Carey Price affichait bonne mine lorsqu’il est apparu devant les journalistes à 18 h 17 dimanche. C’était sa première sortie publique depuis son élimination et celle du Canadien en finale de la coupe Stanley par le Lightning de Tampa Bay le 7 juillet dernier.

L’œil vif, prêt à faire face à des questions délicates auxquelles il a répondu avec aplomb, Price était déjà installé dans la salle d’entrevue avant que Chantal Machabée et les membres de son équipe de communications n’arrivent pour orchestrer ce point de presse attendu depuis des semaines, voire des mois.

Bonne nouvelle pour le Canadien et ses partisans : l’homme, le mari, le père de famille qui se cache sous le chandail de la pierre d’assise du Canadien depuis près de 15 ans va bien. Remis des problèmes de consommation qui l’ont contraint à demander, l’automne dernier, l’aide de la LNH et de l’Association des joueurs et à s’inscrire à une cure dont il est visiblement ressorti guéri et grandi, Price semble en paix avec lui-même et son ancienne situation.

C’est la grâce qu’on lui souhaite.

Moins pour nouvelle pour le Canadien et ses partisans : le gardien qui se cache derrière l’homme n’est quant à lui toujours pas remis des contrecoups de la chirurgie subie l’été dernier à un genou malade depuis des années.

Pis encore, Price ne peut même pas avancer de date quant à un éventuel retour au jeu. « J’aimerais bien offrir une réponse précise, mais je n’en ai pas la moindre idée. J’ai recommencé à patiner. C’est bon signe. Mais j’ai dû composer avec des reculs au cours des derniers mois. Est-ce que ce sera encore le cas? Je ne sais pas. Mon but demeure tout de même de revenir devant le filet à un moment donné cette année. Défendre les buts du Canadien de Montréal c’est ce qui me définit depuis des années. C’est une grande part de qui je suis. Je veux retourner devant le filet, je veux reprendre ma place et jouer », que Price a affirmé en prenant bien soin d’ajouter qu’il ne pouvait évaluer quelles sont les chances que ce souhait puisse se réaliser.

« Les prochaines semaines seront cruciales. Elles sont aussi inquiétantes. Car si je dois composer avec un autre recul, peut-être que cela voudra dire de reprendre le processus du début », a admis Price.

Avec les conséquences négatives qu’un retour à la case départ – Price a été opéré le 22 juillet dernier – entraînerait. Des conséquences à court terme qui mettraient en péril un retour cette saison. Mais aussi d’autres conséquences à plus long terme qui seraient alors non seulement préoccupantes, mais inquiétantes, voire carrément terrifiantes alors que cette damnée blessure au genou qui n’en finit plus de guérir pourrait aller jusqu’à compromettre sa carrière.

« C’est toujours une possibilité », a admis Price.

Sans oublier les doutes associés à son niveau d’efficacité s’il est en mesure de reprendre sa carrière.

« Tous les athlètes qui sont victimes de blessures se posent cette question. Je ne suis pas différent des autres. Ça me trotte dans la tête de savoir si je pourrai un jour être en mesure de jouer comme je le faisais avant cette blessure. La bonne nouvelle, c’est que l’équipe médicale du Canadien est extraordinaire. Ces spécialistes font tout pour me donner les meilleures chances de réussite. Mais tant que je n’aurai pas mis ce genou à l’épreuve en situation de match, je ne saurai pas quels seront mes nouveaux paramètres d’excellence devant le filet. Les prochaines semaines seront cruciales. Les réponses viendront bien assez vites... »

À Montréal pour y rester?

L’incertitude reliée à la forme physique et à l’avenir du Canadien fait mal au Tricolore sur la patinoire. Elle complique le travail déjà très compliqué de Dominique Ducharme. Elle mine chaque jour un peu plus la confiance déjà ô combien minée de ses coéquipiers.

Une confiance que Price aimerait pouvoir mousser en se rapprochant de l’équipe.

« La situation est frustrante pour tout le monde. C’est une année difficile pour tout le monde. Les gars veulent bien faire. Ils veulent s’en sortir. Quand tu es blessé, tu as souvent l’impression de ne pas être impliqué. Je veux être là pour les gars. Leur parler. Tenter de leur remonter le moral. »

Cette incertitude n’aide en rien le nouvel état-major dans sa quête de trouver les moyens de reconstruire cette équipe. Car si Kent Hughes et Jeff Gorton avaient l’intention de lancer une enchère autour de la LNH pour voir ce qu’il pourrait obtenir en retour de Price, ils sont bien mal pris maintenant.

Déjà que le contrat assurant à Price 31,25 millions $ en salaire pour les quatre prochaines saisons et un poids annuel de 10,5 millions sous le plafond salarial (81,5 millions $) représente un obstacle majeur pour plusieurs formations qui pourraient s’intéresser à Price, l’incertitude reliée à son état de santé rend plus périlleuse encore n’importe quelle transaction.

Sans compter que la haute direction de l’équipe ne sait toujours pas si le principal intéressé est prêt à lever la clause de non-mouvement qui lui permet de s’opposer à toute transaction.

Une clause que Price a levée l’été dernier alors qu’il a accepté d’être admissible au repêchage d’expansion pour permettre au Canadien de protéger son adjoint Jake Allen.

Rien n’indique qu’il serait prêt à la lever une fois encore.

« J’ai signé le contrat que j’ai signé parce que je tenais à défendre les couleurs du Canadien de Montréal. Ma famille et moi sommes installés ici. C’est notre ville. Nous voulons y demeurer et n’avons aucun plan d’aller ailleurs », que Price a indiqué.

Les questions étant limitées, il n’a pas été possible de demander à Price si l’attrait de défendre la cage d’un club qui lui donnerait la possibilité de retourner en grande finale et d’avoir cette fois une chance réelle de soulever la coupe Stanley pourrait l’inciter à changer d’idée.

Cela dit, d’ici à ce que cette question soit significative, il faudra d’abord attendre les fluctuations associées à la guérison du genou malade du gardien du Canadien.

Sans gardien, point de salut

Les propos inquiétants de Price quant à son état de santé résonnaient encore aux quatre coins d’un Centre Bell vide lorsque le Canadien et les Blue Jackets ont amorcé leur premier duel de la saison.

Déjà imposant, le spectre des conséquences négatives associées à l’avenir incertain de Price a pris des proportions gigantesques lorsque Samuel Montembeault a accordé trois buts sur les sept premiers tirs qu’il a affrontés, les seuls tirs qu’il a affrontés puisqu’il a aussitôt été rappelé au banc, et que Cayden Primeau a été victime d’un autre but sur les sept tirs reçus après son entrée en scène. Le Canadien a tenté une remontée en troisième période mais après s’être approché à un but des Jackets il a finalement été battu 6-3.

Le Canadien a maintenant accordé cinq buts ou plus dans ses quatre dernières rencontres (26 buts au total); cinq buts ou plus dans neuf de ses 15 derniers matchs; cinq buts ou plus dans 18 des 44 parties disputées jusqu’ici cette saison.

Comme les 31 autres formations de la LNH, le Tricolore n’a point de salut s’il ne peut compter sur un gardien capable de lui donner match après match une chance réelle de gagner. Sur un gardien capable également d’aller voler une victoire de temps en temps.

Montembeault a volé un match le 18 janvier à Dallas où il a effectué 48 arrêts, dont plusieurs très difficiles, aux dépens des Stars. Deux jours plus tard, il a permis au Canadien de voler un point alors que ses 49 arrêts aux dépens des Knights ont permis au Canadien de se rendre en prolongation. Au Colorado, ce fut au tour de Cayden Primeau de permettre au Canadien de pousser le match en prolongation et d’ajouter un rare point à sa fiche.

Depuis, les deux gardiens n’ont pas été en mesure de compléter les parties qu’ils ont amorcées. Ducharme a dû remplacer son gardien partant pour une quatrième partie de suite. Du jamais vue dans l’histoire du Canadien.

Je sais : Montembeault et Primeau sont les troisième et quatrième gardiens de l’organisation. Le premier ne jouerait pas ou bien peu et le second enfilerait les sorties dans la Ligue américaine si Price et son adjoint Allen étaient en santé.

Mais ils ne le sont pas.

Comme Price est loin d’assurer qu’il sera en mesure de jouer cette année et qu’Allen devrait être sur la touche jusqu’autour de la date limite des transactions (21 mars), l’état-major doit trouver du renfort.

Ne serait-ce que pour donner la chance à Primeau de retourner dans la Ligue américaine pour y apprendre son travail et à Montembeault de soigner la blessure qui le tenaille et qui l’empêche visiblement d’offrir son plein rendement.

Quelques vétérans sont disponibles autour de la LNH. Le nom d’Anton Khudobin vient en tête de liste. Encore sous contrat pour l’an prochain – salaire et poids sous le plafond de 3,75 millions $ -- le vétéran de 35 ans a été cédé dans la Ligue américaine par les Stars de Dallas.

Que ce soit Khudobin ou un autre, le Canadien a besoin de renfort. Car cette équipe s’est retrouvée avec un recul de trois buts à combler dès la première période dans un troisième match de suite. Difficile, non impossible, de gagner quand on accorde autant de buts si rapidement dans le match et que notre attaque peine à en marquer plus de trois par partie.

Avec la pause qui commence et qui s’étendra jusqu’au 7 février après le week-end du Match des étoiles, Kent Hughes doit conclure sa première transaction afin de colmater les brèches béantes devant le filet de son équipe.

Carrière de Price compromise? : « On ne sait jamais... »
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