Un potentiel à long terme avec Adam Long pour Julien Trudeau
Golf jeudi, 11 juin 2020. 08:00 jeudi, 11 juin 2020. 10:48
« Ce sera difficile de sortir de la routine et des erreurs arriveront » 3:16
RDS et RDS Direct présenteront les ronde 3 et 4 de la Clsssique Charles Schwab samedi et dimanche.
Classement
MONTRÉAL – La scène est digne d’un film : Graham DeLaet et son cadet Julien Trudeau, sac à l’épaule, qui doivent courir un sprint de 150 verges! Pourquoi? Pour éviter une bête disqualification alors que Trudeau s’était trompé sur l’heure de départ de son golfeur.
La vie d’un cadet professionnel est remplie de péripéties et d’anecdotes. Celle-ci, Trudeau ne l’oubliera jamais et il la décrit comme le pire moment de sa carrière depuis ses débuts dans ce rôle au sein de la PGA en 2012.
À lire également
« C’était ma faute. Finalement, j’ai réalisé mon erreur à deux minutes de notre départ. On a couru aussi vite qu’on a pu jusqu’au premier tertre. En arrivant, le cœur battait à 100 milles à l’heure et Graham a commencé son tournoi avec un mauvais coup. Oh qu’il n’était pas content ! Mais j’ai été chanceux, il sauvé sa normale et il a enchaîné avec un birdie au deuxième trou grâce à un magnifique coup de fer 5 dont je me souviendrai toujours. Après, il m’a dit après ‘Écoute, ne fais plus jamais ça. On est correct, mais il ne faut pas que ça arrive de nouveau. J’ai appris une leçon ce jour-là et disons que ça n’a pas été le 20 minutes le plus agréable pour moi », a confié Trudeau dans le cadre d’une généreuse entrevue, mardi, en prévision du retour à l’action de la PGA.
« Mais c’est ça qui arrive quand tu travailles pour un bon joueur, il te sort du trouble », a poursuivi Trudeau alors que DeLaet était classé dans l’élite mondiale avant d’être freiné par des ennuis au dos.
DeLaet était si dominant à cette époque qu’il avait été sélectionné par le capitaine Nick Price sur l’équipe internationale de la Coupe des Présidents. Trudeau a donc vécu les moments les plus vibrants de son parcours quelques mois après sa gaffe dont il peut rire aujourd’hui.
Pour une rencontre importante du samedi après-midi, DeLaet et Jason Day avaient croisé le fer avec Phil Mickelson et Keegan Bradley. Au 18e trou, le Canadien avait calé une approche pour exploser de joie et Trudeau ressent encore des frissons quand il y repense. Toutefois, Bradley avait répliqué avec un long roulé pour conclure le duel à égalité. Trudeau a tout de même été un témoin privilégié de cette aventure de DeLaet qui a brillé dans cette compétition avec une fiche de 3-1-1.
Les ennuis de santé de DeLaet ont bousculé les plans de Trudeau. En 2018, il a dû se débrouiller pour dénicher des contrats, à gauche et à droite, avec différents golfeurs. Durant cette période, ce n’était pas évident pour lui de conseiller ces athlètes quand ils ne les côtoyaient uniquement quelques jours.
Ironiquement, Trudeau a trouvé son nouveau partenaire, Adam Long, peu de temps après le premier triomphe de celui-ci sur le circuit de la PGA. L’association avec Long, 32e au classement FedEx, se déroule très bien depuis un an, mais le lien avec DeLaet demeure très fort.
« C’est sûr que, dans mon cœur, Graham sera toujours ‘mon gars’. Je lui parle toujours, on est des amis. Il pense revenir probablement juste en automne. Il ne sera jamais à 100%, mais s’il peut être à 90%, il est tellement bon qu’il pourrait se démarquer. Sa carrière n’est pas finie. S’il revenait et qu’il était en super bonne forme, je ne dirais jamais que je resterais avec Adam pour encore 10 ans. Mais, pour l’instant, je m’entends très bien avec Adam et c’est un bon joueur. Il est solide et on a eu d’assez bons résultats depuis avril dernier », a révélé Trudeau.
La meilleure performance est survenue, au Mexique, en novembre dernier, avec une deuxième place au Tournoi Mayakoba.
« On a dû compléter le tournoi le lundi, il y avait tellement eu de pluie en début de semaine. On reprenait avec un roulé de 10 pieds au 16e trou et Adam l’a mis dedans. Il m’a dit ‘Julien, il n’y avait aucune chance que je le manque !’ Je le sentais mentalement tellement fort. Au 17e, il a fait un putt de 30 pieds pour le birdie. Au 18e, on a probablement choisi le mauvais bâton pour sortir de l’herbe longue et Brendon Todd a sauvé sa normale avec un superbe coup pour l’emporter », s’est rappelé Trudeau alors que Long (grâce à une dernière ronde de 66), Carlos Ortiz et Vaughn Taylor avaient partagé la deuxième place.
Quand il regarde le portrait, Trudeau estime que son alliance avec Long détient un potentiel à long terme. Le courant passe également entre la conjointe de Trudeau, Mallory Blackwelder Trudeau, et celle de Long.
Il faut dire que la victoire de Long, en janvier 2019, a changé sa carrière et elle facilite le travail des deux hommes.
« Avant de gagner, il ne lui restait pas beaucoup d’événements pour lesquels il était assuré de jouer. C’était une recrue, il n’avait pas un statut incroyable sur le circuit avant ça. Ce n’est pas tant financièrement, mais plus pour la confiance et les privilèges qui suivent pour mieux planifier notre horaire », a convenu Trudeau.
Au niveau sportif, le Québécois n’est pas gêné d’admettre que DeLaet « frappe mieux la balle » que Long.
« Il était l’un des meilleurs strikers du monde pendant deux ans autour de 2012 à 2014. Il était écoeurant avec ses fers et ses bois. Dans l’ensemble, Adam est solide partout », a jugé Trudeau qui voit surtout un parallèle entre eux du côté psychologique.
« Il y a quelque chose avec les joueurs qui se rendent sur le circuit, je le vois. Moi je ne l’avais pas. Un petit quelque chose mentalement : une intensité, un focus. Je suis passé proche de me rendre, mais je ne l’avais pas. Ces deux gars-là ont définitivement ça! Graham était un peu plus intense, mais c’est juste sa personnalité », a avoué Trudeau avec franchise.
Dommage pour les partisans
Le cadet, qui a vécu à Saint-Lambert avant de déménager en Arizona, sonne optimiste par rapport au niveau de jeu de son partenaire pour le Défi Charles Schwab qui relance la saison. Outre un petit rattrapage, ça devrait bien se dérouler.
« C’est sûr qu’on devra en faire un peu, mais pas beaucoup. C’est juste que s’il travaille sur un petit aspect de son jeu, je vais être attentif là-dessus. Quand tout est arrivé en mars, il jouait très bien donc j’imagine que ça va continuer. Il n’a pas pratiqué autant qu’à la normale, surtout que sa femme a accouché en avril, mais je pense que tous les joueurs étaient dans le même bateau en raison des circonstances de la pandémie », a réagi Trudeau au terme d’une ronde d’entraînement.
D’ailleurs, Trudeau, comme la majorité de ses confrères, collabore de près avec l’entraîneur de son golfeur, Josh Gregory.
« Je parle avec son entraîneur pratiquement après chaque ronde. On surveille certains éléments pour être sur la même longueur d’onde. Parfois, le coach peut avoir plus d’infos de la part du caddie que du joueur. Dans le sens qu’après une ronde, quand le joueur a une moins bonne journée, il n’a pas tant le goût de parler à son coach. Il veut qu’on te laisse tranquille et le caddie est plus ouvert à parler », a décrit Trudeau.
Son aide ne sera pas superflue puisque la compétition sera très féroce et pratiquement du calibre d’un tournoi majeur. 
« C’est dommage pour les gens du Texas, ils auraient pu voir Rory (McIlroy), Brooks (Koepka), Ricky (Fowler) et Dustin Johnson, des gars qui ne jouent pas ici normalement. Mais il y avait quelques partisans qui avaient trouvé un endroit derrière une clôture près du tertre de départ du 5e trou », a exprimé Trudeau qui s’est demandé, au plus fort de la pandémie, s’il allait devoir trouver un autre emploi en attendant la reprise des tournois.
« Le fait qu’il y ait un tournoi cette semaine, ce n’est pas un miracle, mais je trouve ça tout de même très impressionnant », a-t-il tenu à ajouter.
Wow pour Rory McIlroy et wow pour Bubba Watson
En tant que cadet, Trudeau jouit d’une proximité exceptionnelle pour admirer le talent des plus grands. Puisque le talent exceptionnel de Tiger Woods a fait le tour de la planète plusieurs fois, Trudeau a trouvé d’autres exemples pour décrire son émerveillement.
« Quand j’entends un joueur de la PGA dire ‘Wow!’ à propos du coup d’un autre, ça me frappe. En Chine, en 2013, on avait joué avec Justin Rose et Rory McIlroy et je me souviens d’avoir entendu Graham dire Wow à Rory. Je pense aussi au ‘Wow!’ de Graham en jouant avec Bubba Watson quand il a gagné à Hartford, on était avec lui dans le dernier groupe le dimanche. Il frappait des coups hallucinants, c’était fou comment la balle courbait. Il frappait des slices de 30 verges et il arrivait à 10 pieds de lu fanion, même Graham n’en revenait pas », a mentionné Trudeau.
« Pour Rory, ça veut dire ‘T’es bon en tabarouette’, il frappe la balle tellement solidement. Pour Bubba, c’est qu’il frappe des coups que personne d’autre ne peut voir, ne peut faire ou n’ose faire », a poursuivi le père d’une petite de 17 mois.
Le métier de cadet implique parfois quelques petites gaffes. Il touche du bois parce qu’il a évité, à la dernière seconde, deux erreurs de la sorte sur des distances erronées indiquées à son golfeur. Une maison a été épargnée à Tampa et un résultat désastreux sur une normale trois l’autre fois.
« Je ne sais pas s’il y avait juste un ange sur mon épaule qui me disait ‘Tu devrais checker ça encore une fois !’ Ça fait huit ans et ça ne m’est pas arrivé pour une différence flagrante. Mais après trois mois de pause, je devrai être vigilant », a conclu en riant Trudeau qui aime conserver une ambiance amusante avec ses partenaires.
