Claude Julien a passé des messages
Canadiens jeudi, 24 oct. 2019. 22:33 lundi, 25 nov. 2024. 05:48
MONTRÉAL - Kevin Labanc a esquissé un sourire en coin lorsque les journalistes lui ont demandé de commenter sa soirée de travail après la victoire que 4-2 que lui et ses coéquipiers des Sharks venaient d’infliger au Canadien.
L'Américain d'origine slovaque avait pourtant connu un solide match. Au sein d’un trio piloté par Tomas Hertl et complété par Evander Kane, Labanc avait plusieurs fois pris le territoire du Canadien d’assaut, marqué son troisième but de la saison, un deuxième filet gagnant, en plus d’être sur la patinoire pour les deux buts marqués par Kane lors d’attaques massives des Sharks.
Au lieu de claironner, Labanc s’est offert une petite pause avant de lancer : « Vous devriez poser la question à Cootch », que Labanc a finalement répondu.
Cootch, c’est le surnom de Logan Couture, le capitaine des Sharks qui a vertement critiqué Labanc et Timo Meier après la défaite en prolongation encaissée mardi à Buffalo. Couture a carrément imputé le poids de la défaite sur les épaules de ses deux jeunes coéquipiers en insistant sur le fait qu’ils avaient pensé à leurs statistiques personnelles au lieu de penser au bien de l’équipe en prolongeant indûment leur présence en prolongation. Une présence qui s’est soldée par le but gagnant des Sabres.
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Un tel commentaire aurait pu assommer Labanc et Meier. Il aurait pu semer la bisbille dans le vestiaire. Ouvrir la porte à des conflits internes.
C’est toutefois l’effet contraire qui s’est produit. Au grand plaisir du capitaine qui savait très bien ce qu’il faisait lorsqu’il a publiquement apostrophé ses coéquipiers.
« Je savais à qui j’avais à faire. Je savais qu’ils seraient fouettés et qu’ils répondraient. Les as-tu vus jouer ce soir? Ils étaient partout sur la patinoire. Quand un ou des gars ne font pas le travail et qu’ils doivent se faire botter le derrière, c’est au leader d’une équipe d’y voir. Et c’est pour cette raison que je n’ai pas hésité à dire ce que j’ai dit l’autre soir. J’espère simplement ne pas avoir à le faire trop souvent », a lancé le plus sérieusement du monde le capitaine que j’ai croisé à sa sortie du vestiaire.
Et si vous pensez que Couture impose un climat de terreur autour de lui dans le vestiaire, détrompez-vous. Lorsqu’il est revenu dans le vestiaire en tenue de ville, le capitaine a été témoin des dernières réponses offertes en slovaque par Labanc au collègue Zdenek Matejovsky. Comment Couture a réagi vous croyez? En appuyant son coéquipier : « C’est fantastique d’être capable de parler plusieurs langues. Tu m’impressionnes », que le capitaine a lancé en guise d’accolade offerte à sa victime d’il y a deux jours.
À l’image de Couture
Pourquoi j’insiste sur ces moments dont j’ai été témoin dans le vestiaire des Sharks après le match?
Parce qu’une fois encore jeudi, après la quatrième défaite de la saison de son équipe, une troisième en cinq matchs au Centre Bell, et une deuxième de suite pour la première fois de l’année, Claude Julien a passé des messages lors de son point de presse.
Des messages moins directs que celui que Logan Couture a largué comme une bombe à Buffalo mardi soir, mais des messages quand même.
Plusieurs fois, en français comme en anglais, sur le fait que son équipe avait cadré beaucoup plus de tirs que son adversaire (37 contre 23), qu’elle avait décoché encore bien plus de tirs que l’ennemi (68 contre 45) qu’elle avait surtout créé beaucoup plus de bonnes occasions de marquer, Julien a convenu d’une réalité qui avait dicté l’allure du match : « Les Sharks ont su profiter de leurs chances alors que nous ne l’avons pas fait. »
Cette phrase résume en 15 mots la quatrième défaite en temps réglementaire du Canadien cette saison, la troisième devant ses partisans. Elle donne aussi beaucoup de poids aux prétentions de ceux et celles qui croient que le Canadien a ce qu’il faut pour être un club de ,500 cette année.
Surtout si Carey Price n’est pas en mesure de rivaliser avec le gardien qu’il affronte, comme ce fut le cas jeudi soir alors qu’Aaron Dell a été meilleur que Price pour infliger au Canadien un deuxième revers de suite pour la première fois cette année et surtout de prolonger à neuf, la série de victoires consécutives des Sharks aux dépens du Tricolore.
Trop d’occasions gaspillées
Claude Julien a passé le message à ses joueurs offensifs en reconnaissant que s’ils avaient été plus incisifs dans leurs assauts répétés sur la cage défendue par Dell, ils auraient moussé leurs chances de victoires.
Tenez : Nick Cousins qui avait marqué un beau but en fin de première période – son premier dans l’uniforme tricolore – en sautant sur son retour pour toucher le fond du filet d’un angle fermé a frappé une, deux, trois, quatre et peut-être même cinq fois de suite en trois secondes à la porte et décochant autant de tirs à bout portant devant le gardien des Sharks.
Mais comme il tentait de perforer sa jambière au lieu de soulever la rondelle ou de tenter de contourner le gardien, son deuxième but n’est pas venu.
Cousins aurait pu tirer 100 fois de suite de toute ses forces que le résultat n’aurait pas été différent. Cette séquence a plu aux partisans. Elle était effectivement ô combien spectaculaire. Mais elle était d’une complète inutilité tant les chances de succès étaient minces. Non : nulles!
Manque d’intensité à quatre contre cinq
Claude Julien a aussi passé un message sur les ennuis et la générosité affichée par les spécialistes du désavantage numérique. Déjà victime de neuf buts en 31 infériorités numériques cette année, le Canadien en a accordé deux de plus aux Sharks.
Et vous savez quoi? San Jose a pratiquement eu pitié de Montréal lors de son troisième avantage numérique. Au lieu de mettre un peu de gomme en attaque lors de la pénalité écopée par Jonathan Drouin en fin de troisième période, les Sharks se sont contentés de faire ce qu’ils faisaient depuis le début du dernier tiers : fermer le jeu et protéger l’avance.
Le capitaine Shea Weber, celui qui avec Price, devrait être le point d’ancrage du désavantage numérique a une fois encore répété que lui et ses coéquipiers devaient être meilleurs.
C’est bien beau cette profession de foi.
Mais à un moment donné, il faudra passer des paroles aux actes. Car pour le moment, les ratés en désavantages numériques effacent complètement les améliorations obtenues en attaques massives.
Je ne sais pas si Weber est du genre à imiter Couture. Bon! Il ne le ferait certainement pas aussi publiquement. Mais le ferait-il derrière des portes closes?
Je ne sais pas. Mais il devrait.
Car bien qu’il soit beaucoup trop tôt pour perdre patience et encore moins paniquer, il est clair que la générosité du désavantage numérique faire perdre des points au Canadien.
Bien des choses à corriger
Le Canadien doit trouver, et vite, des correctifs pour améliorer son efficacité à court d’un homme. Mais il devra aussi porter une attention à d’autres vilaines habitudes qui le minent depuis le début de la saison. Comme les fâcheux buts accordés en fin de période.
Evander Kane – en attaque massive – et Melker Karlsson ont marqué lors de la dernière minute de jeu des première et deuxième périodes. C’était les sixième et septième fois en cinq matchs que le Canadien était ainsi victime d’un but lors de la dernière minute d’une période.
Sa fiche jusqu’ici en pareilles circonstances : 1-4-0.
Ces buts font mal. Tout comme les buts en début d’engagement. Quand on considère que Kane a marqué avec 55 secondes à faire en première et qu’il a récidivé lors des cinq premières minutes de la période médiane, on comprend que le Canadien s’est retrouvé les patins dans la mélasse en deuxième.
Et le Canadien peine à maintenir les avances qu’il s’offre. Aussi minces soient-elles.
Le Tricolore a laissé filer une avance d’un but dans huit des dix rencontres qu’il a disputées jusqu’à maintenant. Au total, les adversaires ont effacé des avances d’un but à 11 reprises. C’est trop.
Claude Julien sait très bien que ces détails minent son équipe. Ce n’est pas pour rien qu’il a livré ces messages de son point de presse suivant le revers aux mains des Sharks.
Ce n’est pas pour rien non plus qu’il a insisté sur le fait que lui et ses adjoints avaient réussi à corriger le tir en attaque massive cette saison et qu’il fallait trouver les solutions pour corriger les autres ennuis qui minent les chances de victoire de son équipe.
Il sera intéressant de voir si les messages du coach du Canadien auront les mêmes impacts positifs que celui que le capitaine des Sharks, Logan Couture, a servi à Kevin Labanc et Timo Meier et par ricochet au reste de l’équipe après la défaite en prolongation de mardi à Buffalo.
En bref
- Je ne me souviens pas d’avoir vu des officiels mineurs convoquer les arbitres pour leur souligner qu’ils s’étaient trompés de cible lorsqu’ils ont envoyé Brett Kulak au cachot en début de deuxième période. Kulak n’avait rien à se reprocher sur le jeu en question. Mais son partenaire Jeff Petry oui. C’est donc lui qui est allé remplacer Kulak au banc des pénalités d’où il a été témoin du deuxième but du match d’Evander Kane. Disons que la séquence était un brin ou deux inusité. Presque irréelle. Mais la bonne décision a été rendue...
- Ajoutez le Canadien à la liste des équipes qui ont vu juste en contestant un but de l’adversaire après un hors-jeu non signalé par les juges de lignes. Bien appuyé par ses adjoints qui suivent de très près les jeux serrés qui mènent à des buts de l’adversaire, Claude Julien a contesté le but qui lançait les Sharks en avant 1-0. La reprise a confirmé les prétentions de l’entraîneur-chef du Tricolore. C’était la 10e fois depuis le début de la saison qu’un but était contesté cette saison après un hors-jeu non signalé. Chaque fois, les équipes qui ont contesté ont eu raison de le faire puisque les buts ont été ensuite refusés.
- De fait, les équipes sont maintenant 12 en 12 puisque les Blackhawks de Chicago ont eux aussi fait annuler, deux fois plutôt qu’une, des buts marqués par les Flyers de Philadelphie après un hors-jeu non signalé. Les Flyers ont malgré tout remporté le match par un score de 4-1 au United Center...
- Après avoir battu le Canadien jeudi, les Sharks peuvent donner un coup de main au Tricolore en épuisant les Maple Leafs à qui ils rendront visite vendredi à Toronto. Les Leafs croiseront le Canadien dès le lendemain au Centre Bell...