DALLAS - Contrairement à une majorité de partisans du Canadien et à mes collègues bien plus au fait que je ne le suis des qualités et des défauts des vedettes de la LNH de demain, je me fiche complètement de l’identité du joueur que le Tricolore repêchera vendredi soir avec la troisième sélection de la première ronde.

 

Si le Canadien avait le premier ou le deuxième choix, ce serait différent. Différent parce que le défenseur Rasmus Dahlin et l’ailier droit Andrei Svechnikov, qui devraient être les deux premiers appelés vendredi soir, seront en mesure d’aider le club qui les repêchera dès l’an prochain.

 

À moins d’une très grande surprise, le joueur que le Canadien sélectionnera au troisième rang ne jouera pas l’an prochain à Montréal. Qu’il s’appelle Filip Zadina, Jesperi Kotkaniemi ou Brady Tkachuk, celui en qui Marc Bergevin, Trevor Timmins et l’ensemble des recruteurs du Tricolore auront le plus confiance mettra un an, peut-être deux, voire trois saisons avant de pouvoir vraiment faire du Canadien une bien meilleure équipe.

 

Parce que je couvre le Canadien sur une base quotidienne et que le Canadien a des lacunes importantes qu’il doit combler dès maintenant s’il veut redevenir un club susceptible d’accéder aux séries – et je ne parle pas ici d’un club capable d’aspirer aux grands honneurs – je suis bien plus préoccupé par ce que Marc Bergevin fera pour aider son équipe à court terme que par l’espoir qui naîtra des sélections des deux prochains jours.

 

Aussi bonnes et prometteuses soient-elles.

 

Pour améliorer son équipe dès maintenant, pour trouver une façon de combler le grand vide au centre du premier trio qui mine sa formation depuis trop longtemps, Marc Bergevin doit réaliser un grand coup. En fait non! Il devra multiplier les grands coups en raison de la grande précarité de son équipe et du manque d’espoirs susceptibles de venir renforcer des flancs dégarnis.

 

D’où viendront ces grands coups?

 

Marc Bergevin pourrait offrir son premier choix. Il pourrait combiner ce premier choix à Max Pacioretty, dont le nom est au centre de nombreuses rumeurs de transactions, afin de mettre la main sur un vrai centre numéro un.

 

Bergevin a reçu de nombreux appels associés à sa première sélection du repêchage. Il a écouté. Il écoute encore. Il écoutera jusqu’à la toute dernière minute afin de voir si cette possibilité aiderait vraiment son équipe. Mais selon ce qu’il a dévoilé lors du point de presse tenu après la réunion des directeurs généraux en marge du repêchage, jeudi, à Dallas, il est peu probable qu’il emprunte ce scénario.

 

Ryan O’Reilly?

 

Les Sabres de Buffalo offrent Ryan O’Reilly aux 30 autres équipes de la LNH. Ils veulent se défaire de son contrat – ponction de 7,5 millions $ annuellement sous le plafond jusqu’en 2022-2023 – et des primes qui lui sont rattachées.

 

Le Canadien s’intéresse à O’Reilly qui, à défaut d’être un vrai premier centre dans la LNH, serait le meilleur du Tricolore en débarquant à Montréal. Malgré cet intérêt avoué, le Canadien ne donnera pas aux Sabres de Buffalo la troisième sélection de la première ronde pour O’Reilly.

 

« Jamais je ne ferais ça et tu peux l’écrire », m’a répondu Marc Bergevin lorsque je lui ai souligné que plusieurs observateurs envisageaient la possibilité que O’Reilly se retrouve à Montréal en retour de la troisième sélection de la première ronde.

 

« Je tiens à améliorer l’équipe du plus grand nombre de façons possibles. Je veux améliorer l’équipe à court terme, mais je dois aussi penser à l’avenir de cette équipe. Je ne peux pas hypothéquer l’avenir simplement pour trouver une solution à court terme. Ce serait irresponsable. J’aime mieux prôner la patience avec les jeunes que nous sélectionnerons que de faire du rafistolage », a ajouté Marc Bergevin lors de son point de presse.

 

Cette déclaration est intéressante.

 

Contesté sur plusieurs fronts depuis qu’il a échangé P.K. Subban pour Shea Weber, Bergevin n’a pas aidé sa cause l’été dernier avec le chambardement complet d’une brigade défensive qu’il considérait meilleure que celle d’il y a deux ans bien qu’elle a lamentablement failli à la tâche. La transaction Drouin-Sergachev ne l’a pas aidé à raviver sa popularité et le départ d’Alex Galchenyuk qui sera remplacé par Max Domi est loin d’avoir fait l’unanimité en fin de semaine dernière. Très loin même…

 

Dans ces circonstances, Bergevin pourrait être bien plus enclin à trouver des solutions rapides pour calmer la grogne à son endroit et les appels répétés à son congédiement. Une grogne et des appels qui iront en s’accentuant si le Tricolore patauge encore dans la médiocrité l’an prochain.

 

Bergevin est prêt à vivre avec cette grogne. Il semble même prêt à essuyer un congédiement, car à titre d’homme de hockey, il préfère voir, même de loin, des améliorations tardives associées aux décisions qu’il a prises dans le passé et à la patience qu’il a maintenue malgré les pressions extérieures – des partisans et des médias – que de miner l’avenir de l’équipe avec des décisions impulsives et des solutions à courte vue.

 

Max Pacioretty virtuellement parti

 

Je serais très surpris que Max Pacioretty soit encore avec le Canadien tard demain soir. Je serais extrêmement surpris qu’il soit encore avec le Canadien dimanche matin.

 

Je ne sais pas quand Pacioretty sera échangé, mais je suis plus convaincu que jamais que le capitaine a disputé son dernier match dans l’uniforme du Canadien. Le capitaine veut partir. Et le Canadien est prêt à se défaire de son capitaine. Mais Bergevin ne peut pas le donner pour autant.

 

Les Panthers de la Floride l’avaient dans la mire. Ils l’ont encore. Mais après avoir mis la main sur Mike Hoffman des Sénateurs d’Ottawa plus tôt cette semaine, disons que les Panthers et leur DG Dale Tallon peuvent se permettre d’être beaucoup plus pingres dans les offres à soumettre pour obtenir Pacioretty.

 

Les Kings de Los Angeles s’intéressent à lui. De fait, les Kings s’intéressent à tous les francs-tireurs disponibles sur le marché des transactions autant qu’au marché des joueurs autonomes.

 

Mais comme Ilya Kovalchuk a placé le nom des Kings sur sa liste de club avec qui il aimerait jouer l’an prochain, Rob Blake tente de mettre la main sur le joueur autonome russe qui lui permettra d’obtenir plus de buts sans avoir à offrir de joueur en retour.

 

D’autres clubs voudraient bien de Pacioretty. La question est de savoir si ces équipes seraient prêtes à offrir un choix de première ronde – entre autres – en retour du futur ancien capitaine du Canadien.

 

C’est une question importante. Cruciale même. Car si Marc Bergevin était en mesure d’obtenir un choix plus tardif de première ronde en retour de Pacioretty, peut-être qu’il aurait alors la monnaie d’échange que les Sabres de Buffalo tiennent à obtenir en retour de Ryan O’Reilly.

 

Est-ce que ce serait suffisant pour faire du Canadien une meilleure équipe dès l’an prochain?

 

Pas assez. Du moins je ne crois pas. Mais ce serait un bon début.

 

Marc Bergevin a échangé un joueur plus talentueux que celui qu’il a reçu lorsqu’il a accepté de céder Alex Galchenyuk aux Coyotes pour obtenir de Max Domi. Peut-être que Domi compensera son manque à gagner en matière de talent brut par une attitude qui lui permettra d’être en fin de compte un meilleur joueur de hockey que Galchenyuk.

 

Peut-être!

 

Celui qui débarquera à Montréal pour remplacer Max Pacioretty devra générer une trentaine de buts par saison pour y arriver. Plus facile à dire qu’à faire. Même par Ryan O’Reilly.

 

Il faudra donc d’autres transactions et des embauches bien ciblées au marché des joueurs autonomes pour faire du Canadien une meilleure équipe dès l’an prochain.

 

Sans oublier un repêchage de grande qualité.

 

Voilà le défi qui se dresse devant Marc Bergevin pour les prochaines heures, les prochains jours et les prochaines semaines.

 

Les défis en fait.

 

Car son équipe est tellement minée sur le plan du talent, de la profondeur et de l’attitude autant à l’attaque qu’à la ligne bleue, qu’il doit impérativement multiplier les grands coups pour améliorer son club d’une manière significative dès maintenant tout en moussant la qualité de l’avenir avec des sélections au repêchage qui rapporteront des dividendes au cours des prochaines années.

 

Bonne chance!


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