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BROSSARD – Lorsque les caméras s’allument et que les micros sont pointés dans leur direction, les joueurs de hockey sont souvent des hommes de peu de mots. Mais les réponses les plus courtes sont parfois les plus révélatrices.

Alex Galchenyuk savait très bien à quelles questions il ferait face quand il est apparu dans le vestiaire du Canadien pour la dernière fois de la saison, lundi, deux jours après l’élimination hâtive de son équipe aux mains des Rangers de New York.

Il a secoué la tête quand on l’a testé une première fois sur l’instabilité de son rôle au sein de l’attaque montréalaise. Centre ou ailier? « J’ai déjà répondu à ça beaucoup trop souvent et voilà que vous me le demandez à nouveau. Je ne sais pas quoi dire », a-t-il lancé, espérant naïvement clore le sujet. Il a esquissé un sourire ironique quand le sujet est revenu sur la table quelques minutes plus tard.

Éventuellement, sous le poids de l’insistance, ses traits ont changé. « Penses-tu que l’équipe t’as utilisé de manière à soutirer le meilleur de ton potentiel? », lui a demandé un reporter.

Le jeune attaquant a figé, a cherché pendant un instant une porte de sortie. Puis finalement, au mensonge il a préféré l’esquive. Sa réponse, deux petits mots échappés après une vaine tentative de trouver plus convaincant, en a dit davantage qu’un discours rempli de clichés.

« Prochaine question », a-t-il laissé tomber en détournant la tête.

Après tout, qu’aurait-il bien pu inventer? Depuis qu’il a été désigné comme le joueur de centre du premier trio en début de saison, Galchenyuk n’a cessé de dégringoler dans la hiérarchie du club qui l’a repêché avec le troisième choix du repêchage de 2012. Il a amorcé les séries éliminatoires comme ailier au sein du quatrième trio. En six matchs, il a récolté trois petites mentions d’aide.

« Je ne me suis pas arrêté à penser à ça, assure-t-il. En séries, tu dois donner tout ce que tu as sans poser de questions. C’était ça, mon état d’esprit. Je ne me suis jamais plaint, je n’ai jamais affiché une mauvaise attitude. Je suis resté positif et j’ai tenté d’aider l’équipe. »

Le fait est que pour un athlète dans la fleur de l’âge qui aura un contrat à signer au cours de l’été – il pourrait devenir joueur autonome avec compensation en juillet - Galchenyuk ne s’est pas muni d’arguments bétons avec sa fin de saison. Avant d’être blanchi en séries, il a marqué deux buts à ses 18 derniers matchs du calendrier régulier.

« Honnêtement, je ne pense pas trop à mes histoires de contrat, a affirmé celui qui a touché un salaire de 2,8 M$ au cours de chacune des deux dernières saisons. Je me concentre sur ce que je dois faire sur la patinoire et je laisse mon agent s’occuper du reste. Je vais me reposer, reprendre des forces et ensuite je me remettrai au travail en vue de la prochaine saison. »

« J’adore cette équipe, cette ville et ses partisans. C’est un endroit excitant où jouer », a-t-il ajouté.

À sa défense, Galchenyuk connaissait une saison prometteuse avant de subir une blessure à un genou en décembre. Le 4 décembre, il était le meilleur marqueur du Canadien avec 23 points, dont neuf buts, en 25 matchs.

« Ça a été difficile de m’en remettre, mais ça fait partie de notre réalité et je ne veux pas m’en servir comme excuse. Vous ne trouverez pas beaucoup de joueurs qui traversent une saison complète sans anicroche. On le souhaite toujours, mais ça n’arrive pas souvent. Je n’en dirai pas plus. »

Un an après avoir connu atteint le plateau des 30 buts, Galchenyuk répond par l’affirmative quand on lui demande s’il se considère toujours comme une partie importante de l’avenir du Canadien.

« Je ne mentirai pas, j’ai une grande confiance en mes habiletés offensives. Mais je veux devenir un joueur complet et j’ai l’intention de travailler avec les entraîneurs pour amener mon jeu à un autre niveau. »

Plus que le talent

Le talent de Galchenyuk n’a jamais été remis en question. Les doutes à son endroit proviennent plutôt de sa volonté à mettre les efforts nécessaires pour en exploiter chaque petite parcelle.

Shea Weber s’est prudemment aventuré sur ce terrain glissant quand on lui a demandé pourquoi son jeune coéquipier tardait à atteindre son plein potentiel. Du bout des lèvres, Weber a amorcé une comparaison avec la recrue Artturi Lehkonen avant de rebrousser chemin dans sa réflexion.

Permettons-nous donc de la conclure à sa place : le Finlandais n’hésite pas à prendre tous les moyens pour faire fructifier ses habiletés. On ne peut pas en dire autant de Galchenyuk.

« Ce n’est pas tout d’avoir du talent, tout dépend de ce que vous décidez de faire avec, a expliqué Weber. Évidemment, [Galchenyuk] a un potentiel illimité. Son agilité avec la rondelle est tout simplement ridicule. Il doit simplement s’assurer de l’utiliser au maximum. »

« J’ai vu un aperçu de ce qu’il peut faire, mais je ne crois pas avoir tout vu, a poursuivi Weber. En fait, je crois honnêtement qu’il ne comprend pas lui-même à quel point il peut être bon. Un jour, comme tous les jeunes joueurs, il va finir par comprendre, mais je ne crois pas qu’il le réalise présentement. »

« Il a tous les outils et il continue de gagner en expérience, observe pour sa part Carey Price. Il est ici depuis un bout de temps, mais il ne faut pas oublier qu’il est encore jeune. Je suis confiant de le voir progresser l’an prochain. »

Le bref parcours du Canadien en séries éliminatoires a permis de constater le manque criant de créateurs offensifs au sein de l’effectif. Pour cet échec qui est présentement à l’examen, Galchenyuk mérite assurément sa juste part du blâme. Mais tôt ou tard, ses patrons devront décider s’il fait partie, dans une perspective d’avenir, du problème ou de la solution.

Heureux de ne pas devoir se tracasser avec les responsabilités de Marc Bergevin, Shea Weber croit néanmoins que Galchenyuk peut jouer un rôle central dans les aspirations d’envergure du Canadien.

« Toutes les équipes cherchent ce joueur qui peut faire la différence à lui seul et je pense qu’on en a un avec lui », juge le vétéran défenseur.