COLLABORATION SPÉCIALE

Le 18 semaines de saison régulière étant maintenant derrière nous, place aux choses sérieuses avec la présentation des six matchs de premier tour éliminatoire ce samedi, dimanche et lundi sur RDS et RDS Direct.

Après les confrontations de l'association Américaine jeudi, je vous propose aujourd'hui quelques réflexions sur les duels impliquant des équipes de la Nationale.

Eagles c. Buccaneers (dimanche, 13 h) 

Les champions en titre du Super Bowl vont amorcer la défense de leur couronne en accueillant les Eagles, une équipe qu’ils ont affrontée durant le calendrier régulier, également au Raymond James Stadium.

C’était lors de la 6e semaine d’activités, et les Bucs s’étaient imposés au compte de 28-22. Cela peut sembler être une courte victoire étant donné l’écart d’une possession, mais une analyse plus approfondie nous permet de constater que Philly n’a jamais réellement été dans le coup; c’était 28-7 avec trois minutes à écouler au cadran, avant que Jalen Hurts n’orchestre deux poussées (trop) tardives pour le touché. Je ne veux rien leur enlever, mais ça me semblait être des calories vides. À ce moment de la saison, Tampa comptait plusieurs blessures à des joueurs importants en défense.

Ce qui ressort du lot lorsqu’on se penche sur la situation des Eagles, c’est la force de leurs tranchées. Ils misent sur une excellente ligne à l’attaque et leur ligne défensive s’acquitte également très bien de sa tâche. Immédiatement, je me dis que si les Bucs arrivent à avoir le dessus à la ligne d’engagement, les Eagles n’ont pas suffisamment de talent ailleurs sur le terrain pour tenir la route et faire la barbe à Tom Brady. Ainsi, « la » confrontation à surveiller est celle qui oppose l’attaque au sol des Eagles, classée no 1 dans la NFL, et la défense des Bucs, qui sans être au niveau de la fin de l’année 2020, demeurent au top-5 du point de vue statistique.

Possiblement en raison de la vague interminable de blessures et des cas de COVID-19, à leurs onze derniers matchs de la campagne, les Bucs ont été plus ordinaires contre la course, arrivant au 15e rang. Ce n’est donc pas hors de question que les Eagles parviennent à installer leur attaque terrestre en grugeant de précieuses minutes au tableau indicateur et en forçant le no 12 de l’autre club à rester sur les lignes de côté, son casque protecteur à la main. Et puis c’est l’évidence même, mais Hurts doit réussir une gestion sans faille du ballon. Il ne peut pas se mettre d’être coupable de revirements; son club ne s’en remettrait pas.

Pour les Bucs, un début explosif fait partie des éléments-clés, d’autant plus que s’ils y parviennent, les Eagles n’ont pas les munitions requises afin d’échanger coup pour coup. Ça fait un petit moment que Tampa n’a pas connu un départ canon, et ça doit s’améliorer. La bonne nouvelle, c’est que dans la confrontation de la semaine no 6, Brady avait complété 11 de ses 12 premières tentatives de passes, amassant 121 verges et décochant deux passes de touché. Les deux premières séquences de son attaque avaient chacune généré 75 verges et permis d’inscrire sept points.

Les Bucs ne veulent pas être pris à essayer d’arrêter le jeu au sol de Philly au 4e quart. Si ça se produit, ce ne sera clairement pas une bonne nouvelle.

J’ai hâte par ailleurs de voir le genre de couverture que les Eagles seront en mesure d’appliquer sur le gros Rob Gronkowski. À ses sept derniers matchs, Gronk a récolté 549 verges sur réceptions, et statistiquement, les Eagles constituent la pire unité défensive de la NFL en ce qui a trait à la couverture des ailiers rapprochés, qu’il s’agisse des verges, du nombre de réceptions ou des touchés. C’est écrit dans le ciel que le no 87 pourrait être appelé à être très occupé ce dimanche.

Finalement, malgré sa très belle fin de saison, j’aimerais souligner que la troupe de Nick Sirianni n’a pas remporté un seul match face à des clubs ayant terminé le calendrier avec une fiche gagnante (0-6). On félicite les Eagles d’avoir accédé aux éliminatoires dans une année où les attentes étaient modestes, mais ils ont beaucoup à prouver!

49ers c. Cowboys (dimanche, 16 h 30)

L’une des confrontations les plus fascinantes du 1er tour, ce match entre les Niners et les Cowboys mettra aux prises une équipe dont le ratio de revirements a été de +14 (34 revirements provoqués, un sommet dans la NFL) et une autre qui malgré sa fiche de 10-7 a remis le ballon 24 fois à l’adversaire, pour un différentiel médiocre de -4.

Instantanément, c’est une chose qui m’effraie pour San Francisco. C’est loin d’être idéal, une équipe généreuse en revirements qui se présente au domicile d’un club misant sur une défense hyper opportuniste. C’est donc la 1re question que je pose : les 49ers sont-ils en mesure de bien protéger le ballon? Si la réponse est oui, ils ont des chances de causer la surprise à Arlington. Après tout, dans les cinq matchs où ils n’ont pas commis de revirement, leur fiche est immaculée. Même que lorsqu’ils se font coupables d’un seul revirement, leur bilan reste excellent, à 3-1.

Remarquez que ce que je viens d’exposer est un couteau à deux tranchants. Car inversement, on peut se demander ce qui se produira si Dallas n’arrive pas à faire preuve de son opportunisme habituel? C’est une unité défensive qui concède beaucoup de verges, et souvent, c’est par les « splash plays » qu’elle vient sauver la mise. Je fais référence ici aux interceptions, aux sacs du quart et aux plaqués pour des pertes. Cette année, lorsque ces jeux n’étaient pas au rendez-vous pour les Cowboys, ça menait plus souvent qu’autrement à des défaites.

Par ailleurs, le défi le plus imposant pour la défense des Cowboys est de limiter l’efficacité du jeu des 49ers par la course. Avec des schémas de jeux exotiques et variés, les Niners battent souvent les adversaires avant même que le ballon ne soit remis au quart. Leurs formations et leurs mouvements avant la remise peuvent devenir étourdissants. C’est toujours un casse-tête potentiel si la défense rivale ne guette pas ce qui l’attend au tournant et ne s’y ajuste pas.

Quand je vois que les réservistes (et je pourrais même dire les réservistes de ces derniers) des Eagles ont gagné 94 verges au sol contre Dallas lors de la 18e semaine, et les 190 verges allouées au champ-arrière des Broncos de Denver lors de la 9e semaine, je me dis que la défense contre la course est vulnérable et qu’il s’agit d’une lacune qui ne demande qu’à être exploitée. 

La commande pour la formation de Kyle Shanahan est on ne peut plus claire : on court, on convertit les 3es essais avec régularité, on empile les jeux de façon à contrôler le temps de possession, on s’assure que le ballon parte des mains de Jimmy Garoppolo rapidement. Bref, tout pour contrer la principale force des Cowboys, qui est d’appliquer de la pression et ainsi tendre un piège à ses opposants. 

Du côté offensif, Dallas a également besoin de se nourrir du jeu au sol. Ça devient nécessaire lorsque tu vois que les Nick Bosa, Arik Armstead et Arden Key sont prêts à attaquer Dak Prescott advenant que l’attaque devienne unidimensionnelle. Ezekiel Elliott et Tony Pollard devront amener de l’eau au moulin eux aussi, à défaut de quoi Prescott sera durement mis à l’épreuve. Si cette contribution se ressent, les Cowboys peuvent faire du dommage par la voie des airs, car la tertiaire des Niners n’a absolument rien de terrifiant; c’est même une de leurs faiblesses les plus importantes.

Le bilan final des Cowboys a été de 12-5, et la moitié de leurs victoires ont été acquises en dominant la division Est de la Nationale (6-0). Contre le reste du circuit Goodell, c’est beaucoup moins convaincant, à 6-5. Ça me porte à croire que ce n’est pas gagné d’avance, et que cette confrontation n’augure rien de facile. Les Niners forment une équipe robuste qui présente le genre de jeu au sol que tu ne vois à peu près jamais, avec les Deebo Samuel, Elijah Mitchell et compagnie.

Cardinals c. Rams (lundi, 20 h 15)

Comme c’est le cas dans l’Américaine avec le match Patriots-Bills, on aura droit à une rencontre opposant des rivaux de division dans la Nationale, et c’est ce choc qui conclura le 1er tour éliminatoire.

Si on se rapporte au début de la saison régulière, les Cards avaient pilé sur le corps des Rams lors de la 4e semaine, s’imposant par la marque de 37-20. Ils avaient alors engrangé 216 verges de gains au sol en 40 courses, le tout agrémenté d’une récolte de deux touchés. Kyler Murray avait été excellent, et ce qui avait fait particulièrement mal à L.A., ça avait été une interception lancée par Matthew Stafford et un échappé de Sony Michel recouvré par l’Arizona. Ça avait directement mené à deux des quatre touchés des Cards.

Dans le 2e vis-à-vis, ça avait été tout le contraire, alors que les Rams avaient imposé leur volonté, en route vers un gain de 30-23. Ce sont les Cards, cette fois, qui s’étaient fait coupables de deux revirements menant à une récolte de 14 points de Los Angeles.

Quand je regarde dans les deux matchs dans leur ensemble, les deux attaques ont réussi à faire avancer le ballon avec aisance. Chacune a été en mesure de faire plusieurs visites dans la zone payante, et ce sont les revirements qui ont fait la différence.

Je serai intrigué de voir le genre de rendement qu’offrira Matthew Stafford, un quart peu habitué aux matchs éliminatoires malgré sa longue feuille de route dans la NFL. Cet athlète de grand talent, les Rams ne sont pas allés le chercher pour se contenter d’une présence au 1er tour éliminatoire; il est là pour les conduire au Super Bowl, rien de moins. La pression est donc énorme sur lui, peu importe ce qu’on dit. Ne l’oublions pas, les Rams ont participé au plus grand match de l’année avec Jared Goff, il y a de cela trois ans. 

La question principale que l’on se pose à son endroit est la suivante : est-il capable de disputer du football propre, sans bavure? Car juste à ses trois derniers départs, il totalise sept interceptions, dont quatre ont été ramenées par l’équipe adverse pour des touchés. Disons qu’il a été très généreux dans le dernier droit, souvent par qu’il tente de provoquer les choses au lieu de rester discipliné.

On en a eu un bel exemple en prolongation contre les 49ers, alors que sur 1er essai et 10, il a choisi d’attaquer les zones profondes vers Odell Beckham fils avec une passe qui manquait de doigté. Son receveur n’était pas démarqué, et il n’avait simplement pas de raison d’y aller de façon aussi osée. C’est ce genre de prise de décisions qu’on lui reproche depuis plus d’un mois maintenant.

De l’autre côté, on a hâte de voir comment se comportera Kyler Murray à son 1er match éliminatoire. Depuis son retour au jeu de blessure, c’est couci-couça, pour être franc. Son jeu est empreint d’inconstance. Va-t-il bien protéger le ballon? Va-t-il courir suffisamment? La mise à contribution de sa grande mobilité est essentielle à la victoire des Cards. Lors du 2e match, il avait subi quatre sacs et avait été frappé un total de six fois. On se souviendra qu’Aaron Donald ne l’avait pas lâché d’une semelle. C’est toujours le même refrain avec le no 99 des Rams : il faut tenter de limiter ses jeux explosifs. Il est impossible d’enrayer un joueur aussi talentueux pendant 60 minutes, mais il ne peut s’amener librement toute la soirée aux dépens de Murray.

C’est non seulement le 1er match de Murray en calendrier d’après-saison, mais aussi celui de son entraîneur-chef Kliff Kingsbury. Comment gérera-t-il certaines situations corsées? On sait qu’il n’a pas peur de tenter sa chance sur 4e essai lorsque c’est ce que recommandent les statistiques avancées. Sera-t-il aussi téméraire lorsqu’une victoire ou une défaite éliminatoire sera à l’enjeu? C’est ce qu’on verra dans quelques jours!

* propos recueillis par Maxime Desroches