Confiant malgré une attente de 14 ans
Omnium canadien lundi, 21 juil. 2014. 20:26 mercredi, 11 déc. 2024. 20:54Pas moins de 14 ans d’attente dans une carrière de golf, c’est l’équivalent d’une véritable éternité qui a été marquée d’une bataille contre le cancer par surcroît. Voilà la durée qui sépare le jeune Dave Lévesque à sa première participation à l’Omnium canadien et l’expérimenté Dave Lévesque qui amorcera sa deuxième tentative jeudi.
Même s’il est âgé de 40 ans, Lévesque se présente avec la motivation trépidante d’un nouveau venu sauf qu’elle est jumelée à la maturité d’un renard rusé qui est persuadé de pouvoir tirer son épingle du jeu face à un contingent relevé de la PGA incluant les Dustin Johnson, Matt Kuchar, Jim Furyk et Ernie Els.
Mieux que cela, Lévesque assure qu’il se présente avec l’intention de gagner le 105e Omnium canadien qui se déroule au Royal Montréal pour la 10e fois.
« Je suis ici pour viser la victoire et je m’attends à bien réussir », a clamé Lévesque qui s’appuie sur l’énorme fossé entre ses deux expériences pour espérer le meilleur.
« Ce n’est pas pareil du tout. À l’époque, tout m’impressionnait et j’avais tout à apprendre. Maintenant, j’ai passablement fait le tour et j’ai participé à des compétitions d’envergure avec de grands joueurs », a-t-il précisé.
Pour son baptême de l’Omnium canadien alors qu’il était une recrue à ses premiers balbutiements professionnels, Lévesque avait foulé l’intimidant parcours de Glen Abbey et Tiger Woods avait mérité le plus gros chèque.
« À ma première participation, je n’avais jamais joué sur des verts aussi rapides et avec de l’herbe aussi longue. Maintenant, je sais quelle montagne j’aurai à affronter cette semaine et ce seront surtout des défis mentaux dont ceux de gérer les émotions et la nervosité », a visé le volubile golfeur.
Ce travail psychologique devra aussi se transposer sur le terrain qui tombe dans ses cordes selon ses dires.
« Le parcours requiert un mélange de tout et c’est ce qui a fait ma force dans les dernières années. Tu ne peux pas frapper des coups identiques sur tous les trous. Tu dois varier les trajectoires dont sur les départs alors que certains trous exigent de la puissance et d’autres de la finesse », a analysé celui qui a été frappé par un cancer il y a 10 ans.
Cette épreuve exigeante et l’épreuve du temps ont fait leur œuvre sur le niveau de jeu de Lévesque qui s’est raffiné pour atteindre l’état actuel lui permettant de remporter le Championnat de la PGA du Canada et l’Omnium du Québec.
« Un gros changement est survenu dans mon jeu il y a six ans environ et je me suis mis à gagner dans les dernières années. J’ai plus de maturité et le fait d’avoir combattu le cancer m’a aidé à relativiser les choses après un certain temps. Ça remet les choses en perspective et tu te rends compte que ce n’est pas si grave que cela dans la vie de manquer un coup ou les rondes finales », a raconté le fier compétiteur.
Arrivé à un point très intéressant de sa carrière, Lévesque peine à identifier ses prochains objectifs à atteindre car il se concentre sur sa prochaine cible.
« Je connais le terrain et je suis au sommet autant physiquement que mentalement par rapport à mon élan. Après le cancer, j’ai eu besoin d’environ deux saisons pour retrouver mon aplomb puisque les traitements m’avaient affaibli. Sauf que mentalement, je suis 10 fois plus fort que je l’étais auparavant avec ce que j’ai traversé », a souligné le droitier.
Des adversaires intimidants?
En vertu de son expérience, Lévesque peut croire en ses capacités et mieux les évaluer qu’à un stade précoce d’une carrière. Cependant, il devra poursuivre sur sa lancée en rivalisant d’adresse avec l’élite mondiale qui se veut parfois déstabilisante.
« C’est certain que les premiers trous pourraient être plus énervants en arrivant samedi ou dimanche avec une grosse vedette sur mon groupe. Mais j’ai appris par le passé que la nervosité sert bien mon jeu et je réagis bien quand l’intensité grimpe », a nuancé Lévesque.
« Je connais mes adversaires parce que je les regarde à la télévision depuis de nombreuses années et je suis persuadé que je peux bien faire contre eux sur ce terrain », a-t-il assuré.
Ce climat stressant pourrait aussi provenir de l’appui de la foule. Bien sûr, les milliers d’amateurs se rueront sur les vedettes d’abord, mais Lévesque devrait attirer une certaine dose d’attention.
« Si je me fie au passé, je m’adapte bien à cela. J’aime l’intensité que ça ajoute et c’est toujours une bonne chose quand la foule te suit. On est là pour donner un spectacle et je pense que je peux le faire. »
Gagnant sa vie avec le golf, Lévesque aurait adoré faire sa place sur le circuit de la PGA avec les meilleurs de la profession, mais il n’a pu y parvenir en raison de certains manques dont un en particulier.
« Des sous! Ce fut un peu mon combat même si j’ai été chanceux d’être supporté par beaucoup de personnes sur le circuit canadien. Mais ça demeure le nerf de la guerre car il faut non seulement voyager, mais bien voyager étant donné que ce sont les détails qui font la différence. Par exemple, bien dormir dans un lit confortable coûte plus cher qu’un lit dans un Motel 6 de base. C’est la même chose avec l’alimentation et le fait de pouvoir prendre l’avion plus souvent au lieu de surtout se déplacer en automobile », a identifié Lévesque.
Au moment de renouer avec l’action de l’Omnium canadien, Lévesque admet qu’il a commis une erreur de jeunesse en sous-estimant le processus pour se qualifier en vue de ce tournoi d’envergure.
« Je m’étais dit que c’était facile et que je le referais chaque année. Quatorze ans plus tard, on se rend compte que ce n’est pas si facile de participer à cette compétition, mais faire un retour après tout ce temps, ça boucle la boucle », a laissé tomber Lévesque avec le sourire accroché au visage.
Voguant sur une excellente séquence, Lévesque semble connaître la meilleure saison de sa carrière, mais il n’est pas encore prêt à lui apposer cette étiquette car il rêve à bien davantage.
« Je ne pourrais pas dire cela surtout qu’elle n’est pas complétée. Pour l’instant, elle se déroule très bien, mais on verra où elle me mènera et de participer à ce tournoi, c’est un superbe cadeau », a conclu le golfeur au regard clair et déterminé.