MONTRÉAL – En signant son contrat de recrue avec le Canadien cette semaine, Joshua Roy est devenu le 39e joueur issu du repêchage 2021 de la Ligue nationale à s’entendre avec l’équipe qui détenait ses droits. Un parmi tant d’autres, donc? Pas vraiment.

De ces 39 joueurs, 31 ont été sélectionnés dans les deux premières rondes. Quatre autres l’ont été en troisième ronde. Roy, qui a dû attendre la cinquième ronde avant de trouver preneur en juillet dernier, est seulement le quatrième espoir de sa cuvée, parmi tous ceux qui ont été choisis à l’extérieur du top-100, à se promener avec un contrat en poche.

Ancien champion compteur de ce qu’il est maintenant tenu d’appeler la Ligue M18 AAA, Roy avait dégringolé dans les classements des recruteurs après deux premières saisons peu convaincantes dans la LHJMQ. Il traînait la réputation d’un joueur peu enclin à l’effort, un surdoué qui se contentait d’aller où son talent naturel pouvait le mener. Ses habitudes de vie n’étaient pas celles d’un futur professionnel. Son premier club junior s’en est départi après une saison et demie.

Joshua Roy: un joueur aux multiples qualités

« Il a commencé chez nous avec un certain historique qui était derrière lui », a résumé l’entraîneur et directeur général du Phoenix de Sherbrooke, qui a fait son acquisition des Sea Dogs de Saint John l’hiver dernier.

Roy s’est repris en main et avec le jalon significatif qu’il vient de franchir dans sa jeune carrière, il a en quelque sorte rétabli les faits et changé définitivement l’étiquette qui lui collait jadis à la peau.

« Ouais, un peu, répond-il lorsqu’on le soumet à cette théorie. C’est vrai que c’est plus des choix de première et deuxième rondes qui signent à ce temps-ci de l’année. Là-dessus, je suis heureux et content que le Canadien me fasse confiance. »

Il n’y avait pourtant pas urgence d’agir. Parce que Roy évolue au hockey junior canadien, les dirigeants du CH avaient jusqu’à l’été 2023 pour l’évaluer et juger de la pertinence de le mettre sous contrat. Dans le contexte où le directeur général et le responsable du recrutement amateur qui lui ont donné sa chance ont depuis perdu leur emploi, il aurait été compréhensible que leurs successeurs préfèrent prendre leur temps avant de valider sa sélection.

Il est plutôt devenu le deuxième espoir repêché par l’administration précédente, après Jordan Harris en fin de semaine dernière, à entrer dans les livres comptables du Canadien.

« Ça m’a un peu surpris, pour vrai. Comme tu dis, ils ont tous changé. Tout ce que j’avais fait avant, Kent Hughes et Jeff Gorton ne l’avaient peut-être pas vu. J’étais quand même surpris que ça vienne si tôt. »

Ne pas se « pogner le beigne »

Il faut dire que Joshua Roy a pris les moyens pour que les bonnes personnes le remarquent. À un mois de la fin de la saison, il partage le premier rang du classement des marqueurs de la LHJMQ avec 94 points en seulement 51 matchs. Le trio qu’il complète avec Xavier Parent et Julien Anctil est considéré comme l’un des plus menaçants du circuit et sa production explique en grande partie les succès inattendus du Phoenix, qui domine le classement de l’Association Ouest.

Quelques heures après l’annonce de sa mise sous contrat, Roy a préparé le 40e but de Parent en avantage numérique en plus de compléter lui-même le pointage dans un filet désert dans une victoire de 4-1 sur les Voltigeurs de Drummondville. Il s’agissait de son 28e match de plus d’un point cette saison.

« C’était super important [de connaître un gros match], n’a pas caché Roy jeudi. Il faut que je continue à travailler fort. Il ne faut pas que les gens se disent : ‘Ah, il a signé son contrat, il va se pogner le beigne’. Je vais travailler fort et je vais continuer de faire ce que je faisais bien. »

Cette attitude reflète à la fois ce que Stéphane Julien a vu de son poulain depuis son arrivée en Estrie et l’essentiel du message qu’il lui a livré pour la suite des choses.

« La journée où Josh a mis les pieds au Palais des Sports, on lui a donné un plan et après, c’est lui qui a réalisé ce qu’il pouvait accomplir, a affirmé celui qui a notamment cédé trois choix de première ronde pour faire l’acquisition du Beauceron. Côté talent, je pense qu’il connaissait son potentiel. Mais pour le travail qu’il a mis en arrière, je pense qu’il mérite beaucoup de crédit. Il n’est pas le premier joueur qui demande au coach ce qu’il peut faire pour être meilleur, mais Josh, il l’a fait. »

« Un contrat de la Ligue nationale, c’est super pour les joueurs. Mais en même temps, le chemin est encore très long, conclut l’entraîneur. Josh a encore beaucoup de choses à améliorer quand même, alors il faut continuer à travailler. Ce n’est pas parce que tu as signé un contrat que tu peux lâcher au niveau junior. Les équipes professionnelles suivent leurs joueurs régulièrement. C’est à lui de bien travailler. »