Michael McCarron a eu sa chance. Au fil des six camps d’entraînement que lui a offerts le Canadien depuis sa sélection au premier tour en 2013, le robuste d’attaquant n’a jamais véritablement démontré qu’il avait sa place dans la LNH.

C’est assez, c’est terminé.

Voilà pourquoi le Canadien l’a sans surprise soumis au ballottage mardi, tout comme quatre autres de ses coéquipiers, dans le but de le rétrograder dans la Ligue américaine avec le Rocket de Laval.

Le Trio : McCarron, un autre mauvais 1er choix?

Est-ce que le Tricolore perdra les services de plusieurs d’entre eux? J’en doute. Le salaire de 70 000 $ de McCarron dans la Ligue américaine peut sembler alléchant, mais il ne faut pas oublier que lorsqu’une équipe de la LNH réclame un joueur au ballottage, elle a l’obligation de la garder dans la LNH pour une période minimale de 30 jours.

McCarron risque donc de se rapporter à nouveau au Rocket, avec qui je le vois peut-être assumer un rôle de « vétéran » pouvant offrir son aide aux plus jeunes.

Suzuki : la bonne décision

Si le sort réservé à McCarron n’est pas une surprise, le renvoi de Nick Suzuki dans les rangs juniors avec l’Attack d’Owen Sound l’est un peu plus à mon avis.

Il a connu un excellent tournoi des recrues avec les Golden Knights de Vegas avant d’être échangé au Canadien dans la transaction impliquant Max Pacioretty. Très intelligent avec la rondelle, l’attaquant de 19 ans est doté d’une bonne vision du jeu. Ses statistiques au niveau junior (des saisons de 100 et 96 points) démontrent de plus qu’il est capable de marquer des buts.

Là où ça accroche, c’est peut-être son coup de patin. Dans la LNH, quand tu patines, il faut que tu sois capable de décoller rapidement; tes premières enjambées doivent être explosives. C’est peut-être sa plus grosse lacune pour l’instant et elle l’a sans doute rattrapé alors que le camp d’entraînement s’achève.

Donc, aussi bien le renvoyer dans la Ligue junior de l’Ontario (OHL) maintenant plutôt que de le garder inutilement pour une autre rencontre préparatoire. Le Canadien a pris une sage décision.

Dans le junior, Suzuki risque de s’imposer comme l’un des meilleurs joueurs au pays et d’amasser des points à la pelletée, ce qui ne peut qu’être bon pour sa confiance. C’est sans compter qu’il a un poste à perdre au sein d’Équipe Canada junior.

Ainsi, lorsqu’il se présentera au camp du Canadien l’an prochain, Suzuki aura l’occasion de causer une surprise et de s’imposer comme l’un des joueurs de centre d’avenir de l’organisation aux côtés de Jesperi Kotkaniemi et Ryan Poehling.

Kotkaniemi mérite une évaluation sérieuse

Au moment d’écrire ces lignes, Kotkaniemi a gagné le droit de disputer ses neuf premiers matchs dans la LNH. Au terme de ceux-ci, l’état-major du CH aura l’occasion de réévaluer efficacement son jeune joueur de centre.

Jesperi Kotkaniemi doit demeurer à Montréal

Pour ce faire, le Canadien doit cependant placer le jeune Finlandais dans une position gagnante, c’est-à-dire sur les trois premiers trios et au minimum sur la deuxième vague du jeu de puissance, là où il sera entouré des meilleurs joueurs de l’organisation pendant 13 à 15 minutes par rencontre.

Après avoir conclu la dernière campagne au 27e rang du classement général, le Canadien peut se permettre d’être plus patient avec ses jeunes espoirs, de les développer, et surtout, de vivre avec leurs erreurs.

Bref, Kotkaniemi mérite une évaluation sérieuse.

Alzner par défaut

Je terminerai cette chronique en identifiant ma surprise et ma déception du camp d’entraînement du Canadien jusqu’à maintenant.

Il m’est d’abord difficile de nommer le joueur qui me surprend le plus. Il y a bien sûr Kotkaniemi, pour les raisons citées ci-dessus, mais il y a aussi Xavier Ouellet et Matthew Peca.

Je m’attendais à les voir, certes, mais pas à ce qu’ils s’achètent autant de temps au camp d’entraînement. J’étais bien au fait des habiletés des Ouellet et il a sauté sur l’occasion pour les démontrer. Quant à Peca, à qui le Canadien a offert un contrat de deux saisons à un seul volet, on ne le connaissait à peu près pas, mais il est loin de m’avoir déçu.

Si j’ai du mal à cerner ma surprise du camp, ma déception est quant à elle sans équivoque : Karl Alzner.

Il aura sa place dans les six premiers défenseurs du Canadien lorsque la saison s’amorcera, mais il ne le mérite pas. Voici à mon avis à quoi ressembleraient dans un monde idéal les trois premières paires défensives de l’équipe en l’absence de Shea Weber :

Mete-Petry
Reillly-Juulsen
Ouellet-Schlemko

J’aime mieux Schlemko qu’Alzner, mais le Canadien ne peut se permettre d’envoyer dans les gradins un défenseur qui touchera un salaire de 4,625 millions $ pour les quatre prochaines saisons.

Alzner n’a pas de vitesse et de mobilité, alors que le hockey moderne exige que tu sois en mesure de bouger la rondelle. Ça va vite! Dans le système que préconisera le Canadien cette saison, et sur lequel l’entraîneur adjoint Dominique Ducharme a mis son empreinte, il doit y avoir un maraudeur, une deuxième vague avec un défenseur pour générer de l’attaque.

On est loin d’Alzner.

*Propos recueillis par le RDS.ca

Un mot, deux idées; thématique automnale