Coupe Dunsmore : deux frères au coeur d'une grande rivalité
Universitaire jeudi, 9 nov. 2017. 23:36 vendredi, 13 déc. 2024. 21:52MONTRÉAL – Petite devinette : qui pourrait bien souhaiter que le match de la coupe Dunsmore entre les Carabins de l’Université de Montréal et le Rouge et Or de l’Université Laval se termine par le pointage de 3 à 0?
On ne peut pas blâmer cette personne, il s’agit de la mère de Brian et Kean Harelimana qui évoluent respectivement pour les Carabins et le Rouge et Or au poste de secondeur. Déchirée à l’idée de voir ses deux fils s’affronter pour la première fois dans un match éliminatoire, elle pourra à tout le moins encourager les unités défensives des deux équipes.
C’est la première année qu’elle se retrouve dans cette situation particulière puisque ses deux fils ont eu le privilège de jouer ensemble à leurs débuts dans le football civil ainsi qu'à l’école secondaire et au niveau collégial.
Tout laissait croire que le scénario idéal allait se poursuivre au passage universitaire. Brian, l’aîné, a fait son entrée avec les Carabins en 2016. Mais son petit frère a causé la surprise l’année suivante en préférant voler de ses propres ailes dans l’environnement du Rouge et Or.
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« C’est un moment qui a été difficile », a admis d’emblée le secondeur des Carabins.
« Il m’avait averti le jour avant qu’il allait prendre sa décision le lendemain. Je sentais qu’il avait un petit penchant pour Laval, il avait vraiment aimé sa visite là-bas et l’un de ses bons amis, Zack Fitzgerald, qui a joué avec nous à Vanier, avait choisi le Rouge et Or. J’ai été le premier à apprendre sa décision. Au début, j’étais un peu déçu, même si j’étais content pour lui. C’était un peu difficile à avaler, mais j’ai accepté avec le temps », a détaillé Brian qui s’est taillé une place sur l’équipe d’étoiles du RSÉQ.
En y réfléchissant quelque peu, il a fini par se dire que ça pouvait être positif que son frère puisse vivre ses propres expériences.
« C’est comme ça que je l’ai vu. Il a sa vie à vivre, il n’est pas obligé de venir jouer avec moi. J’ai compris sa décision. »
Même s’il a choisi le camp ennemi, Kean a pu continuer de bénéficier des conseils de son grand frère. Après tout, la marche est haute entre le calibre collégial et universitaire.
« C’est sa première saison, j’ai pu vivre ça l’an passé. Je lui ai donné des trucs. C’était plus difficile pour lui au début parce qu’il n’était pas partant, je l’ai supporté moralement. Je faisais mon travail de grand frère sauf pour les matchs contre nous ! », a lancé Brian qui partage un style similaire à Kean.
Durant la saison, les Carabins et le Rouge et Or ont partagé les honneurs de leur série de deux confrontations. L’enjeu grimpe toutefois de plusieurs crans, samedi, et c’est encore plus vrai pour les frères aux origines rwandaises qui n’ont jamais eu la chance de remporter un championnat ensemble.
Cette disette prendra fin pour l’un des deux avec cette finale québécoise.
« Effectivement, c’est pour ça que ce match a tant d’importance. Ce sera l’un ou l’autre, ce match a beaucoup de valeur », a admis Brian.
Son entraîneur Danny Maciocia sait qu’il n’est pas du style à manquer de motivation. Il convient tout de même que la rivalité fraternelle devrait lui en procurer une dose supplémentaire.
« Oui, probablement, c’est certain qu’ils vont se parler du résultat durant la saison morte quand ils seront ensemble comme au réveillon de Noël. Mais il réalise aussi que notre équipe a l’occasion d’aller chercher cette victoire pour continuer de jouer », a indiqué Maciocia.
Cela dit, peu importe l’issue de la confrontation, il ne faut pas s’attendre à voir le gagnant se moquer du perdant. Après tout, les deux frères n’ont jamais été du genre à se chamailler dans leur jeunesse.
« On est vraiment très proches, on ne se battait jamais à la maison. On s’entend toujours bien, je ne pense pas que l’un va narguer l’autre. On serait plus du style à se souhaiter bonne chance pour le reste. C’est sûr que c’est à Noël qu’on va en parler plus, mais on n’ira pas trop loin », a expliqué Brian qui ne s’attend donc pas à recevoir un chandail du Rouge et Or comme cadeau de Noël s’il se retrouve dans le camp des perdants samedi.
L’histoire intrigante de ce duo de frères ne s’arrête pas là. Dans les années entourant leur naissance, leur père se déplaçait souvent pour des raisons professionnelles. Brian est donc né au Kenya tandis que Kean a vu le jour en Afrique du Sud. Les deux frères ont quitté le continent africain vers le Québec avec leur mère à la séparation de leurs parents. Ils n’étaient âgés que de deux ans et un an environ. Deux décennies plus tard, ils s’assurent encore de rendre visite à leur père au Rwanda durant la période estivale.
L’autre élément fascinant de leur récit concerne leurs habiletés. Si tout se déroule comme prévu, ils pourraient accéder à une carrière professionnelle dans quelques années. Ils seraient bien heureux d’accomplir leur objectif, mais ils ne peuvent expliquer d’où vient leur talent athlétique.
« On se questionne souvent là-dessus. Ça vient sûrement du fait qu’on jouait toujours dehors et qu’on touchait à tous les sports dans notre enfance à Laval », a raconté Brian en riant.
Peu importe l’explication derrière leurs aptitudes, Maciocia se réjouit de miser sur la moitié de l’équation.
« Je suis très satisfait de tout ce qu’il amène comme individu et comme joueur de football. C’est tout un leader, tu vois que c’est probablement un futur capitaine d’équipe. Déjà, il est bien respecté dans le vestiaire. Il a une très bonne tête de football, il comprend ce qui se passe. Il couvre beaucoup de terrain, il est très actif et il va s’imposer physiquement. Quand tu as de telles qualités, c’est sûr que tu peux accomplir de belles choses », a vanté Maciocia.
Qui sait, peut-être que leur destin leur permettra d’être réunis de nouveau pour l’étape professionnelle.