C’est fini. Enfin!

Le plus triste, où le plus drôle c’est selon, est que le revers de 4-2 encaissé aux mains des Maple Leafs de Toronto a très bien illustré les façons qu’a utilisées le Canadien pour multiplier les défaites cette saison.

 

Des couvertures défensives défaillantes ont ouvert la porte à deux buts accordés en désavantage numérique. Deux autres. Les 48e et 49e en 41 parties à l’étranger cette saison ce qui laisse le Canadien, sans la moindre surprise, bon dernier dans la LNH au grand complet pour son inefficacité sur la route et 30e globalement alors que seuls les Islanders de New York ont fait pire que le Tricolore.

 

Malgré 33 tirs, le Canadien n’a pas été fichu de marquer plus de deux buts. Et encore, le deuxième a été marqué par le défenseur Ron Hainsey qui a fait dévier une passe de Jeff Petry derrière son gardien. Mais bon! Considérant que le Canadien avait été blanchi à ses deux derniers matchs contre Toronto, ce but tombé du ciel aurait pu aider la cause de l’équipe.

 

Sauf que… sauf que Carey Price a complété son année de misère en cafouillant avec la rondelle alors qu’il tentait d’effectuer une passe vers un coéquipier a offert le but d’assurance aux Maple Leafs.

 

Quand ça va mal…

 

En dépit de tous les ennuis avec lesquels Price a dû composer, je demeure convaincu qu’il est le moins grand souci du Canadien en vue de la prochaine saison. Loin d’être aussi sévère à l’endroit d’un gardien qui demeure au sein de l’élite même s’il est pompeux de le hisser tout en haut de la liste des meilleurs gardiens du monde, je crois fermement que Price sera bien meilleur l’an prochain. Et qu’il le sera devant la cage du Canadien et non d’une autre formation vers laquelle il pourrait être échangé.

 

Price devra être meilleur. De beaucoup même. Car avec son contrat de 10,5 millions $ par année qui entrera en vigueur l’an prochain pour une période de huit ans, les critiques qu’il a essuyées cette année seront très douces en comparaison à celles qui lui pleuvront sur ses épaules l’an prochain s’il est aussi généreux que cet hiver.

 

Sans compter que les chances du Canadien d’accéder aux séries passeront de minces à nulles.

 

La générosité débordante de Carey Price cette année et la porosité de sa défense ont mis un peu plus en évidence la timidité de l’attaque du Tricolore.

 

Brendan Gallagher (54 points) et Alex Galchenyuk (51 points) ont dominé la colonne des marqueurs du Canadien.

 

Dans la LNH au grand complet, les Rangers de New York forment la seule équipe dont le meilleur marqueur a récolté moins de points que le meilleur du Canadien alors que Mats Zuccarello s’est contenté de 53 points.

 

Les Devils sont la seule équipe de la Ligue qui ne compte que sur un marqueur plus prolifique que le meilleur du Tricolore. Mais comme Taylor Hall a récolté 93 points et traîné son équipe en séries, on peut dire sans se tromper que le New Jersey a été meilleur que Montréal sur le plan offensif. Sur tous les plans en fait…

 

Les 28 autres équipes ont toutes au moins deux et jusqu’à cinq – c’est vrai pour Floride, New York Islanders, Tampa, Vegas et Winnipeg – marqueurs totalisant plus de point que Brendan Gallagher.

 

La chose la plus facile à faire au lendemain de cette 53e défaite de la saison, la 40e en temps réglementaire, serait de vite l’oublier. De l’effacer à jamais de notre mémoire.

 

Comme l’a indiqué Brendan Gallagher après le match de samedi à Toronto, ce serait une erreur. Une grave erreur même, car il y a malgré tout des leçons importantes à tirer d’une saison aussi misérable que celle qui a pris fin samedi.

 

Il sera donc crucial de se souvenir de la saison 2017-2018, à commencer par le camp d’entraînement qui l’a précédée, pour dresser la liste des erreurs commises et de choses qui ont mal été afin d’apporter les correctifs nécessaires pour éviter de les répéter bêtement l’an prochain.

 

Les correctifs à apporter sont nombreux. On en conviendra tous. Du moins je l’espère…

 

Une attaque à relancer

 

Par où commencer?

 

Si Jonathan Drouin joue toujours au centre la saison prochaine et qu’il le fait encore au sein du premier trio, le Canadien sera dans le pétrin avant même le début du premier match.

 

C’est à l’aile plus qu’au centre où Drouin devrait jouer. Mais il pourrait mieux paraître au centre d’un deuxième trio alors que l’opposition serait moins relevée qu’elle ne l’a été contre lui toute l’année. Il a d’ailleurs prouvé en fin de saison qu’il était en mesure de jouer d’une manière plus soutenue qu’il ne l’a fait bien trop souvent cette année.

 

Mais pourquoi diable Drouin a-t-il eu besoin du survoltage que lui a servi Claude Julien en l’insérant entre Brendan Gallagher et Paul Byron pour se mettre à jouer du hockey soutenu?

 

Débarqué à Montréal en héros il y a moins d’un an, auréolé d’un contrat de six ans d’une valeur de 33 millions $, c’est Drouin qui aurait dû traîner l’équipe. Il n’aurait jamais dû attendre d’être poussé par Gallagher et Byron pour le faire.

 

Du moins, il me semble.

 

Peut-être le fera-t-il l’an prochain. Mais pour y arriver, il faudra lui offrir un rôle moins ingrat que celui de centre du premier trio. Un rôle qu’il ne peut remplir.Max Pacioretty

 

Max Pacioretty? Je suis toujours convaincu qu’il sera échangé. Est-ce que ce sera avant la saison ou en cours de saison? Ça dépendra des offres faites au Canadien. Mais je crois que ce serait une erreur de lui faire amorcer une saison qu’il ne terminerait pas. Surtout qu’il devrait alors être déchu de son titre de capitaine.

 

Je sais que les Sharks de San Jose, deux fois plutôt qu’une, que les Kings de Los Angeles et bien d’autres équipes ont transféré le titre de capitaine d’un joueur à un autre sans que cela n’entraîne l’effondrement de l’amphithéâtre dans lequel elles évoluent.

 

Mais à Montréal, un tel changement déclencherait un vaudeville dont le Canadien doit impérativement se passer tant il est déjà aux prises avec des problèmes d’images qui minent sa crédibilité.

 

Alex Galchenyuk? Le talent est là. C’est évident. La vitesse, les mains, la qualité des tirs laissent croire que Galchenyuk peut assumer un rôle de premier plan au sein d’un premier trio.

 

Mais est-ce la réalité? Galchenyuk est-il vraiment capable de récolter 75 points, voire 80? Où est-il un gars dont le rendement optimal oscillerait autour des 55 points? Ce qui serait déjà pas mal, on en conviendra. Mais pas suffisant pour donner à Galchenyuk le mandat de donner le ton.

 

Les Lehkonen, Hudon, Deslauriers et peut-être Andrew Shaw à moins que les commotions cérébrales qu’il collectionne soit de nature à mettre sa carrière en péril, ont démontré qu’ils peuvent remplir des rôles plus ou moins importants au sein de l’attaque.

 

Jacob De la Rose? Il semble qu’il pilotera le quatrième trio l’an prochain. Ce sera un prix de consolation, car le jeune homme demeure un joueur nébuleux qui n’arrive pas à maximiser sa stature et le coup de patin que les dieux du hockey lui ont donné et qu’il semble bien davantage gaspiller que maximiser.

 

Considérant les trous béants que le Canadien a à colmater au sein de son top neuf, l’état-major ne pourra perdre trop son temps et ses énergies avec le quatrième. Ça devrait offrir à De La Rose une autre chance.

 

Les autres?

 

Parce qu’ils semblent faire le bonheur de l’état-major, Byron Froese et Logan Shaw pourraient rester avec le club. Mais bon, il serait certainement possible de les remplacer par des meilleurs assez facilement.

 

De fait, dans le groupe des joueurs de profondeur, je miserais davantage sur Daniel Carr qui a prouvé avoir la capacité de marquer malgré une utilisation limitée que sur tous les autres.

 

Du côté de la relève, Nikita Scherbak a démontré de belles habiletés. Il était temps. Mais Scherbak a aussi démontré qu’il est loin d’être prêt à assumer un rôle de premier plan au sein des deux premiers trios.

 

Le sera-t-il un jour?

 

On verra.

 

Ce qui semble clair toutefois, c’est qu’il n’est pas en mesure d’assumer un rôle au sein d’un trio de soutien. Il aura donc sans doute à retourner à Laval. L’ennui, c’est qu’il se sentira peut-être bien seul. Car l’une des leçons qu’on peut tirer de la saison qui a pris fin samedi, c’est qu’en matière de renfort à Laval, ce n’est pas seulement mince, c’est inexistant.

 

Un allié pour Weber

 

Si le Canadien a impérativement besoin de se trouver un centre de premier trio, il a tout aussi impérativement besoin d’un défenseur de premier plan pour évoluer à la gauche de Shea Weber.

 

Au fil des premiers matchs qu’il a disputés après son arrivée à Montréal, j’ai cru que Mike Reilly pourrait être ce joueur. Je ne le crois plus. Bon! Il pourrait toujours remplir ce rôle par défaut, comme Victor Mete l’a fait à la surprise générale en début de saison, mais ce ne serait pas optimal.Victor Mete

 

Reilly serait meilleur au sein d’un deuxième duo à la gauche de Jeff Petry. À moins que Victor Mete ne se développe à un rythme fou au cours de l’été et qu’il hérite de ce poste l’automne prochain.

 

Ce qui n’est pas évident.

 

De fait, il ne faudrait peut-être pas écarter du revers de la main la possibilité que Mete puisse aller prendre de l’expérience dans la Ligue américaine. Malgré ses succès à titre de recrue? Oui. Et ce ne serait peut-être pas une mauvaise chose…

 

On fait quoi avec Karl Alzner? On fait ce qu’on peut pour tenter de faire oublier le contrat qui le lie au Canadien pour encore cinq ans à un salaire de 4,65 millions $ par année. Alzner a été mauvais cette année. Il est le premier à reconnaître qu’il a connu une saison difficile.

 

Peut-il être meilleur? Oui! Au sein d’un troisième duo avec à sa droite Noah Juulsen qui semble prêt à faire le grand saut.

 

Alzner est trop lent pour le hockey d’aujourd’hui. Pis encore, il multiplie les mauvaises décisions ce qui le rend encore plus vulnérable. Autre défaut majeur, il n’est pas assez robuste pour un défenseur aussi lent. Non seulement il perd trop de bagarre le long des rampes, mais il peine à défendre ses gardiens.

 

C’est d’ailleurs un trait caractéristique de la brigade du Canadien. Au lieu de les chasser avec vigueur, les défenseurs du Canadien accueillent leurs adversaires avec des pancartes « soyez les bienvenus à Montréal » à la main. J’exagère à peine.

 

Avec Alzner et Juulsen au sein d’un troisième duo, et selon ce que Victor Mete imposera comme prise de décisions à son égard une fois le prochain camp d’entraînement complété, Jordie Benn et David Schlemko pourraient hériter des postes de septième et huitième défenseurs.

 

Comme vous, je préférerais les remplacer tout court. Mais Benn ne fera pas trop de mal comme septième défenseur avec un salaire de 1,1 million à sa dernière année de contrat. Schlemko commande un salaire de 2,1 millions $ pour encore deux ans. Ça devrait miner les chances du Canadien de l’échanger. Il pourrait toujours racheter ce contrat. Surtout que le vétéran défenseur est plus fragile que la confiance de Max Pacioretty quand il est trois ou quatre matchs de suite sans marquer.

 

Mais si cela n’arrive pas, il faudra composer avec sa présence et peut-être espérer qu’au fil de ses aller-retour entre Montréal et Laval peut-être qu’une équipe décidera de le réclamer au ballottage.

 

Brett Lernout? Je l’aimais vraiment lors du dernier camp d’entraînement. Je croyais même qu’il serait en mesure d’assumer le rôle de troisième défenseur sur le flanc droit mieux que Jordie Benn et les autres candidats en lice l’automne dernier.

 

Bon! On a tous droit à l’erreur et je confesse ici bien bas avoir surévalué de beaucoup la progression de ce défenseur. Au point de me demander s’il progressera encore ou si, au contraire, il a déjà atteint son apogée.

 

Combo Niemi-Lindgren

 

Derrière Carey Price, un combo Antti Niemi à Montréal et Charlie Lindgren à Laval, fera très bien l’affaire.

 

Avec tout ce que le Canadien doit accomplir pour régler les problèmes majeurs qui minent son club, les gardiens auxiliaires, comme les quatre derniers attaquants et les deux défenseurs d’extra, devraient enfin être le cadet de ses soucis.

 

Car après avoir gaspillé bien trop de temps au cours des dernières années sur les joueurs de soutien, il est grand temps que la direction s’occupe des joueurs de premier plan. Il est plus que temps même.