BROSSARD, Qc - Le Canadien de Montréal en a surpris plusieurs lundi en échangeant l'attaquant Tyler Toffoli aux Flames de Calgary. Mais pour Nick Suzuki, le message de la direction était clair: le Tricolore entre officiellement dans une phase de reconstruction.

Suzuki évoluait sur le même trio que Toffoli avant la transaction, et le vétéran l'avait pris sous son aile au cours du long parcours éliminatoire du CH l'été dernier. Il le connaissait donc très bien, et a admis avoir été ébranlé par son départ.

« C'est difficile de perdre un bon ami et un bon coéquipier. Il va manquer aux gars (dans le vestiaire). Il aura au moins l'opportunité de gagner de nouveau. Ça fait partie de la 'business'; les transactions sont monnaie courante non seulement chez les joueurs professionnels, mais aussi dans les rangs juniors. Tu ne sais jamais quand ça peut se produire », a évoqué Suzuki en visioconférence.

« Nous sommes conscients de notre place au classement, et nous savions qu'il y aurait des changements avec l'arrivée de la nouvelle direction. Toutes les équipes traversent des moments comme celui-ci. Ce n'est que le premier... C'est difficile de perdre 'Toff', et c'est plate d'être du mauvais côté de la 'business' du hockey, mais ça arrive », a poursuivi l'Ontarien âgé de 22 ans.

Alors, est-ce que le Tricolore est en reconstruction?

« Oui », a répondu Suzuki sans aucune hésitation.

Cole Caufield est un autre jeune joueur du Tricolore qui avait développé certaines affinités avec Toffoli, et il n'a pas caché sa déception de le voir quitter.

« Nous avons des personnalités semblables. Il aime avoir du plaisir, même s'il veut toujours s'améliorer dès qu'il pose le patin sur la patinoire. J'ai beaucoup appris en le regardant, en blaguant avec lui. Je compte bien rester en contact avec lui », a confié l'Américain, en précisant avoir fait un 'Facetime' avec lui après avoir appris la nouvelle de la transaction.

C'est dans ce contexte que le rôle de l'entraîneur-chef devient essentiel, afin de s'assurer que les jeunes joueurs de l'organisation ne perdent pas leurs bonnes habitudes dans la tourmente actuelle. Et ça, Martin St-Louis en est bien conscient.

« Tyler Toffoli, c'était un excellent joueur pour l'organisation, pas juste sur la glace, mais hors glace également. Il était très connecté avec les partisans. Oui, on a perdu (Shea) Weber, le capitaine, en début de saison, mais moi je crois que Toffoli c'était sûrement le capitaine, sans avoir le 'C'. On perd donc un gros morceau de leadership, c'est sûr. J'ai déjà vécu ça comme joueur, donc c'est ma responsabilité, comme entraîneur, d'assumer le rôle de leader », a-t-il expliqué.

Surtout quand on sait que plusieurs autres vétérans, qui faisaient partie jusqu'à tout récemment du groupe de leaders du Canadien, pourraient se retrouver très prochainement sous d'autres cieux. Mais ça, St-Louis n'en a que faire.

Des débuts difficiles pour St-Louis

« Mon but présentement, c'est d'enseigner à ceux qui sont ici. Je vais contrôler ce que je peux contrôler. Ma 'job', présentement, ce n'est pas de m'occuper de ceux qui partent et de ceux qui arrivent. Ma 'job', c'est de m'assurer qu'on progresse chaque jour, et que j'enseigne comment on veut jouer la 'game' », a évoqué le Québécois âgé de 46 ans.

St-Louis n'a cependant pas oublié ce qu'il avait vécu en tant que joueur après la conquête de la coupe Stanley du Lightning de Tampa Bay en 2004, alors que l'organisation avait été contrainte d'entreprendre un processus de reconstruction similaire.

« Les dirigeants ont des décisions à prendre pour améliorer leur équipe aujourd'hui, demain et dans deux ans. Mais moi, en tant que joueur, je n'ai jamais baissé les bras parce qu'on entamait un processus de reconstruction. Moi, l'année commençait et je me trouvais une source de motivation, de fierté. Que ce soient des gars à la recherche d'un nouveau contrat, ou des gars qui veulent jouer un plus grand rôle dans l'équipe, il y a beaucoup de choses qui peuvent te motiver. Et en tant qu'entraîneur ici, je dois me concentrer sur ce que je contrôle, c'est-à-dire l'enseignement et notre façon de jouer », a dit St-Louis.

L'avenir du Canadien repose donc entre les mains de ses jeunes joueurs. Ce qui pousse Suzuki, qui a ratifié un contrat de huit ans et 63 millions $US avec le Canadien en octobre dernier, à croire que des jours meilleurs sont à venir.

« Nous comptons sur plusieurs bons jeunes joueurs au sein de l'organisation, et d'autres se grefferont à nous l'an prochain par l'entremise du repêchage. L'avenir est prometteur pour cette équipe. Je suis très heureux d'être ici, à Montréal, et je veux gagner ici. J'espère que ça ne prendra pas cinq ans à rebâtir », a évoqué le seul représentant du CH lors du dernier match des étoiles de la LNH.

Il est à noter que le directeur général du Canadien Kent Hughes doit rencontrer les membres des médias mercredi, afin de faire le point sur la situation actuelle.

Reconstruction entamée, qui est le prochain à quitter?
Hughes et Gorton n’ont pas aidé Ducharme