MONTRÉAL – Pour un athlète qui n’a pas été repêché, Antony Auclair disputera sa sixième saison dans la NFL et il a obtenu suffisamment de respect pour que l’entraîneur-chef des Texans de Houston, Lovie Smith, et le coordonnateur offensif, Pep Hamilton, l’appellent durant les négociations qui lui ont valu de belles garanties salariales.

À première vue, puisque sa nouvelle entente n’est valide que pour 2022, ce serait facile de déduire que l’athlète de 28 ans n’est pas parvenu à signer le contrat espéré. 

Ce qu’il faut plutôt comprendre, c’est que les Texans ont consenti à lui verser 1,6 million (en argent garanti) sur l’entente de 1,9 million. Il touchera donc le double par rapport à 2021. 

L’autre élément indiscutable, c’est que l’ailier rapproché souhaitait ardemment demeurer avec les Texans. 

« Ce qu’on recherchait, c’est un engagement de la part de l’équipe et c’est venu via les garanties. On ne se cachera pas que je voulais retourner avec les Texans, c’est une question de confort avec les gens avec lesquels tu travailles, la ville et le cahier de jeux. Je voulais retourner avec ces entraîneurs et les chums que je me suis fait là-bas », a expliqué l’ancien de Rouge et Or de l’Université Laval.

Ça devenait donc inutile de s’aventurer sur le marché des joueurs autonomes.  

« C’est un peu un pari quand tu le fais. Oui, l’argent c’est important, mais ce n’est pas la chose la plus importante. C’est plutôt d’être bien où tu es puis d’être utilisé à ton plein potentiel. L’autonomie, on voulait l’explorer en dernier lieu », a précisé Auclair. 

Là où ça devient encore plus intéressant, c’est quand on comprend le respect qu’il a acquis chez les Texans. Une discussion avec Hamilton, qui passe d’entraîneurs des quarts à coordonnateur offensif, a validé ce qu’il ressentait. 

« Il me disait qu’il aime beaucoup utiliser les ailiers rapprochés dans son système et que, selon lui, ma valeur avait été sous-estimée la saison dernière. C’était intéressant d’entendre ça de la part d’un entraîneur qui était avec l’équipe et qui te connaît, c’est super cool », a-t-il confié. 

D’ailleurs, il confirme que cet appel, celui de Smith et celui de son entraîneur des unités spéciales ont pesé lourd dans sa réflexion. 

« Ils m’ont tous appelé personnellement durant le processus pour démontrer leur intérêt », a noté Auclair qui apprendra maintenant à connaître Tim Berbenich, son nouvel entraîneur des ailiers rapprochés, qui arrive des Raiders de Las Vegas. 

Son agent Sasha Ghavami a donné un aperçu des négociations. 

« Ce que j’ai aimé, c’est que ce fut toujours clair que les Texans voulaient le ravoir. C’est normal d’être en désaccord sur les montants durant les négociations, mais il était désiré par les entraîneurs à Houston. L’an dernier, les dirigeants des Texans le connaissaient seulement sur vidéo. Ils l’ont vu gagner sa place et se défoncer à tous les matchs. Il a gagné le respect de l’organisation et ç’a paru dans les négociations », a indiqué Ghavami qui a préféré ne pas commenter le dossier de Laurent Duvernay-Tardif durant cette disponibilité consacrée à Auclair. 

« On entend souvent que les joueurs vont faire leur argent à leur deuxième contrat. J’en suis à mon quatrième et c’est mon meilleur contrat jusqu’à présent donc on est allés chercher ce qu’on on devait avoir », a ajouté Auclair. 

Pas tant surpris pour Brady, le sujet tabou de Watson

Inutile de vous faire languir plus longtemps, Auclair se doutait bien qu’il serait questionné sur deux sujets d’actualité incontournables : la courte retraite de son ancien coéquipier, Tom Brady, et le départ de plus en plus imminent du quart-arrière Deshaun Watson.

« Je ne sais pas si je suis surpris, je ne connaissais pas les raisons absolues pour qu’il se retire. Selon mon expérience avec lui, je me disais qu’il avait peut-être laissé un peu sa famille de côté. En revenant à la maison, il a pu se dire que c’était too much », a rigolé Auclair. 

« Mais je ne pense pas qu’il ait quitté selon ses standards », a ajouté le Québécois en parlant de son immense désir de vaincre. 

Quant à Watson, il avoue que le dossier était très délicat, mais l'équipe profitera évidemment du retour qui sera consenti par son nouveau club.  

« On n’en a pas parlé pas du tout dernièrement et, vu que je suis au Québec, je ne croise pas mes coéquipiers. C’est un sujet qui est un peu tabou chez les Texans, avec raison, donc même à l’intérieur de l’équipe, avec mes coéquipiers les plus proches, on n’osait pas vraiment en parler. La réalité, c’est qu’il s’agit d’un coéquipier qu’on le veuille ou non. Ce qui est frustrant, c’est qu’il accaparait une place sur la formation », a réagi Auclair sans vouloir assumer quoi que ce soit au sujet de Watson. 

Un stress retiré de ses épaules

En l’absence de Watson et en raison d’une blessure à Tyrod Taylor, Davis Mills a été envoyé dans la « fosse aux lions » comme le dit Auclair. Le jeune quart-arrière s’est bien débrouillé et Auclair veut assurer un rôle de leadership auprès de jeunes athlètes comme Mills et l’ailier rapproché Brevin Jordan. 

Son autre objectif, même s’il a réussi son premier touché en 2021, ne se calcule pas en nombre de passes captées. 

« Après chaque partie, les entraîneurs et les dépisteurs nous attribuent une note. Quand tu obtiens 75-80%, c’est une note gagnante dans la NFL parce que tu affrontes des joueurs qui ne sont pas mauvais », a visé Auclair. 

Mais le plus plaisant, c’est qu’il entamera l’année avec un statut différent, comme un élève qui a mérité la confiance de son professeur. L’engagement contractuel des Texans le soulage mentalement surtout qu’il avait été libéré après le camp d’entraînement 2021 avant d’être repris par Houston. 

« C’est sûr que j’ai plus de sécurité et ça va me donner confiance. C’est un stress ou un poids qu’on enlève de mes épaules. Ma confiance sera haute et ce sera vraiment amusant », a décrit Auclair sur un ton serein. 

Ce sentiment est justifié et il a eu le temps de réfléchir à la portée de sa carrière. 

« Je suis vraiment content sincèrement, je trouve que j’ai une belle carrière et je n’ai rien à envier à personne. La moyenne avoisine deux à trois ans donc on ne dure pas longtemps dans la NFL d’habitude », a conclu Auclair qui est reconnaissant de ne pas avoir été trop souvent blessé et envers un tel contrat qui peut changer l’avenir de sa famille.