Vrai pour la beauté de l’endroit, vrai pour l’arrivée du printemps, vrai pour le début (habituellement) de la saison de golf au Québec, vrai pour la tradition et le petit côté mythique. En fait, à chacun sa façon d’interpréter la tenue du Tournoi des Maîtres, personne ne devrait s’en formaliser.

Cette année, on peut même ajouter une petite note historique supplémentaire en célébrant le dixième anniversaire de la victoire du gaucher canadien Mike Weir.

Je vais laisser le soin à tout le monde d’y aller de leurs prévisions, j’aurai amplement le temps au cours des cinq prochains jours de parler golf en compagnie de Carlo. J’aimerais plutôt prendre quelques instants et écrire à propos d’une des choses qui me fascinent le plus à chaque couverture du Tournoi des Maîtres : le calme et le civisme des spectateurs qui assistent à cette prestigieuse compétition.

Les règles sont précises et qui conque s’en éloigne risque de se retrouver sur Washington  Road en compagnie d’amateurs qui cherchent désespérément un billet qui leur permettra de franchir une frontière très bien protégée.

D’abord, malgré une foule imposante, il est interdit notamment de courir dès les tourniquets franchis afin d’obtenir une place de choix aux endroits stratégiques. Pas question de s’étendre dans l’herbe. On vous suggérera poliment de vous assoir et de vous installer dans une position convenable.

Mieux vaut laisser votre téléphone cellulaire à votre hôtel ou dans votre automobile. Une fois votre siège de jardin installé, vous pourrez aller marcher ailleurs sur le site et revenir à votre place sans avoir à livrer un combat avec un spectateur qui s’est approprié votre place. Tous ceux qui y ont assisté vous diront que les prix demandés pour la nourriture et les articles souvenirs sont raisonnables.

Il y a tout ça et surtout une incroyable démonstration de civisme de la part des milliers de spectateurs réunis pour l’occasion. Ça ne se fait pas nulle part ailleurs.

Est-ce la beauté  de l’endroit ou la qualité des participants ? Ou quoi encore ?

Reste que chaque jour de couverture est un pur délice. Les applaudissements à la suite des coups de départ sont tout aussi bien sentis, sinon mieux que lors des autres tournois. Et pourtant, les encouragements ne sont pas hurlés et envahissants pour les spectateurs et téléspectateurs. On peut être enthousiaste sans sombrer dans l’hystérie.

J’avais écrit à ce sujet l’an passé. On en a marre d’entendre les « Get in the hole » et autres remarques insignifiantes lâchées tant sur les coups de départ que sur les coups roulés à chaque fin de semaine de tournoi sur le circuit PGA Tour. On comprend beaucoup mieux pourquoi la vente d’alcool est limitée dans de nombreuses manifestations sportives.

Si, une fois l’an, on est en mesure de contrer ce genre de comportement, pourquoi ne pas appliquer des règles similaires à chaque semaine ? Et je ne crois pas sincèrement que cela brime qui que ce soit dans ses droits, bien au contraire.

Quand au 16e trou lors de la finale, des milliers de personnes sont rassemblées au-delà de l’obstacle d’eau qui borde la gauche de l’allée et observent en silence avant de manifester bruyamment à la suite d’un coup qui pourrait confirmer la victoire d’un joueur; on a l’impression de vivre dans un autre monde. Pourtant quelques instants plus tard, le silence reprend ses droits tandis qu’un autre joueur s’installe au tertre de départ.

Une telle notion de respect est réconfortante. Et je ne crois pas que ce comportement soit uniquement attribuable à l’imposition de règles biens strictes. Les règles de civisme sont généralement connues de tous et on s’aperçoit qu’avec un petit effort, elles deviennent contagieuses.

Voilà une autre raison de mieux apprécier une visite au Augusta National à l’occasion du Tournoi des Maîtres.