MONTRÉAL - Dans une Ligue nationale de hockey de plus en plus jeune et de plus en plus rapide, le vieux Nate Thompson pourrait se faire lancer des «tasse-toi mon’oncle» par ceux qui arrivent à fond la caisse derrière lui sur la patinoire avec la ferme intention de profiter de ses lacunes pour le dépasser. Pour le remplacer.

Mais attention! Dans le vestiaire du Canadien, Nate Thompson, malgré ses 35 ans bien comptés, est loin d’être simplement un cône à dépasser. À remplacer.

Au contraire, il représente même un point d’ancrage, une source d’inspiration.

«Nate est une source de stabilité au sein de l’équipe. Autant sur la glace que dans le vestiaire. Quand il saute sur la glace, tu sais que tu vas obtenir une bonne présence de sa part», lance d’ailleurs Jonathan Drouin quand on lui demande d’illustrer ce que Thompson représente à ses yeux et aux yeux de ses coéquipiers.

Les éloges à l’endroit du vétéran sont tels que l’expression «Cher oncle Nate» semble bien plus appropriée pour illustrer la valeur de Thompson chez le Canadien que le très péjoratif «Tasse-toi mon’oncle».

«La valeur de Nate dépasse de beaucoup ce que vous — les journalistes — pouvez l’estimer», lance Shea Weber qui a marqué deux buts aux dépens des Kings en plus de récolter la première étoile de la rencontre.

«Sa valeur dépasse surtout ses statistiques personnelles. Même si elles sont très intéressantes jusqu’ici cette saison. Avec tous les jeunes qui poussent dans ce vestiaire, l’expérience de Nate est très utile. Il a joué pour plusieurs équipes – le Canadien est sa septième formation depuis son entrée dans la LNH – il connaît donc plusieurs joueurs, plusieurs entraîneurs. Il connaît donc les stratégies de plusieurs équipes, les habitudes de plusieurs joueurs. Il a surtout vécu toutes les situations possibles depuis le début de sa carrière et cela lui permet d’assumer un rôle de leader au sein du vestiaire avec tout le monde. C’est colossal comme contribution», a ajouté avec aplomb le capitaine du Canadien.

Difficile à dépasser, encore plus à remplacer

Avec le début de saison qu’il connaît, Nate Thompson est en ce moment difficile à dépasser, encore plus à remplacer.

Non seulement a-t-il marqué son premier but de la saison pour donner une avance de 2-0 au Tricolore dans le cadre d’une première période qui a catapulté son équipe vers une victoire de 3-2 aux dépens des Kings de Los Angeles. Mais Thompson a pivoté un troisième trio efficace flanqué de Ryan Poehling à sa gauche et Nick Cousins à sa droite.

Et lorsqu’est venu le temps de protéger l’avance en fin de rencontre alors que les Kings, qui avaient rapatrié Jonathan Quick au banc à la faveur d’un sixième attaquant, tentaient de niveler les chances pour pousser le match en prolongation, c’est vers Nate Thompson que Claude Julien s’est tourné pour disputer les mises en jeu importantes alors que Phillip Danault se tenait prêt, au cas où.

Pourquoi favoriser Thompson plutôt que Danault qui est le meilleur chez le Tricolore dans ce genre de duels et qui a gagné 12 des 20 mises en jeu qu’il a disputées samedi?

«On regarde bien sûr les statistiques du match en cours quand vient le temps de prendre ces décisions, mais j’ai aussi pris en considération le fait que Nate – un ancien des Kings – connaît bien Anze Kopitar et Jeff Carter. Il connaît leurs habitudes aux cercles des mises en jeu. En plus, avec deux centres sur la patinoire, Nate pouvait se permettre de tricher un peu plus et dans le cas où il ne serait pas arrivé à s’en sauver, on avait Phillip pour venir en relève», a commenté Claude Julien.

Malgré la stratégie, malgré toutes les bonnes intentions du principal intéressé, c’est Anze Kopitar qui a remporté les trois dernières mises en jeu de la rencontre. Victime trois fois plutôt qu’une de son ancien coéquipier et capitaine, Thompson a terminé sa soirée de travail avec sept mises en jeu gagnées sur les 16 disputées (44 %).

C’est là que son expérience est entrée en scène et a servi la cause du Canadien.

«Je savais qu’il serait difficile de rivaliser avec Anze. Je me suis donc mis dans la tête de m’assurer d’au moins compliquer son travail. De m’assurer de ne pas perdre nettement l’une ou l’autre des mises en jeu afin de l’empêcher de remettre rapidement la rondelle à la pointe et de donner une chance aux Kings de s’organiser.»

Et sur ce point, il a réussi. Car si la rondelle s’est effectivement retrouvée en possession des Kings lors des trois séquences, Thompson s’est assuré de batailler la possession de la rondelle pendant quelques secondes afin que ses ailiers et ceux de Kopitar entrent dans la mêlée eux aussi. Cela a permis d’écouler des secondes précieuses et d’obliger les Kings à perdre d’autres secondes précieuses pour orchestrer leur plan d’attaque une fois en possession de la rondelle.

Des détails que diront certains. Mais des détails importants vous diront tous les entraîneurs-chefs de la LNH et les joueurs qu’ils dirigent.

Attentes atteintes, voire dépassées

Après avoir marqué son premier but de la saison samedi, Nate Thompson affiche une production de six points en 17 rencontres.

C’est un point seulement de moins que sa récolte de l’an dernier en 25 rencontres disputées avec le Canadien après que Marc Bergevin l’eût acquis des Kings de Los Angeles – en plus d’un choix de 5^e ronde – en retour d’un choix de 4^e ronde.

On est encore loin des 10 buts et 25 points récoltés en 2010-2011 à Tampa Bay dans le cadre de sa saison la plus productive à l’attaque en carrière. Mais cette production est loin d’être le premier critère d’évaluation dans le cas du vétéran qui a signé, l’été dernier, un contrat d’une saison d’une valeur d’un million $.

«L’équipe d’entraîneurs avait identifié Nate comme un gars que nous voulions revoir cette année avec nous. Nous avions aimé sa contribution en fin de saison et jusqu’à maintenant je dois dire qu’il a atteint et même dépassé nos attentes en matière de production. C’est un vétéran qui a un bon sens du jeu et le fait de pouvoir lui confier des joueurs capables de contribuer offensivement – il a disputé plusieurs rencontres en compagnie de Nick Suzuki et Nick Cousins – l’aide certainement à obtenir plus de points. Mais c’est tout ce qu’il apporte d’autre qui est important à mes yeux. C’est vraiment un bon vétéran», a commenté Claude Julien.

Samedi, contre les Kings de Los Angeles, Nate Thompson s’est retrouvé avec Ryan Poehling sur sa gauche. Une situation un brin ironique puisque Poehling est le candidat numéro un qui pourrait remplacer, à un moment donné, Thompson au centre d’un trio de soutien.

Malgré cette possibilité, Thompson a pris Poehling sous son aile. «On s’est parlé avant le match et je lui ai simplement dit de faire confiance à son talent, de jouer le plus simplement possible et que tout irait bien. Il a un talent fou. Un bel avenir se dessine devant lui comme devant tous les jeunes qui poussent dans ce vestiaire. C’est plaisant de jouer dans ce genre de situation et de contribuer à ma façon aux succès de l’équipe. Je ne suis pas du genre à me fixer des objectifs personnels en fait de buts ou de points. Je veux simplement m’assurer de toujours m’améliorer et de toujours un impact positif au cours des matchs et avec mes coéquipiers», a indiqué Thompson qui a bien aimé marquer contre ses anciens coéquipiers.

«C’est toujours spécial de marquer contre une ancienne équipe, mais j’étais surtout content ce soir de pouvoir enfin obtenir mon premier but et de donner une avance de deux buts à l’équipe. On a connu de bons débuts de rencontres au cours des dernières parties, mais nous n’arrivions pas toujours à maintenir le rythme. Ce soir, nous l’avons fait. Les Kings sont revenus en troisième pour rendre le match plus serré qu’on l’aurait voulu, mais dans l’ensemble je crois que nous avons gardé le contrôle de la partie.»

En bref

• Après avoir été blanchie en 12 occasions lors des cinq dernières parties, l’attaque à cinq du Canadien a fait mouche deux fois en six supériorités. Si les deux premières attaques massives ont été couronnées de succès, les quatre suivantes ont été un brin boiteuses avec des entrées en zone ennemie laborieuses, dont quelquesunes se sont d’ailleurs traduites par des hors-jeu…
   
• Shea Weber a marqué ses quatrième et cinquième buts de la saison samedi. Il s’agissait aussi de ses deux premiers de la campagne en avantage numérique. Avec une récolte en carrière de 101 buts marqués en avantage numérique, le capitaine du Canadien occupe maintenant le 11^e rang dans l’histoire de la LNH pour le nombre de buts marqués par un défenseur lors d’attaques massives. Il occupe le premier rang chez les défenseurs toujours actifs dans la LNH…
   
• Bien qu’il écoule la deuxième année d’un contrat de trois ans d’une valeur de 18,75 millions $, c’est au sein d’un quatrième trio qu’Ilya Kovalchuk affrontait le Canadien samedi. Pire affront encore, il était bien assis au banc quand les Kings, avec six patineurs sur la glace, tentaient de niveler les chances en fin de rencontre. Après avoir marqué 16 buts et récolté 34 points l’an dernier en 64 rencontres, Kovalchuk revendique trois buts et neuf points en 17 matchs jusqu’ici cette saison…
   
• C’est dimanche de congé chez le Canadien. Prochains matchs mardi alors que les Blues Jackets de Columbus effectueront leur première visite au Centre Bell cette saison…