Une fâcheuse habitude des Bucs sous les réflecteurs
NFL vendredi, 20 nov. 2020. 07:00 jeudi, 12 déc. 2024. 06:59Chaque dimanche de la saison régulière, suivez NFL REDZONE sur RDS Direct
On retrouve à nouveau les Buccaneers de Tampa Bay lors d’un match aux heures de grande écoute, alors qu’ils affronteront les Rams de Los Angeles, lundi.
C’est nullement étranger à l’arrivée de Tom Brady et autres acquisitions majeures de cette équipe en vue de la saison. Par le passé, on leur offrait sensiblement seulement un match le jeudi soir comme vitrine.
La situation a beaucoup changé cette saison et l’équipe aussi comme en témoigne sa fiche de 7-3. Soudainement, les amateurs de la NFL gardent un oeil sur cette formation, car elle est intrigante.
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Lorsqu’on regarde les 10 premiers matchs des Bucs cette saison, on réalise que leur campagne est en véritables montagnes russes. Pour le plaisir, je me suis prêté à l’exercice de revenir brièvement sur chacun des matchs de la formation de Tampa Bay cette saison et d’en ressortir le commentaire général qu’on pouvait dégager après chacun des affrontements.
1re semaine (défaite de 34-20 c. les Saints) : la saison partait avec tout un test contre les Saints de La Nouvelle-Orléans. Une défaite, mais plusieurs pouvaient s’y attendre alors que d’un côté on retrouve la stabilité des Saints devant Brady qui en est à un premier match avec sa nouvelle équipe, sans match préparatoire. Il ne fallait pas s’attendre à des miracles et le résultat a été un match difficile.
2e semaine (victoire de 31-17 c. les Panthers) : les Bucs avaient rendez-vous avec les Panthers et on s’aperçoit que même si l’attaque a encore beaucoup de travail, l’identité de cette équipe va être la défense qui est solide.
3e semaine (victoire de 28-10 c. les Broncos) : cette fois contre les Broncos, Brady enregistre 297 verges, trois passes de touché et surtout, aucune interception pour la première fois de la saison. À ce moment, on pouvait entendre ou lire des commentaires qui laissaient entrevoir que la chimie s’installait en attaque. Brady a trouvé son synchronisme avec ses receveurs, donc attention.
4e semaine (victoire de 38-31 c. les Chargers) : les Bucs ont raison des Chargers de Los Angeles avec 38 points et Brady réalise cinq passes de touchés tout en amassant 369 verges. Les Buccaneers pouvaient presque être soudainement considérés comme l’une des meilleures attaques de la NFL (Vous voyez que ça change rapidement).
5e semaine (défaite de 20-19 c. les Bears) : défaite à l’un de ces matchs aux heures de grande écoute contre les Bears. Le discours est soudain moins enthousiaste, alors qu’on vante un peu moins la défense et l’attaque a encore du travail à faire. C’est en quelque sorte un retour à la case départ.
6e semaine (victoire de 38-10 c. les Packers) : c’est reparti avec cette victoire devant les Packers de Green Bay. Les Bucs sont même établis comme la meilleure équipe de la Nationale, rien de moins.
7e semaine (victoire de 45-20 c. les Raiders) : victoire convaincante et on peut déjà imaginer qu’ils vont obtenir une place au Super Bowl alors que personne ne pourra les arrêter.
8e semaine (victoire de 25-23 c. les Giants) : match du lundi soir pénible contre les Giants, alors que les Bucs peinent à arracher le gain. Après la grosse victoire de la semaine précédente, on pouvait penser à un match piège, donc ils ont le bénéfice du doute.
9e semaine (défaite de 38-3 c. les Saints) : une véritable correction alors qu’ils perdent 31-0 à la mi-temps. Après le match, c’était réglé, ils ne gagneraient pas leur division et des discours plus pessimistes encore remettaient en doute leur participation aux éliminatoires.
10e semaine (victoire de 46-23 c. les Panthers) : les Buccaneers ont enchaîné avec une victoire convaincante devant les Panthers pour se relancer.
Et la 11e semaine maintenant...
Il n’y a rien de scientifique ici, mais c’est pour vous montrer combien le discours change rapidement avec cette équipe que plusieurs suivent cette saison pour toute l’histoire avec l’arrivée de Brady.
Cette semaine, les Buccaneers voudront certainement faire mieux dans un match avec une belle vitrine de la NFL, car c’est laborieux à ce chapitre depuis le début de la saison. Une défaite contre les Bears, loin d’être convaincants devant les Giants et la défaite cuisante aux mains des Saints sont tous survenus en pareille situation.
Ils n’auront pas le choix d’apprendre à gagner dans ces circonstances et l’entraîneur-chef Bruce Arians semble même vouloir prendre des mesures pour que ses joueurs s’habituent à jouer en soirée. Il voudrait instaurer des entraînements plus tardivement en journée afin que ses joueurs n’aient pas les jambes lourdes et soient habitués à ces conditions. On voit surtout le système inverse avec les équipes de la côte Ouest qui s’entraînent tôt le matin en prévision d’un match de l’autre côté du pays en début d’après-midi le dimanche, l’équivalent pour ces formations d’une rencontre en matinée.
Limiter la pression sur Brady
Le plus grand défi pour les Buccaneers va demeurer la défense des Rams cette semaine. Cette unité vient de museler Russell Wilson et l’attaque des Seahawks de Seattle alors qu’ils ont été limités à 16 points. Le quart des Seahawks a été malmené avec deux interceptions et un échappé, en plus de subir six sacs du quart.
DK Metcalf n’a obtenu que deux attrapés pour 28 verges dans cette rencontre. Je ne veux pas m’étirer sur le sujet, je sais qu’il était confronté à Jalen Ramsey, mais les Seahawks n’ont pas été proactifs pour mettre Metcalf dans une situation gagnante. Si Aaron Rodgers trouve toujours un moyen de lancer à Davante Adams, même chose pour Kyler Murray avec DeAndre Hopkins, je me dis qu’il devait y avoir moyen d’impliquer Metcalf dans le match au lieu de le sortir aussi rapidement de l’équation. Wilson ne regardait même pas durant le jeu lorsqu’il voyait au départ que Ramsey était en couverture.
La tertiaire des Rams peut donc faire le travail devant Mike Evans et compagnie, mais le succès de la défense relève de sa ligne défensive avec en tête Aaron Donald. L’équipe vient au troisième rang de la NFL avec 31 sacs et Donald en a obtenu neuf de son côté.
Les Bucs devront impérativement trouver un moyen de protéger Brady, car dans les défaites, ce qui saute aux yeux, c’est le manque de protection. Le quart des Bucs a été victime de 14 sacs du quart cette saison et neuf ont été enregistrés dans les trois défaites. Il était sans cesse dérangé, notamment dans le dernier revers contre les Saints alors qu’il était sous pression à chacune de ses deux passes environ.
Le point commun entre les Saints et les Bears pour ce qui est de la pression? Elle était appliquée avec quatre joueurs seulement. C’est le meilleur des deux mondes, car il reste suffisamment de personnel pour couvrir les receveurs, ce qui complique la tâche de Brady pour décortiquer les formations défensives. Il doit en plus vivre avec une forte pression au centre en raison de Donald, ce qui est la pire forme de pression pour un quart de pochette comme lui.
La protection sera donc la clé, mais le jeu au sol également. On a bien vu contre les Panthers que même si tu as dans tes rangs l’un des meilleurs, sinon le meilleur quart de tous les temps, il faut un équilibre avec la course. Les Buccaneers ont couru le ballon 37 fois contre 40 passes. Le jeu au sol met définitivement la table aux touchés par la passe alors que Brady se sert d’une feinte avec le jeu au sol pour rejoindre ses receveurs comme Rob Gronkowski.
Si on dit que lundi prochain les Buccaneers parviennent encore une fois à courir en 37 occasions, dites-vous que c’est 37 jeux durant lesquels Brady est à l’abri de Donald qui n’applique pas de pression. Le jeu au sol fatigue une ligne défensive qui doit soudainement absorber les blocs pour ensuite lutter afin d’enregistrer un plaqué. C’est épuisant au cours d’un match, donc cette recette profite au quatrième quart, même pour Brady.
Les Rams se débrouillent très bien contre le jeu au sol, donc les Buccaneers ne devront pas abandonner cette facette trop rapidement. Ils n’accordent en moyenne que 97 verges par match à leur adversaire par la voie terrestre pour le cinquième rang. Il est vrai que les Seahawks ont amassé 121 verges, mais si on gratte un peu, on voit que huit de ses courses ont été réalisées par Russell Wilson pour 60 verges ce qui en laisse peu pour les porteurs de ballon. On peut s’entendre pour dire que Brady n’obtiendra pas de telles statistiques au sol.
Il faudra donc suivre l’état de santé de la ligne à l’attaque des Buccaneers pour cette confrontation avec Ali Marpet qui est le garde à gauche habituellement. Il y a deux semaines, il avait été remplacé par Joe Haeg, mais c’était loin d’être un succès comme on peut s’en souvenir, donc devant les Panthers, c’est le centre Ryan Jensen qui était à ce poste. A.Q. Shipley a évolué au centre de la ligne et le résultat a été plus encourageant, mais il faudra s’assurer que le centre de la ligne à l’attaque soit solide devant Aaron Donald de l’autre côté.
Si la ligne défensive est maîtrisée ou ralentie suffisamment, Brady aura la chance de faire comme lors du dernier match alors qu’il avait distribué le ballon à plusieurs coéquipiers. Les receveurs commencent à avoir un rôle un peu plus établi.
Mike Evans et Rob Gronkowski sont les cibles pour la zone payante. Chris Godwin est l’homme désigné pour les longs jeux. Cameron Brate est la cible pour les troisièmes essais afin de faire avancer les chaîneurs. C’est tranquillement la même responsabilité qui semble revenir à Antonio Brown. En 10 attrapés, il a obtenu un premier jeu six fois. Tout le monde se sent impliqué et permet à l’attaque de progresser sur le terrain.
Avec une distribution équilibrée, comme Brady aime le sous-entendre, ça fait en sorte qu’une défense doit surveiller chaque brindille de gazon sur le terrain. Elle n’a pas le droit de tricher et elle est constamment sur le qui-vive.
Les Rams devront être patients
Si Brady a besoin de son jeu au sol, je dirais que c’est encore plus de mise pour Jared Goff et l’attaque des Rams. Le jeu aérien de la formation de Los Angeles dépend véritablement de son jeu au sol. Une fois qu’il fonctionne, les Rams peuvent ensuite mélanger les défenses adverses avec différentes feintes et c’est là qu’ils sont efficaces.
Même si ce n’est pas l’idéal, Brady peut lancer 40 passes par match et voir le jeu au sol s’effacer un peu plus. Je ne vois pas un résultat de la sorte être positif pour Goff et L.A. Il n’a pas montré qu’il peut décocher autant de passes de la pochette, alors qu’il a besoin de ses feintes de jeu au sol.
La ligne à l’attaque a perdu les services d’Andrew Withworth, donc ce sera à surveiller devant le front défensif des Bucs qui accordent en moyenne 3,3 verges par course. C’est dans le top-3 de la ligue à ce chapitre. Si Goff est obligé de devenir un quart de pochette, je lui rappelle que les Bucs ont 32 sacs et 12 interceptions à leur fiche. C’est une défense qui peut réaliser de gros jeux.
Les Rams peuvent être patients avec le jeu au sol. Tant que le match demeure serré au pointage, ils ne vont pas l’abandonner. La preuve, ils n’obtenaient que 3,7 verges par portée devant les Seahawks, mais ils ont tout de même couru 29 fois pour 106 verges. C’est peu en terme de récolte, mais on voit qu’ils sont patients. Ils viennent au sixième rang dans la NFL pour le nombre de courses avec 280. Donc, pour eux, le nombre de courses importe presque plus que le nombre de verges récoltées, car ils s’en servent pour mettre la table en vue de leur jeu aérien.
De notre côté, il faudra patienter à lundi pour voir qui remportera ces différentes confrontations.
Propos recueillis par Maxime Tousignant