Caufield à Laval : « Ce n’est pas la fin du monde »
Canadiens mardi, 2 nov. 2021. 14:06 vendredi, 22 nov. 2024. 09:54LAVAL – C’était la journée de la photo d’équipe mardi chez le Rocket de Laval et pour l’occasion, Cole Caufield arborait le genre de sourire qui doit illuminer le quotidien d’un entrepreneur de pompes funèbres.
La scène était quand même surréaliste. Pendant que Caufield s’apprêtait à participer à un premier entraînement depuis son renvoi dans la Ligue américaine 24 heures plus tôt, Michael Pezzetta et Alex Belzile se préparaient à affronter les Red Wings de Detroit en soirée au Centre Bell.
On invite ceux qui avaient prédit ce scénario durant le camp d’entraînement à lever la main. Personne? C’est bien ce qu’on pensait.
Limité à une petite mention d’aide dans les dix premiers matchs de ce qui devait être sa première saison complète dans la Ligue nationale, Caufield s’amène à Laval pour tenter d’y « trouver sa game », une expression qu’il a répétée quatre fois dans les quatre premières réponses d’un point de presse où le plaisir n’était pas au rendez-vous.
« Peut-être que la rondelle ne roulait pas pour moi », a-t-il suggéré quand on lui a demandé ce qui avait changé entre son baptême réussi du printemps dernier – 19 points en 30 matchs, séries éliminatoires incluses – et son début de saison difficile.
« L’équipe en arrache un peu et c’est la Ligue nationale, un monde très compétitif où on essaie de gagner à chaque soir. Quand les choses ne fonctionnent pas, c’est sûr qu’il y aura des changements. Je suis ici pour travailler et profiter de mon temps ici, mais je veux remonter aussi tôt que possible. »
Le cas de Caufield n’est pas unique. Dans l’histoire de la LNH, une pléiade de jeunes premiers ont frappé leur mur et ont dû retourner prendre leur élan dans les niveaux inférieurs. Une fois le choc encaissé, le choix de première ronde du Canadien a tenté d’assimiler sa nouvelle réalité à travers cette perspective.
« Je connais beaucoup de gars qui ont vécu la même chose. Je ne suis pas une exception. J’arrive ici pour remettre mes ides en place et me mettre au travail. Je veux que le hockey redevienne simple pour moi. Plusieurs de mes coéquipiers du Canadien m’ont contacté. J’ai même eu des nouvelles de Corey Perry, qui a déjà vécu la même chose. Plein de gars ont vécu la même chose. Ça fait partie du processus. Il faut juste que j’y croie. »
Jean-François Houle a vécu une situation similaire lorsqu’il était entraîneur-adjoint chez le club-école des Oilers d’Edmonton. Repêché au quatrième rang du repêchage de 2016, Jesse Puljujarvi a disputé 39 matchs dans la Ligue américaine après avoir été limité à un but dans les 28 premiers matchs de sa saison recrue dans la LNH. Le Finlandais a goûté à la LAH dans les deux saisons suivantes avant d’aller poursuivre sa formation dans son pays natal. Aujourd’hui âgé de 23 ans, Puljujarvi a finalement trouvé sa place dans le top-6 des Oilers.
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« Je pense que c’est semblable, a approuvé Houle. Il y a plusieurs très bons joueurs qui sont venus dans la Ligue américaine pour peaufiner leur jeu. Tu vois ça arriver dans plusieurs organisations. Il faut que [Caufield] soit ici avec une bonne attitude, qu’il veuille s’améliorer. Il va avoir beaucoup de temps de glace, il va pouvoir trouver ses repères. C’est un bon joueur. Ce n’est pas la fin du monde de jouer dans la Ligue américaine. »
« Tout est pas mal dans l’attitude, pour être honnête, croit Xavier Ouellet, qui estime à la blague avoir fait la navette entre la LNH et la LAH "à peu près 30 fois" dans sa carrière. Avec l’âge, ça devient plus facile à digérer, des choses comme ça, mais en bout de la ligue, il joue encore au hockey pour gagner sa vie et la job qu’il a à faire sur la glace, ici ou à Montréal, c’est la même. Alors ce n’est pas la fin du monde, au contraire. C’est une opportunité pour lui de s’améliorer et d’aller chercher les petits aspects de son match sur lesquels il n’a peut-être pas la chance de travailler en haut, parce que ça va tellement vite. Ici, on a plus de temps. Alors tant qu’à être ici, aussi bien en faire le plus possible. »
Le Rocket disputera ses prochains matchs samedi à Syracuse et dimanche à Utica. Rien n’est coulé dans le béton, mais Houle prévoit pour l’instant utiliser Caufield à la droite de Ryan Poehling sur un trio complété par Raphaël Harvey-Pinard.
« [Poehling] est quelqu’un de qui j’étais assez proche même avant que tout ça n’arrive. Je suis content qu’il soit ici avec moi. C’est quelqu’un avec qui je peux communiquer. Je sais qu’il comprend tout ce que je vis. »
L’an dernier, Caufield avait joué deux matchs avec le Rocket entre la fin de son passage dans les rangs universitaires et ses débuts dans la LNH. Il avait marqué trois buts et en avait préparé un autre.
« Il a 20 ans, a tenu à rappeler Houle. Il y a des joueurs qui passent trois, quatre ans dans la Ligue américaine. La plupart des choix de deuxième ou troisième ronde passent deux, trois, quatre saisons ici. [...] Si tu as à faire des erreurs, tu peux les faire dans la Ligue américaine, c’est beaucoup moins pire que les faire dans la Ligue nationale. C’est pour ça que les jeunes viennent se développer ici. Ils font des erreurs, mais ça fait partie de la vie et c’est là que tu apprends. Si tu ne fais pas d’erreurs, tu n’apprends pas. Alors il va en faire des erreurs. Poehling va en faire des erreurs, Xavier Ouellet va en faire des erreurs. C’est à nous de les corriger et d’essayer de les aider dans leur cheminement. »