MONTRÉAL – La suite des choses repose entre les mains de Johnny Manziel. C’est à lui de prouver qu’il peut relever le défi qui s’est abattu sur lui à partir de son premier départ – précoce – dans la Ligue canadienne de football.

Plus mature qu’il l’était auparavant, Manziel affirme qu’il est prêt à accomplir cette mission.

« J’ai vécu de telles expériences par le passé et il y a deux manières de réagir : tu peux te laisser affecter par ça et couler ou bien tu encaisses le coup sur le menton comme un homme et tu t’assures que ça ne se reproduise plus », a-t-il raconté avec un ton qui semblait sincère.  

« Je sais que cette soirée va seulement me motiver pour la suite. C’est un test pour ma conviction. J’ai investi trop d’efforts pour laisser les choses aller de cette façon », a poursuivi Manziel qui n’avait jamais subi quatre interceptions dans un match universitaire ou professionnel.

Ce serait quand même absurde de s’attarder à un seul match, son premier de surcroît, pour le juger.

« C’était juste une mauvaise journée et ça arrive au football. Je ne veux plus revivre cette sensation, c’est vraiment moche. Néanmoins, je ne pense pas que ça me définit comme joueur qui arrive dans la LCF. Ce n’est qu’un match. Si on m’avait jugé après un match à Texas A&M, on ne serait pas ici aujourd’hui », a déclaré le quart de 25 ans.

L’entraîneur Mike Sherman a témoigné qu’il avait apprécié les propos tenus par Manziel face à cet obstacle.

« On a eu une conversation vers la fin du match, il m’a dit qu’il a beaucoup appris de cette partie. Il est une personne résiliente. Par le passé, quand il a pu jouer, les choses ont fonctionné plutôt facilement pour lui. C’est un défi qui se présente pour lui, mais il est prêt à le relever. Je suis encouragé par ses commentaires. Il assume ses responsabilités, mais tout le monde a sa part de torts, les entraîneurs également », a relaté Sherman.

Sans surprise, les coéquipiers de Manziel avaient imaginé un dénouement plus intéressant. Cela dit, ils ne vont pas arrêter de se ranger derrière lui aussi rapidement.

« Il n’a absolument rien à reprocher, on a eu de la misère à le protéger, on ne l’a pas aidé pantoute. Il a subi de la pression tout le match, il a eu quelqu’un dans sa face tout le temps et voilà ce que ça donne. Sur deux de ses interceptions, c’est à nous de réussir les jeux », a commenté Patrick Lavoie.  

« C’est sûr qu’il était déçu, on avait eu une bonne semaine d’entraînement. C’est un compétiteur et on l’est tous. Il était fâché, pas après les joueurs, mais bien la situation. »

Lorsqu’on lui a relayé l’information selon laquelle Manziel a, malgré tout, étalé quelques aperçus de son arsenal de mobilité, Lavoie s’est empressé de répondre ainsi.

« J’ai de la misère avec ça, les bons flashs c’est parce qu’il est trop athlétique pour les gars devant lui. Je vais l’accepter trois, quatre, cinq ou six fois par match, mais s’il faut qu’il le fasse à chaque jeu, ça veut dire qu’on ne l’aide pas. S’il le fait à l’occasion après ses lectures, c’est correct. Mais s’il doit danser après sa première lecture, la responsabilité revient sur nos épaules. Il faut avoir un peu de fierté là-dedans », a lancé Lavoie avec conviction.

Quelques minutes plus tard, ce fut au tour du centre Kristian Matte de donner son avis sur ce baptême de Manziel.  

« Si on regarde le moment de son dernier match, il était dans une bonne position, mais pas en même temps, c’est un couteau à double tranchant. Il a beaucoup de talent, on le voit à l’entraînement et il très intelligent, mais on ne l’a pas aidé aujourd’hui et je parle de toute l’équipe. Ce n’est pas la faute d’un ou deux joueurs, c’est collectif », a déterminé le colosse qui est plus que frustré des défaites répétitives.

Que se passe-t-il avec la défense ?

Au début de la saison, on s’imaginait que la défense serait le maillon fort des Alouettes. Les blessures sont venues compliquer les choses et certains joueurs n’ont pas répondu aux attentes.

Le bilan est catastrophique après sept rencontres. Les Oiseaux ont concédé 242 points tandis que l’attaque s’est contentée de 103 points, on parle d’un déficit de 139 points ! De plus, la défense a alloué 44 points ou plus lors de trois de ses quatre prestations à domicile.

« On a fait trop d’erreurs, c’est inacceptable. On doit arranger les choses. On est des professionnels, on ne doit pas utiliser d’excuses. C’est la réalité de notre métier, on doit composer avec des changements », a mentionné le secondeur Henoc Muamba.   

Ce match laisse croire que les Alouettes ne disposent pas, actuellement, des ressources nécessaires pour tenir le coup en défense. La question a été posée à Sherman.

« On doit définitivement se pencher sur ce sujet encore. On évalue ça chaque semaine. Mais il n’y pas tant de très bons joueurs qui patientent pour un appel à la maison. Il faut trouver différentes possibilités », a reconnu Sherman qui aurait sans doute aimé livrer le fond de sa pensée.