MONTRÉAL – La beauté du sport universitaire, c’est que les équipes ne regorgent pas uniquement d’athlètes intrigants, mais avant tout d’un mélange de futurs enseignants, gestionnaires, comptables, informaticiens, avocats, ingénieurs et bien plus. Jordan Perrin, lui, ambitionne de créer une application qui fera fureur à travers la planète.

 

Si le football est au cœur de la vie du demi de coin étoile des Carabins de l’Université de Montréal depuis 15 ans, c’est maintenant son côté entrepreneur qui le fait rêver.

 

Cette application NightPlann vise à fournir un outil pour choisir comment agrémenter vos soirées. L’idée a germé dans la tête de Perrin alors qu’il était en voyage en Floride avec des amis.

 

« On ne savait juste pas quoi faire, où sortir, où aller manger au restaurant. Toutes les places qu’on trouvait en faisant des recherches sur internet, le budget était vraiment fou », a raconté Perrin avant d’entamer une séance d’entraînement avec les Bleus.

 

Perrin venait de trouver le projet qui allait définir son champ d’études universitaires.

 

« C’est par la suite que je m’y suis intéressé via l’école avec le HEC, je pouvais apprendre sur ce que je faisais tous les jours », a-t-il expliqué avec l’intention de mener cette entreprise à terme.

 

« L’école est venue me confirmer des choses apprises par les essais et erreurs dans mes démarches. Des fois je me dis "Ah, avoir su avant..." »

 

Bien des étudiants s’arrêtent toutefois aux étapes initiales d’une idée. La réalisation demeure le plus grand défi d’un tel projet et c’est encore plus vrai pour un jeune qui doit cumuler études, football et affaires.

 

« J’ai dû sacrifier beaucoup, j’ai fait des journées de 12-15 heures et des nuits blanches avec mon équipe pour préparer des choses, des documents. Tu finis par perdre des amis, des personnes proches. Ce n’est rien de personnel, tu dois parfois faire des sacrifices. Je suis content de l’avoir réalisé jeune, d’avoir compris que le futur appartient à ceux qui se lèvent tôt et qui vont travailler. Il n’y a rien de donné dans la vie. C’est comme au football, si tu veux un poste, tu dois aller le chercher », a exposé Perrin, un bon communicateur.

 

Puisqu’il évolue dans un milieu aussi motivant intellectuellement, on aurait pu croire que Perrin a bénéficié d’un mentorat, de l’aide d’un ancien de l’UdeM qui redonne à la jeunesse.

 

« Pas vraiment, le support est plus provenu à l’intérieur de l’équipe. Je pense avant tout à Paulo St-ViIlien (Paul Eddy Saint-Vilien, l’ancien coordonnateur défensif), c’est la personne qui m’a dit "Qu’est-ce que tu attends, go! En autant que tu sois capable de gérer le foot et l’école". II y a aussi des gars comme Marco (Iadeluca, qui vient de partir) et Danny (Maciocia). Ils savent que le football ce n’est pas une carrière qui va durer jusqu’à 60 ans, ils m’ont vraiment supporté. Ils m’ont encouragé à intégrer ça dans ma vie de tous les jours », a décrit le numéro 23.

 

Maciocia ne s’est pas trop fait prier pour appuyer les démarches de son protégé.

 

« C’est quelqu’un qui avait toujours des projets, depuis la première journée avec nous. Il s’exprime très bien, tout le monde l’aime, les gens veulent être autour de lui.

 

« Mais je lui ai dit que ça ne m’intéresserait pas d’aller sur son application quand je vais chercher une suggestion. Je vais l’appeler et je m’attends à de petites faveurs de sa part », a rigolé Maciocia.

 

L’entraîneur des Carabins a constaté que le membre de l’équipe d’étoiles en 2017 possédait la détermination nécessaire pour atteindre ses buts.

 

Jordan Perrin« Dès ta première rencontre avec lui, c’est le genre de jeune que tu veux écouter, tu es intéressé par ce qu’il dit. Tu veux l’aider. Je suis convaincu qu’il y a toute une histoire qui l’attend.

 

« Il a travaillé fort pour respecter nos conditions avec les séances en gymnase, les entraînements, les vidéos, les cours. Ça démontre à quel point il est sharp et motivé. Quand tu vois des jeunes comme ça, des étudiants athlètes avec ce genre d’éthique de travail, tu sais qu’ils vont réussir », a vanté Maciocia.

 

Perrin pourrait se laisser tenter par une occasion dans la LCF, mais il a déjà tracé une limite. 

 

« Ma priorité sera mon projet d’entreprise, tout ça a été mis au clair avec ma famille, mes amis et mes entraîneurs. Mais, si une opportunité se présente, je ne vais pas dire non. Ça fait quand même 15 ans que je joue au football. Je vais probablement vouloir y tremper les pieds pour voir c’est quoi, mais ma priorité restera mon baccalauréat et mon entreprise », a mentionné l’athlète de 23 ans.

 

La décision s’explique facilement puisque Perrin vise très grand pour son projet qui est rendu à la version bêta afin d’effectuer des tests. Il est parvenu à dénicher des sommes intéressantes en financement et voici où il s’imagine dans ses rêves les plus fous.

 

« Dans une vision parfaite, on serait déjà rendu à l’international dans un an. J’aimerais me rendre au niveau d’Uber, Airbnb, Facebook et toutes les grosses applications. Je m’inspire beaucoup de leur approche et de leurs innovations. Je me vois en Californie dans cinq ans », a conclu celui qui s’est entouré d’une solide équipe de programmeurs notamment.

 

Il sait également que son autre équipe, celle des Carabins, sera au rendez-vous pour mousser son application quand le lancement officiel aura lieu.