Tour d’horizon de la LCF
LCF mardi, 24 juin 2014. 19:46 vendredi, 27 déc. 2024. 21:56Les Argonauts et les Blue Bombers lancent jeudi à 20 h 30 (RDS2) la nouvelle saison dans la LCF. Histoire de mettre la table, voici un bref survol des neuf équipes du circuit. Commençons avec les Alouettes.
Anthony Calvillo a rangé crampons et épaulettes... Rick Worman a été remercié après à peine neuf jours de camp d’entraînement... Troy Smith s’est blessé au genou gauche et a raté le premier match préparatoire...
Non, l’ère post-Calvillo ne s’est pas amorcée tel qu’espéré par l’organisation montréalaise. L’attaque a pris du retard, certes, mais on peut tout de même s’imaginer que ce sera mieux que l’an passé.
D’abord parce que l’équipe mise sur d’excellents porteurs de ballon et sur une bonne ligne à l’attaque, puis parce que Smith a déjà prouvé qu’il a l’étoffe d’un leader capable de gérer la pression. Il ne lui reste plus qu’à démontrer qu’il est capable de jouer dans la LCF.
Mon collègue Pierre Vercheval le signalait avec justesse récemment, les Alouettes doivent favoriser un système de jeu adapté à Smith et non l’inverse. C’est donc dire que l’offensive devra privilégier le jeu au sol et complémenter par la passe.
De cette façon, sans être la plus puissante dans l’histoire de l’équipe, l’attaque montréalaise risque d’être dynamique. Les Oiseaux peuvent sans doute se vanter de posséder le meilleur groupe de receveurs du circuit. Il faut leur laisser le soin de réaliser les jeux.
Si certaines interrogations subsistent en ce qui a trait à cette attaque, c’est tout le contraire de l’autre côté du ballon. L’unité défensive des Alouettes est en effet sensiblement la même que l’an dernier. Même coordonnateur, même système et mêmes joueurs pour rééditer les exploits de la saison 2013.
Tant mieux, car cette défense aura le mandat de supporter l’équipe pendant le premier tiers de la saison, le temps que l’attaque opère avec succès la transition dans laquelle elle est engagée depuis l’annonce de la retraite de Calvillo.
On ne remplace pas aussi facilement une légende.
Le Rouge et Noir sur les rails
Après avoir plié bagage en 2005, le football de la LCF semble finalement de retour pour longtemps à Ottawa.
Mené par un groupe de propriétaires à la fois local, solide et fortuné, le Rouge et Noir a fait les choses de la bonne façon dans sa mise sur pied.
En confiant d’abord à Marcel Desjardins le mandat de bâtir cette équipe, ils se sont offerts les services d’un directeur général à la fois qualifié et expérimenté. Puis, en donnant les rênes de la formation à l’entraîneur-chef Rick Campbell, ils ont embauché un homme qui baigne dans le football de la LCF depuis sa tendre enfance. Fils de Hugh Campbell, qui a dirigé les Eskimos d’Edmonton, le pilote du Rouge et Noir a déjà occupé des postes de coordonnateur défensif et des unités spéciales dans la LCF.
À ce personnel, le Rouge et Noir a ajouté le vétéran quart-arrière Henry Burris. Difficile de faire mieux que lui dans la LCF. Même s’il ne s’agit pas d’une solution à long terme, c’est tout un atout pour mettre une formation d’expansion sur les rails et offrir une formation de qualité aux jeunes joueurs de l’équipe.
De son côté, la LCF a aussi tout fait pour permettre au Rouge et Noir de proposer une équipe compétitive à leurs partisans dès le départ. En plus d’un repêchage d’expansion bien pensé, Ottawa a de plus obtenu le tout premier choix de chaque ronde du dernier repêchage traditionnel.
Si bien que ce club regorge de talent. On l’a d’ailleurs constaté dès le premier match préparatoire.
Si le Rouge et Noir sera à mon avis compétitif à sa première année d’existence, trop de données demeurent pour l’instant inconnues. Une équipe d’expansion reste une équipe d’expansion...
Encore et toujours Ricky Ray
Les Argonauts, c’est l’affaire de Scott Milanovich. En bon disciple de Marc Trestman, l’entraîneur-chef de la formation torontoise base tout autour de son quart-arrière. Et avec Ricky Ray à sa disposition, on le comprend!
Meilleur quart-arrière du circuit, Ray offre la possibilité aux siens de l’emporter chaque semaine. On parle ici d’un quart-arrière qui a été élu joueur par excellence dans l’Est même s’il n’a disputé que 10 des 18 matchs de son équipe l’an dernier... Ça en dit long.
Les Argos ont par ailleurs perdu les services de deux coordonnateurs au cours de la saison morte. Responsable de la défense en 2013, Chris Jones a depuis hérité du poste d’entraîneur-chef des Eskimos d’Edmonton. Maître des unités spéciales l’an dernier, Mike O’Shea est quant à lui aux commandes des Blue Bombers de Winnipeg.
En Tim Burke et Jim Daley, les Argonauts ont toutefois déniché deux dignes successeurs.
Sous la gouverne de Jones l’an dernier, la défense des Argonauts était très agressive, ce qui risque aussi de privilégier Burke. Ce dernier pourra compter sur un visage connu en Shea Emry, avec qui il a déjà connu beaucoup de succès à Montréal. Patrouillant le centre du terrain, le secondeur canadien renouera ainsi avec une position qu’il affectionne.
Quant aux unités spéciales de cette équipe, disons qu’avec Chad Owens sur le terrain, elles demeurent tout aussi menaçantes qu’auparavant.
Bien équilibrés, les Argonauts sont donc la force dans l’Est. Pour l’instant du moins.
Le pari Zach Collaros
Sacrifier Henry Burris au nom de l’avenir de l’équipe. Voilà le pari risqué que font les Tiger-Cats d’Hamilton cette saison en remettant leur attaque entre les mains du jeune quart Zach Collaros.
Substitut de Ricky Ray à Toronto en 2013, Collaros a certes été brillant lors de ses cinq départs, mais cela demeure un petit échantillon. Reste à voir ce qu’il sera en mesure d’offrir à sa nouvelle équipe au fil d’un calendrier de 18 matchs alors que toute la pression sera sur lui.
Collaros a tous les atouts pour réussir, mais peut-il porter une équipe sur ses épaules?
Par ailleurs, pour une rare fois au cours des dernières années, les Tiger-Cats misent sur la continuité, eux qui n’ont procédé à aucun changement au sein de leur personnel d’entraîneurs.
Cela n’empêche pas de s’interroger quant aux succès futurs de la défense des Tiger-Cats. Plusieurs changements ont été apportés au personnel de joueurs de cette unité, qui a été victimes de son lot de malchances l’an dernier. Pas moins de 57 partants différents se sont succédé au fil de la dernière campagne.
Dans l’espoir de terminer premiers de leur division, les Tiger-Cats se devront de plus de connaître un meilleur début de saison que l’an passé, alors qu’ils avaient perdu quatre de leurs cinq premières rencontres.
La fin d’un cirque à Winnipeg
Les saisons de 3-15 sont enfin révolues à Winnipeg. Le cirque a finalement quitté la ville.
Après avoir multiplié les choix discutables au sein des opérations football et du personnel d’entraîneur, en passant par Joe Mack (directeur général) et Mike Kelly (entraîneur-chef), les Blue Bombers ont finalement pris les bonnes décisions.
En embauchant Wade Miller (président), Kyle Walters (DG) et Mike O’Shea (entraîneur-chef), les Bombers ont mis le grappin sur trois gars qui connaissent très bien la ligue, en plus de l’avoir très à cœur.
On les appelle en effet le trio canadien des unités spéciales puisqu’ils ont tous été des entraîneurs ou des joueurs se spécialisant dans cette phase de jeu.
Malgré cette meilleure structure, le véritable enjeu chez les Bombers cette saison demeure les quarts-arrières. Winnipeg n’a pas eu de véritable quart-arrière numéro un digne de ce nom depuis je ne sais quand...
À l’image de Zach Collaros chez les Argonauts, Drew Willy affiche de belles promesses, mais il n’a que 147 passes tentées à sa fiche en carrière dans la LCF.
En plus de dénicher un quart productif à long terme, il sera impératif pour les Blue Bombers de mieux protéger le ballon. En 2013, ils ont conclu la saison avec un ratio de moins-27 au chapitre des revirements. Les quarts de l’équipe ont lancé 14 touchés pour 27 interceptions. C’est sans compter qu’il s’agit du club le plus puni de la LCF au cours des cinq dernières années avec une moyenne de 90 verges par match.
Certaines choses doivent changer.
Qui remplacera Sheets?
Comme toute bonne équipe championne, les Roughriders de la Saskatchewan doivent cette saison faire leur deuil de quelques-uns de leurs joueurs clés.
Weston Dressler et Kory Sheets ont quitté pour la NFL, Geroy Simon a opté pour la retraite, alors que Zach Evans et Keith Shologan, le milieu de la ligne défensive, ont déménagé à Ottawa.
Or, malgré la dilapidation de leurs effectifs, les Riders demeurent très talentueux, particulièrement en ce qui a trait à leur groupe de joueurs canadiens, un gage de succès dans la LCF.
Si certains ont fait leurs valises, le quart-arrière Darian Durant est toujours là. Excellent la saison dernière, il devra une fois de plus compter sur un jeu au sol efficace s’il espère maintenir la cadence.
Les Roughriders ont été l'équipe qui a le plus couru en 2013. Avec une ligne à l’attaque qui est sensiblement la même que l’an dernier, les Riders se doivent de continuer dans cette voie, mais reste à dénicher le successeur de Sheets.
Une question de protection
Depuis le départ de Ricky Ray, la City of champions a perdu de son lustre et peiné à lui trouver un successeur.
En Mike Reilly, les Eskimos d’Edmonton ont peut-être visé juste l’an dernier. À condition de le protéger...
Reilly a ce qu’il faut pour gagner et a prouvé qu’il peut le faire, mais il est impératif de le protéger, ce qui est le problème le plus criant à Edmonton. L’an dernier, les quarts de l’équipe ont été victimes de 60 sacs. Pas étonnant que Reilly se soit blessé.
Par ailleurs, il sera intéressant de voir qui remplacera le porteur de ballon Hugh Charles, un vétéran de sept saisons dans la LCF qui a été libéré. Une chose est sûre, son remplaçant aura lui aussi comme mandant de protéger son quart-arrière.
N’empêche, les duels face à Edmonton ne risquent plus d’être aussi faciles que par le passé. Extrêmement intense, le nouvel entraîneur-chef Chris Jones exige que ses équipes soient à son image sur le terrain.
Équipés pour veiller tard
Forts de la meilleure fiche du circuit (14-4) au terme de la saison 2013, les Stampeders de Calgary sont bâtis pour rééditer l’exploit cette année.
N’ayant pas perdu beaucoup de joueurs au cours de la saison morte, les Stampeders peuvent toujours compter sur un duo de quarts-arrières de haut niveau alors que Drew Tate et Bo Levi Mitchell se sont livré une chaude lutte au cours du dernier camp d’entraînement. Et la bagarre risque de durer pour encore quelques semaines.
L’attaque de Calgary demeure toutefois l’affaire de Jon Cornish, joueur par excellence du circuit l’an dernier. Le porteur de ballon sera encore épaulé par une ligne à l’attaque dominante.
Physique et intraitable à domicile, les Samps ont une autre carte dans leur manche. Il n’y a en effet pas meilleur moteur de motivation que d’être éliminé par surprise. Les Albertains ont sans aucun doute une crotte sur le cœur.
En attendant Lulay
Kevin Glenn ne s’attendait sans doute pas à voir autant d’action lorsqu’il a été échangé aux Lions de la Colombie-Britannique par le Rouge et Noir d’Ottawa. C'est une transaction qui risque en effet de s’avérer très utile pour les Lions.
Opéré à l’épaule l’an dernier, le quart no 1 de l’équipe Travis Lulay n’est en effet pas encore prêt à effectuer un retour au jeu. D’où l’importance de pouvoir compter sur un joueur d’expérience comme Glenn.
Avec d’excellents receveurs canadiens, de bons porteurs de ballon, et une ligne à l’attaque de choix à sa disposition, le nouveau coordonnateur offensif Khari Jones a tout ce qu’il faut pour proposer une attaque dynamique. D’autant plus qu’après avoir roulé sa bosse dans la LCF comme quart-arrière et entraîneur, Jones inspire le respect de ses joueurs.
Autant de raisons qui me portent à croire qu’il connaîtra du succès.
À cela s’ajoute une défense qui mise sur un des meilleurs groupes de secondeurs et une tertiaire d’expérience. Intraitables contre la passe dans une ligue comme la LCF, les Lions ont la clé du succès.
Voilà pour ce tour d’horizon de la LCF. Mes prédictions? Une finale de la Coupe Grey opposant les Stampeders aux Argonauts et remportée par Calgary. Je ne suis toutefois pas à l’abri d’une erreur et surtout, d’un changement d’idée!
*Propos recueillis par Mikaël Filion