Avant même de souffler les bougies de son 19e anniversaire, Jesperi Kotkaniemi a connu une saison recrue extrêmement prometteuse. Ce troisième choix au total, lors de l’encan de la LNH en 2018, a répondu aux attentes placées à son égard, tant par l’organisation que par les partisans.

Puis, en cette première portion du calendrier 2019-2020, l’apport de Kotkaniemi inquiète grandement. Avec une maigre récolte de deux buts et une passe en 16 rencontres, le Finlandais semble être frappé de plein fouet par la guigne de la deuxième année.

Y a-t-il réellement lieu de s’inquiéter du rendement de Jesperi Kotkaniemi? S’agit-il d’une simple anomalie statistique qui devrait se replacer d’elle-même ou le Finlandais est-il en régression?

Capacité de marquer des buts de Jesperi Kotkaniemi

À l’attaque, Kotkaniemi fait vibrer les cordages à la même fréquence que lors de la saison passée, soit à toutes les 100 minutes jouées. De même, pour un même temps d’utilisation, son nombre de tirs cadrés depuis l’enclave est pratiquement similaire pour les saisons 2018-2019 et 2019-2020.

Ce qui est d’autant plus intéressant, c’est que la fréquence à laquelle le Finlandais inscrit un but correspond précisément à celle prédite par une formule mathématique se fiant à la provenance des tirs pour anticiper la production offensive d’un joueur.

Le fait que Kotkaniemi n’inscrive un but qu’à toutes les 100 minutes jouées suggère qu’il ne soit pas un franc-tireur né. Que le nombre de buts attendus du Finlandais corresponde à sa véritable production offensive confirme cette hypothèse.

En effet, seuls les meilleurs tireurs du circuit Bettman sont en mesure de présenter une production offensive supérieure à celle attendue, sur une longue période de temps. Inversement, les joueurs moins talentueux affichent généralement une production à l’attaque inférieure à celle anticipée sur la durée.

Puisque Kotkaniemi ne semble pas être un buteur naturel, le procédé qu’il devra utiliser pour bonifier sa production offensive sera de lancer davantage depuis l’enclave, emplacement depuis lequel le tireur bénéficie d’un angle optimal pendant que le temps de réaction du cerbère y est minimal.

En ce qui concerne le numéro 15 de la Sainte-Flanelle, il est possible de conclure que ce n’est pas la fréquence à laquelle il inscrit des buts qui est inquiétante, c’est plutôt qu’il ne cadre pas davantage de tirs depuis l’enclave cette année.

Un jeune hockeyeur se doit d’être en constante progression. C’est pourquoi Kotkaniemi doit impérativement exploiter l’enclave avec plus de régularité, ce qui aura une incidence certaine sur sa production offensive. En augmentant son volume de tirs dangereux, KK devrait normalement améliorer son apport offensif dans la même mesure.

La progression de Jesperi Kotkaniemi

Dans les autres catégories offensives, Kotkaniemi présente étrangement de meilleures statistiques avancées cette saison, générant un temps de possession plus important, étant à l’origine de davantage de chances de marquer et réalisant plus de feintes que la saison dernière pour un même temps d’utilisation.

Alors, comment expliquer la baisse de production de Kotkaniemi?

Le Finlandais a d’abord été identifié comme étant un fabricant de jeux hors pair. Il a d’ailleurs fait plusieurs fois la une des bulletins télévisés en raison de ses savantes passes lors de sa saison recrue.

La marque des meilleurs passeurs dans la LNH est de servir avec brio leurs coéquipiers dans l’enclave, ces séquences étant habituellement synonymes de chances de marquer de qualité.

Or, le nombre de passes complétées dans l’enclave par Kotkaniemi connait une chute catastrophique de 25 % pour un même temps d’utilisation cette saison. Pourtant, les qualités de passeur du Finlandais ne se sont pas volatilisées du jour au lendemain. 

C’est un exemple probant voulant que Kotkaniemi concentre mal ses efforts à l’attaque, privilégiant certaines actions tape à l’œil aux gestes permettant véritablement de noircir la feuille de pointage, les tirs cadrés depuis la zone payante et les passes complétées dans l’enclave.

Certes, Kotkaniemi réalise davantage de feintes cette année, mais cela n’est pas pertinent si ça ne se traduit pas sur le tableau indicateur. De plus, le Finlandais réussit plus souvent à déjouer ses adversaires, mais il s’avère également être l’attaquant du Canadien perdant le plus souvent le disque lors d’une telle manœuvre.

Souvent, les problèmes à l’attaque d’un jeune joueur s’expliquent par l’attention accrue qu’il porte à ses responsabilités défensives. Ce n’est certainement pas le cas de Kotkaniemi qui réalise moins de jeux défensifs cette année, bien qu’il soit un acteur plus important sur le jeu de transition, orchestrant davantage de sorties de zone.

Un jeune tel que Kotkaniemi peut commettre des erreurs, ce qui importe réellement est sa progression. Or, ce n’est pas en générant un temps de possession plus intéressant ou en réalisant davantage de feintes que Kotkaniemi parvient à progresser. Pour se faire, il doit plutôt développer ses outils pour tirer profit de la zone payante.

En somme, toutes ces données permettent de brosser un portrait voulant que le rendement de Kotkaniemi ne soit pas si alarmant, mais qu’il doit grandement simplifier son jeu et s’approprier l’enclave pour débloquer et atteindre son plein potentiel offensif.

Kotkaniemi a perdu son «swag»