Une fin de saison décevante
NFL mardi, 9 janv. 2018. 17:38 jeudi, 12 déc. 2024. 05:47On ne se le cachera pas, il n’y a pas des centaines d’opportunités pour te rendre jusqu’au bout dans la NFL. Il faut réaliser l’importance de chaque course aux éliminatoires, mais c’est certain que c’est très décevant quand tu sens que tu as l’équipe pour aller loin, mais que tu n’arrives pas à concrétiser en remportant les matchs qu’il te manque pour accéder à l’objectif ultime.
En regardant le portrait d’ensemble, je réalise à quel point tout tourne autour de la qualification en éliminatoires lors de la saison. Tu n’as que ça en tête durant 16 matchs. Une fois que tu décroches ton billet, tu penses uniquement à te rendre au Super Bowl et non pas à t’arrêter en plein milieu. Un revers au premier tour ça te frappe, car tu ne t’y attends pas. Tu as le sentiment d’une certaine façon d’avoir raté ton coup.
Lorsque je repense à cette défaite au premier tour éliminatoire contre les Titans du Tennessee, alors que je suis en route pour le Québec, je ne peux m’empêcher de voir ce match en deux temps. Au début nous étions véritablement en feu.
L’un de nos points faibles lors des derniers mois, c’était qu’on effectuait beaucoup de bottés de précision. Ce n’est pas pour rien que notre botteur, Harrison Butker a déjà été élu le joueur du mois sur les unités spéciales dans la AFC. Il concrétisait parfois cinq à six placements par match. C’est bien, mais ça veut aussi dire comme statistique qu’on laissait des points sur le terrain, alors qu’on n’arrivait pas à franchir la zone des buts. On se disait que ça allait être un point critique en éliminatoire et nous avons bien répondu à la situation en début de match. Nous avons inscrit trois touchés en quatre séquences et tout allait pour le mieux à l’attaque.
Je ne saurais mettre le doigt sur un seul élément qui explique que le vent ait changé de côté, alors que ça me parait davantage être la conséquence d’un ensemble de facteurs. On peut penser au touché de Marcus Mariota alors qu’il a attrapé sa propre passe qui avait été déviée pour ensuite franchir la zone des buts. Il y a eu aussi le sac de Derrick Johnson sur Mariota en fin de deuxième quart qui aurait pu être un échappé, mais il en a été autrement. Nous avons également raté un placement au début du troisième quart.
Je ne peux passer sous silence la blessure à Travis Kelce, ce qui a définitivement amputé d’une certaine façon notre jeu aérien. On a vu le momentum changer par la suite et nous n’avons plus été en mesure de retrouver notre rythme à l’attaque.
Ce qui m’a frappé, c’était la différence en ce qui concerne le jeu aérien. C’est certain que de perdre ta cible numéro un met beaucoup de pression sur les autres receveurs et on a commencé à voir des ballons échappés sur des troisièmes essais. En ce qui concerne la ligne à l’attaque, on savait que les Titans apportaient beaucoup de pression. On était bien préparé et Jurrell Casey a été une pièce clé de leur ligne défensive. On sait que lorsqu’on peut apporter une bonne protection à notre quart Alex Smith, il est précis et efficace. Nous voulions lui fournir cette protection et nous avons été en mesure de le faire lors de la majortié du match.
Il faut aussi donner du crédit aux Titans dans cette rencontre. Il sont notamment parvenus à amasser un peu plus de 200 verges au sol, ce qui est tout un exploit.
À la télévision, le match dure quatre heures, mais il faut savoir que sur le terrain, on dirait que le match ne dure que 30 minutes tellement tout est en accéléré. On n’a donc pas le temps de s’attarder sur ces jeux et de se plaindre sur le moment. Le sac de Johnson a tout de même arrêté la progression de leur attaque et nous avons pu embarquer sur le terrain, alors qu’ils ont dû se contenter d’un placement.
C’est certain qu’une fois le match terminé, on repense à tous ces événements et on se demande ce qui serait arrivé si le revirement avait été bon, si on avait pu ramener le ballon dans leur zone des buts après la transformation de deux points ratée en fin de match et si notre placement avait été réussi. C’est certain que tous ces « si » auraient pu nous permettre de remporter la partie, donc de ce point de vue, c’est certain que c’est décevant.
À lire également
Un bilan aussi en deux temps
Lorsque je regarde cette dernière saison sur le plan individuel, je réalise que tout comme cette dernière rencontre, elle a été en montagnes russes. J’ai commencé l’année en lion. Je me sentais très bien lors de nos deux premiers matchs contre les Patriots et les Eagles. Je me suis cependant blessés au genou sur le deuxième jeu lors du quatrième match de l’année. Après avoir raté quelques matchs, j’avoue avoir eu besoin de deux à trois semaines supplémentaires pour me remettre dans le bain à mon retour au jeu. C’est quelque chose d’avoir le feu vert de l’équipe médicale, mais c’est autre chose d’avoir pleinement confiance en mon genou. Ça prend un certain temps dans ce genre de blessure afin d’avoir confiance à 100% sur le terrain pour effectuer tous les mouvements. Une fois cette période d’ajustements derrière moi, j’ai su poursuivre ma progression et les entraîneurs m’en ont d’ailleurs fait part lors du bilan à la fin de la saison.
On ne se le cachera pas, je n’ai pas le même bagage de football et d’analyse du sport qu'ont plusieurs autres joueurs. Cet aspect n’affecte pas ma capacité à appliquer les algorithmes de protection, mais plutôt celle à réagir face à l’imprévue. Je dois pouvoir m’ajuster, peu importe la situation, et que le tout devienne une seconde nature chez moi. J’ai fait un pas dans la bonne direction lors du dernier quart de la saison. C’est évidemment plaisant de voir les résultats de tout ce travail et c’est possible lorsque je suis opposé à de très bons joueurs comme ce fut le cas lorsque j’ai été confronté à Ndamukong Suh des Dolphins de Miami.
La fin de l’année est certes décevante, mais ce type de souvenirs donne envie de retourner au gym le plus rapidement possible et prendre soin de mon corps pour être le plus dominant possible la saison prochaine. Perdre plus tôt que prévu m'offre tout de même un trou dans mon horaire. Je vais pouvoir me reposer un peu et commencer à planifier mes études.
Déjà du changement
La saison vient à peine de se terminer, mais on sait déjà que le visage des Chiefs sera différent la saison prochaine alors que les Bears de Chicago ont embauché notre coordonnateur à l’attaque, Matt Nagy. J’ai beaucoup de respect pour Nagy et il faut dire que son ascension dans la NFL a été fulgurante. C'est tout à son honneur. Il était entraîneur des quarts il y a deux ans et il est maintenant devenu entraîneur-chef. Il est un bon meneur et c’est un entraîneur avec qui il est possible de s’entretenir.
À 39 ans, il fait partie de cette nouvelle vague d’entraîneurs comme ceux des Rams et les 49ers. Je lui souhaite beaucoup de succès et c’est certain que son départ laisse un trou chez les Chiefs. On a perdu Doug Pederson il y a deux ans et c’est au tour de Nagy cette saison. Il y a beaucoup de trous à combler, mais je ne suis nullement inquiet que coach Reid va trouver du renfort.
Les Chiefs vont encore miser sur une bonne équipe la saison prochaine et il s’agira de savoir élever notre jeu d’un cran au bon moment. Il faudra être l’équipe à battre à la fin de la saison afin d’entrer dans les éliminatoires avec le momentum et se rendre, espérons-le, jusqu’au bout.
*Propos recueillis par Maxime Tousignant