Danault et les Kings ont le dernier mot au Centre Bell
Canadiens mardi, 9 nov. 2021. 21:53 mardi, 9 nov. 2021. 22:37MONTRÉAL – Le Canadien s’est incliné devant les Kings de Los Angeles, 3-2 en prolongation, mardi soir au Centre Bell. Voici nos observations.
Chiarot le quart-arrière
« Mon gars, si quelque chose est trop dur pour être réussi du premier coup, c’est que ça vaut pas la peine d’être fait. Viens, on va rentrer en dedans pis on va écouter la TV... »
Si Ben Chiarot avait suivi les conseils de ce vieux sage qu’est Homer Simpson, le Canadien ne serait pas rentré au vestiaire avec une avance de 1-0 au premier entracte. Il aura en effet fallu beaucoup de persévérance au Tricolore pour envoyer une première rondelle derrière Cal Petersen en fin de première période. Chiarot a d’abord lancé deux fois sur le gardien, puis le tir d’Artturi Lehkonen a été bloqué par le bâton du défenseur Olli Maata dans le demi-cercle. Ce n’est qu’après toutes ces occasions ratées que Chiarot, héritier de la rondelle devant une cage ouverte, a finalement pu terminer le travail. Il s’agissait déjà de son cinquième tir cadré de la période. Il a terminé sa soirée avec huit tirs au but, dont six sur la cible.
Chiarot a maintenant trois buts depuis le début de la saison. C’est tout à son honneur, c’est une denrée précieuse chez le Canadien cette saison. Mais le fait qu’il en ait trois de plus que Jeff Petry raconte une bonne partie de l’histoire sur les problèmes offensifs des Montréalais cette saison.
Après 14 matchs l’an dernier, Petry avait déjà six buts et 14 points. Au même point cette année, il a été limité à deux petites mentions d’aide.
Le deuxième souffle des Kings
Le Canadien jouait le match qu’il devait jouer après 20 minutes. Sans être dominants, les locaux avaient tiré plus souvent vers le filet adverse, obtenu les meilleures chances de marquer et occupé avec plus de résolution le territoire ennemi. C’est ce dont on était en droit de s’attendre contre un adversaire qui avait joué 24 heures plus tôt à Toronto et dans ces circonstances, il n’y avait pas de raison de croire que la dynamique changerait drastiquement à mesure que le match prendrait de l’âge.
Mais si la défaite de samedi contre les Golden Knights de Vegas nous avait appris une chose, c’est qu’il n’y avait que très peu de garanties avec cette édition 2021-2022 du Canadien. Tranquillement, les Kings sont montés en puissance en deuxième période. À partir de la douzième minute de l’engagement, ils ont passé trois présences consécutives à bourdonner en zone offensive. La dernière de ces présences s’est terminée par une pénalité décernée à Chiarot, ce qui a évidemment prolongé le calvaire du CH.
Les dix derniers tirs cadrés de la période ont appartenu aux Kings, qui ont finalement pris l’avantage au score dès la sixième seconde de la troisième. Le Canadien, à sa défense, a su s’extirper de sa torpeur et reprendre, notamment grâce à deux avantages numériques et une énorme mise en échec de Romanov, l’ascendant dans le duel. Jake Evans a créé l’égalité avec un bijou en fin de troisième et les Kings ont eu besoin d’un vol de Petersen sur Mike Hoffman pour atteindre la prolongation.
Au final, un but d’Adrian Kempe a procuré aux Kings une sixième victoire consécutive. Pour le Canadien, le compte est à trois défaites de suite.
Joueurs de soutien : combat inégal
Sur papier, l’unité de désavantage numérique du Bleu-Blanc-Rouge a neutralisé le jeu de puissance des Kings lors de ses quatre déploiements. Mais derrière les statistiques, l’avantage numérique des visiteurs a joué un rôle clé dans le transfert du momentum qui s’est opéré dans ce match. Et plus souvent qu’autrement, l’un des trios de soutien des Kings s’est retrouvé derrière cette opération.
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Après une pénalité décernée à Jake Evans en première période, le trio de Trevor Moore, Brendan Lemieux et Blake Lizotte a tournoyé avec insistance près du filet de Jake Allen. Puis en deuxième, tout de suite après la sortie du cachot de Michael Pezzetta, Lemieux s’est avancé sur le flanc gauche et a déjoué Allen d’un superbe tir par-dessus son épaule.
En troisième période, Pezzetta a été chassé deux fois coup sur coup pour un geste aux dépens de Lemieux. Si les officiels ont eu la générosité d’envoyer Lemieux avec lui au cachot la première fois, ils n’avaient aucune raison d’en faire autant à la deuxième occasion. Pezzetta a eu l’air fou et Lemieux a fait son boulot à la perfection, une image qui illustre bien l’ensemble du travail des unités de soutien dans ce match.
Lemieux, Lizotte et Moore ont donné entre dix et douze de minutes de qualité aux Kings tandis que Pezzetta et Alex Belzile n’ont joué que cinq minutes et des poussières. Cédric Paquette n’a pas été aperçu après avoir effectué sept présences en première période.
Suzuki, un magicien ciblé
Le jeune homme qui semblait chercher sa confiance en début de saison n’est plus. Nick Suzuki est de retour, ça crève les yeux.
Le premier pivot du CH a vu sa séquence de matchs avec un but s’arrêter à trois mardi, mais ça ne change rien au fait qu’il en a joué tout un. Il a offert un premier flash de sa brillance au début de la deuxième période, quand il a envoyé Tyler Toffoli vers le filet adverse avec une longue passe qu’il a effectuée avec une seule main. En désavantage numérique, on l’a vu transporter la rondelle d’un bout à l’autre de la surface glacée pour aller défier Petersen. Il y a aussi eu ce revirement créé à la ligne bleue des Kings qui lui a permis d’aller menacer de nouveau.
En troisième, Suzuki a effectué une belle feinte devant le jeune Kale Clague, mais aucun de ses coéquipiers n’étaient dans l’enclave pour compléter son jeu. Il a lui-même pris les choses en main en fin de période avec un tourniquet autour du but qui a failli en faire l’auteur du but vainqueur.
Suzuki a toutefois trouvé son homme en prolongation. Après avoir tenté quelques pas de danse autour d’Anze Kopitar, il a reçu la visite du vétéran Dustin Brown, qu’il l’a envoyé les quatre fers en l’air avec la mise en échec du match. Les Kings ont inscrit le but décisif quelques instants plus tard.
Un accueil tiède pour Danault
Des huées pour Phillip Danault, vraiment?
On avait pourtant été encouragé par les applaudissements de la foule lorsque l’annonceur-maison Michel Lacroix avait nommé l’ancien numéro 24 parmi les membres de la formation partante des Kings après la période d’échauffement. Peut-être saurait-on finalement accueillir dignement un ancien, un joueur local de surcroît, qui a fait tout ce qu’on attendait de lui et même plus pendant cinq ans et demi dans la fournaise montréalaise. Mais non : dès qu’il a touché la rondelle, Danault a reçu le même traitement que Jesperi Kotkaniemi, Max Pacioretty et tant d’autres qui ont jadis posé leurs valises à Montréal. Au moins, la minorité bruyante a été étouffée lorsqu’une vidéo en hommage à Danault a été présentée à l’écran géant lors de la première pause publicitaire du match. Le petit gars de Victo a alors reçu une chaleureuse ovation qui lui a visiblement fait du bien.
Sur la glace, Danault a connu un match honnête. Il a passé près de vingt minutes sur la patinoire, dont 2:56 en avantage numérique et 1:53 en infériorité numérique. Il a remporté 10 de ses 22 mises en jeu (45%). Quinze de ces duels l’ont opposé à Christian Dvorak, qui a été acquis pour combler sa perte après son départ pour L.A. Résultat : Dvorak a eu le dessus huit fois.