûler la peau.

La chaleur peut augmenter la température de la peau et de l’articulation, augmenter la circulation sanguine superficielle, relâcher le muscle, augmenter le métabolisme du tissu et augmenter la flexibilité. Par contre, il est prouvé que l’exercice peut augmenter davantage la circulation sanguine dans les muscles que l’exercice. Personnellement, j’utilise très rarement de la chaleur dans ma pratique.

En conclusion, la glace et la chaleur peuvent être des alliées lors d’une blessure et en présence de douleur. Je ne recommande jamais de mettre de la chaleur sur une blessure aigüe. Certaines études concluent que la glace n’a pas d’effets positifs et qu’elle peut même nuire ou ralentir la guérison d’une blessure (voir les références 9 et 10). En cas de doute, demandez à votre physiothérapeute ou votre médecin. Il y a beaucoup de variations d’une condition à l’autre et certaines personnes ont des conditions médicales qui rendent la glace et la chaleur contre-indiquées (par exemple les gens avec moins de sensibilité peuvent se brûler). J’invite donc les professionnels de la santé à utiliser leur jugement clinique et à rester ouvert d’esprit, surtout en ce qui concerne ce sujet controversé. N’oublions pas qu’une bonne prise en charge d’une blessure nécessite un plan de traitement adapté. Par exemple, de la glace pourrait aider dans le cas d’une entorse, mais il faut souvent valider qu’il n’y pas de fracture par une radiographie, mobiliser certaines articulations pour gagner de la mobilité, travailler l’équilibre/proprioception, renforcer la cheville, rééduquer le patron de marche (exemple avec des béquilles), etc.

Merci à associé et physiothérapeute Stéphane Fournier pour l’inspiration des questions Quiz. N’hésitez pas à nous écrire et à visiter www.accesphysio.com si vous avez besoin d’information sur une blessure!

Et vous, qu’appliquez vous sur votre peau lors d’une blessure?

 

Références :

  1. Ni SH, Jiang WT, Guo L, Jin YH, Jiang TL, Zhao Y, Zhao J. Cryotherapy on postoperative rehabilitation of joint arthroplasty. Knee Surgery, Sports Traumatology, Arthroscopy. 2015 Nov 1;23(11):3354-61.

 

  1. Galiuto L. The use of cryotherapy in acute sports injuries. Annals of Sports Medicine and Research. 2016;3(2):1060.

 

  1. Hubbard TJ, Denegar CR. Does cryotherapy improve outcomes with soft tissue injury?. Journal of athletic training. 2004 Jul;39(3):278.

 

  1. Brosseau L., Yonge K.A., Welch V. et al., Thermotherapy for treatment of osteoarthritis, the Cochrane library, 2003. 1A

 

  1. William E. Prentice, An Electromyographic Analysis of the Effectiveness of Heat or Cold and Stretching for Inducing Relaxation in Injured Muscle, The journal of orthopaedic and sports physical therapy, 1982. 1B

 

  1. Steven E. Peres, David O. Draper, Kenneth L. Knight, Mark D. Ricard, Pulsed shortwave diathermy and prolonged long-duration stretching increase dorsiflexion range of motion more than identical stretching without diathermy, Journal of Athletic Training, 2003. 2B

 

  1. Swenson C et al. Cryotherapy in sports medicine. Scand J Med Sci Sports. 1996 Aug6(4) 1B

 

  1. Bleakley C.,McDonough S.,MacAuley D., The Use of Ice in the Treatment of Acute Soft-Tissue Injury: A Systematic Review of Randomized Controlled Trials, The American Journal of Sports Medicine; 2004. 1A

 

  1. Vuurberg G, Hoorntje A, Wink LM, van der Doelen BFW, van den Bekerom MP, Dekker R, van Dijk CN, Krips R, Loogman MCM, Ridderikhof ML, Smithuis FF, Stufkens SAS, Verhagen EALM, de Bie RA, Kerkhoffs GMMJ. Diagnosis, treatment and prevention of ankle sprains: update of an evidence-based clinical guideline. Br J Sports Med. 2018 Aug;52(15):956. doi: 10.1136/bjsports-2017-098106. Epub 2018 Mar 7. PMID: 29514819.

 

  1. Tseng CY, Lee JP, Tsai YS, Lee SD, Kao CL, Liu TC, Lai C, Harris MB, Kuo CH. Topical cooling (icing) delays recovery from eccentric exercise-induced muscle damage. J Strength Cond Res. 2013 May;27(5):1354-61. doi: 10.1519/JSC.0b013e318267a22c. PMID: 22820210.