MONTRÉAL – À défaut de pouvoir vivre sa traditionnelle semaine de la Coupe Grey, le commissaire de la LCF, Randy Ambrosie, a lancé des festivités virtuelles avec optimisme. Mais, force est d’admettre que les joueurs n’avaient pas le goût de célébrer étant donné qu’ils nagent encore dans le néant en vue de la saison 2021. 

Depuis quelques semaines, le circuit canadien a quelque peu sombré dans l’oubli et cette initiative des dirigeants visait notamment à conserver l’attrait de leurs partisans. 

Le travail de séduction devra également s’effectuer auprès des joueurs qui demeurent déçus des démarches accomplies. Voilà la conclusion qui émane des discussions tenues, sous le couvert de l’anonymat, avec quelques vétérans de la Ligue canadienne de football. 

Plusieurs enjeux continuent d’irriter les joueurs qui ont dû se résoudre à voir la saison 2020 s’envoler en fumée. D’abord, ils se plaignent d’être trop tenus, de nouveau, à l’écart des discussions. 

« Nous voulons une LCF plus forte »

« C’est encore la même histoire, on attend encore qu’on nous présente des scénarios. La LCF raconte qu’une saison aura lieu, mais on n’a aucune garantie par rapport à nos salaires. Si on investit, une autre fois, plusieurs mois dans notre préparation et qu’on finit par se faire couper l’herbe sous le pied comme cette année, ce serait vraiment plate », a déploré ce joueur qui souhaite connaître les détails des scénarios A, B et C qui sont envisagés selon le portrait de la COVID-19.

Durant son bilan annuel virtuel, Ambrosie a déclaré que ces scénarios sont à l’étude. Il a également précisé qu’un calendrier provisoire a été élaboré et qu’il pourrait être présenté aux partenaires sous peu si le contexte de la pandémie ne se détériore pas trop. 

Cela dit, la plus grande friction actuelle concerne la compensation qui a été stoppée pour certains joueurs. Si on résume, les joueurs ont eu accès au programme de subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC ou CEWS en anglais). 

Ce programme indique le gouvernement fédéral verse 75 % de la compensation à condition que l’employeur verse l’autre 25 %. Les équipes de la LCF ont cependant refusé de payer cette part. Ainsi, les joueurs ont choisi de puiser le 25% dans un fonds à leur disposition. Malheureusement, ce fonds est épuisé si bien que les joueurs qui ont changé d’équipe en vue de 2021 ne sont plus admissibles. 

Tyrell Sutton, voilà le premier nom auquel on a pensé. Un vétéran de huit saisons qui revenait avec les Alouettes. Il doit se débrouiller sans cette compensation. Pourtant, les équipes n’auraient pas eu à débourser une fortune pour éviter ce résultat qui touche quelques joueurs par équipe. 

« C’est de la vraie merde! On ne parle de millions de dollars en plus », a souligné un joueur qui trouve qu'Ambrosie effectue une gestion pathétique de la LCF. 

En entrevue avec RDS.ca, le commissaire Ambrosie a fourni cette explication. 

« On a fait tout ce qu’on pouvait pour travailler avec l’Association des joueurs et j’en suis très fier. On voulait s’assurer que ce programme soit admissible aux joueurs. On n’a pas trouvé de solution parfaite, mais je considère qu’on a abouti avec une très bonne option. Selon moi, on devrait plus s’attarder à ce qu’on a accompli au lieu de ce qui n’a pas été fait. On peut toujours en faire plus dans la vie, mais on a été en mesure d’arriver à un compromis très intéressant en travaillant ensemble », a soutenu Ambrosie. 

Disons que ça n’aide pas à rétablir des ponts avec des joueurs. Par contre, Ambrosie a insisté sur la relation qu’il veut développer avec ceux-ci.  

« Je sais que ce fut très difficile pour les joueurs, mais on veut les impliquer dans une discussion très significative pour mener ce circuit à des succès sans précédents. C’est la chose la plus importante, comment peut-on bâtir l’avenir ensemble? », a exprimé Ambrosie qui devra les convaincre avec des actions. 

Un léger frein sur les visées internationales 

Ce n’est pas nouveau comme différend, mais les joueurs s’expliquent mal que le projet international de LCF 2.0 demeure le cheval de bataille du commissaire pendant une période où les efforts sont axés sur le « produit local ». 

« A-t-il investi suffisamment dans le marché local avant de se tourner vers l’international? » a demandé un joueur. 

D’ailleurs, selon les informations d’un athlète consulté, la LCF aurait englouti jusqu’à deux millions lors de la dernière année dans ce projet visant à courtiser des partisans à l’international.

« Je suis en désaccord avec les chiffres. Je ne crois pas que ce chiffre représente une vision exacte de l’impact économique. Mais je veux bâtir une ligue très forte pour nos joueurs, une ligue dans laquelle ils vont prospérer. Pour y arriver, il faut investir à long terme. Je considère qu’on prend des pas de bébés appropriés dans ce dossier pour une occasion qui pourrait être merveilleuse pour nos joueurs », a rétorqué Ambrosie. 

Chose certaine, ils sont nombreux à dire que l’argent aurait plus utile pour les joueurs actuels qui sont dans le besoin. 

On devrait en savoir davantage dans les prochaines semaines, mais Ambrosie assure que les démarches ont été nombreuses pour améliorer le plan d’affaires de la LCF et des neuf équipes. Il s’emballe parfois dans des élans d’optimisme et il a été jusqu’à utiliser le terme « renaissance ». 

« Je suis pratiquement subjugué par le travail abattu pour relancer l’approche de notre business. Quand on sera de retour sur le terrain, je crois que la LCF en sera à une renaissance en raison du travail accompli qui aura une influence pour plusieurs années », a-t-il lancé en vantant l’apport des présidents des clubs. 

Le faible contenu francohone dénoncé

La dernière critique n’est pas nouvelle, mais quelques joueurs ont dénoncé le peu de contenu francophone prévu pour cette semaine de festivités. Une source a même éclaté de rire à ce propos tellement c’est fréquent. 

« Je suis très déçu par la petite représentation francophone. C’est très redondant du côté de de la LCF et ce n’est pas normal », a déploré un joueur qui souhaite que ça change. 

Relancé à ce sujet, Ambrosie a reconnu que la contribution venait surtout des Alouettes à ce chapitre. 

« Les Alouettes sont très dédiés à produire beaucoup de contenu francophone pour les partisans. On peut toujours s’améliorer et on va le faire, mais je préfère qu’on se concentre sur la suite. Je veux que les Québécois et les partisans des Alouettes sachent qu’on les aime et qu’on est engagés envers notre avenir au Québec », a conclu Ambrosie qui tenait à voir les développements positifs. 

Un joueur a fini sur une note positive en indiquant que ça bouge parfois plus à partir de la fin novembre. Ils doivent être nombreux à souhaiter que ce sera le cas.