Dans ses réflexions qui ont suivi l’élimination du Canadien en première ronde des séries éliminatoires, Marc Bergevin avait identifié quatre principaux besoins qu’il devait combler afin de s’assurer que les succès de son équipe ne soient pas éphémères. Quatre « boîtes » dans lesquelles il voulait pouvoir inscrire un petit « x » à la fin de ses emplettes.

Le directeur général du CH s’était donné comme mission de trouver un auxiliaire adéquat au gardien Carey Price, un défenseur costaud qui rendrait sa ligne bleue plus intimidante, un attaquant de puissance pour ajouter du poids à son top-9 et un joueur avec une touche de marqueur.   

Bergevin peut maintenant prendre la liste qu’il avait épinglée à son babillard, la bouchonner et la mettre au recyclage. Sa quatrième et dernière cible a été atteinte lundi lorsqu’il a convaincu le joueur autonome Tyler Toffoli d’accepter l’offre de contrat de 17M$ qu’il lui avait soumise.

En s’engageant avec Montréal pour les quatre prochaines saisons, Toffoli s’est joint à Jake Allen, Joel Edmundson et Josh Anderson, les trois autres vétérans que Bergevin a ajoutés à son effectif au cours des trois dernières semaines. 

« On a fait des gros changements. On avait peut-être quatre boites qu’il fallait marquer et on l’a fait, alors on est fiers de notre coup, a récapitulé le grand patron des opérations hockey du Canadien mardi. Il y a eu des échanges là-dedans, mais dans l’ensemble, on est satisfait de notre équipe aujourd’hui. Sans savoir quand débutera la prochaine saison, on est excités et on espère que nos partisans le sont aussi. »

Bergevin a été en mesure de greffer tous ces nouveaux éléments sans affaiblir son noyau et sans se lancer dans de folles dépenses. Allen a été acquis pour un choix de troisième ronde tandis qu’Anderson a été troqué pour Max Domi, un joueur mécontent qui ne cadrait plus dans la charte des positions du club. 

Edmundson, dont les droits ont été obtenus pour un choix de cinquième ronde, a consenti à un salaire annuel moyen de 3,5 M$, une légère hausse comparativement à ce qu’il avait négocié avec les Blues de St. Louis lors des deux dernières années. Toffoli a quant à lui dû accepter une diminution de salaire pour obtenir la sécurité qui vient avec un pacte de quatre ans. 

Des achats raisonnables donc, mais qui ont néanmoins réduit considérablement la marge de manœuvre financière qu’avait pris l’habitude de se garder le DG depuis quelques années. À l’heure actuelle, le Canadien dépasse même légèrement le budget qu’il devra respecter à l’ouverture de la prochaine saison.

« On a des scénarios qui nous permettent de nous mettre en dessous de la masse. Pour l’instant, il n’y a aucun problème », a minimisé Bergevin. 

Le projet se complexifie quand on l’examine dans une perspective à plus long terme. Le Canadien pourrait avoir six joueurs autonomes sans compensation lorsque s’ouvrira la fenêtre de négociation en vue de la saison 2021-22. Trois d’entre eux – Brendan Gallagher, Phillip Danault et Tomas Tatar – seront probablement en position pour exiger une hausse salariale substantielle. 

Plus tôt dans la journée, on apprenait de la bouche de l’agent de Gallagher, Gerry Johansson, que les négociations avec le CH avaient été rompues. Dans ce qui avait tout l’air d’une réplique à cette sortie publique, Bergevin a laissé entendre que des sacrifices seraient requis afin de garder une équipe compétitive sur la patinoire.  

 « C’est certain que la pandémie a affecté ce qui s’est passé sur le marché. Mais si on paie les joueurs moins cher, on a aussi une masse salariale [qui ne risque pas d’augmenter]. On veut bien payer tout le monde, mais à la fin de la journée on a besoin d’une bonne équipe sur la patinoire. Pour amener les joueurs [qui viennent d’arriver], ça a coûté des sous et ça, ça affecte éventuellement des joueurs à d’autres positions. »

Toffoli : ciblé depuis longtemps

L’intérêt du Canadien pour Toffoli ne datait pas d’hier. Le nom de l’attaquant de 28 ans avait fait surface dans plusieurs rumeurs le liant au club montréalais au cours des dernières années.

Lorsque Bergevin est revenu à la charge à l’ouverture du marché des joueurs autonomes, la semaine dernière, Toffoli a fini par se dire que rien n’arrivait pour rien. 

« Ça m’a assurément aidé à prendre ma décision, le fait de savoir que j’étais désiré ici depuis un petit bout », a dit la plus récente prise du CH en visioconférence.

« Les gestes qu’ils ont posés depuis le début de l’entre-saison et la façon dont ils ont joué en séries m’ont aussi convaincu. C’est une bonne équipe avec beaucoup de potentiel. » 

Toffoli avait terminé la dernière saison avec les Canucks de Vancouver, qui avaient fait son acquisition en vue des séries éliminatoires à la date limite des transactions. Il avait obtenu dix points en autant de matchs pour clore le calendrier régulier, puis quatre autres en sept matchs de séries éliminatoires. Mais la faible marge de manœuvre des Canucks sous le plafond salarial a rendu impossible son retour avec l’organisation. 

« Je crois que [le Canadien] et mon agent étaient en discussions depuis environ une semaine, mais c’est devenu plus sérieux au cours de la fin de semaine. On a décidé d’aller dans cette direction et l’entente a été conclue tôt le matin. » 

« Oui, on avait eu des discussions à l’interne pour Tyler, a confirmé Bergevin. Ce que j’aime, c’est que c’est un joueur qui a remporté la coupe Stanley, qui joue à toutes les positions, à droite comme à gauche, sur l’avantage numérique, il tue des punitions. Et c’est un joueur qui amène du leadership. Il apporte de l’expérience et il peut aussi produire offensivement. »

Toffoli est un ailier droit naturel, mais il a été déplacé à gauche à l’occasion au cours des dernières années. Dans ses négociations avec le Canadien, on l’a questionné sur son ouverture à retenter l’expérience. 

« J’ai dit que j’étais prêt à essayer. Je jouerai à l’endroit où on jugera que je serai le plus utile et où je pourrai le mieux contribuer à la chimie de l’équipe. On verra bien. »