SECTION SPÉCIALE GUY CARBONNEAU

MONTRÉAL - Plusieurs personnes ont été étonnés quand on a annoncé que Guy Carbonneau allait être intronisé au Temple de la renommée du hockey.

Après tout, Carbonneau a récolté seulement 663 points en 1318 matchs dans la LNH avec le Canadien de Montréal, les Blues de St Louis et les Stars de Dallas. Il a toujours eu l'étiquette de centre de troisième trio.

Si l'on exclut les joueurs russes ayant passé une partie de leur carrière dans l'ex-Union soviétique, la production offensive de Carbonneau est la plus faible pour un attaquant immortalisé au Panthéon du hockey ayant joué dans la LNH dans les années 1980 et 1990 depuis... Bob Gainey.

L'ancien modèle de Carbonneau a accumulé 501 points en 1160 rencontres dans la LNH. Et Carbonneau retrouvera Gainey parmi les légendes du hockey, lundi prochain, à Toronto, au grand plaisir de son ancien coéquipier et ami Kirk Muller.

« Si vous regardez la carrière de Carbo, il y a la longévité, les honneurs individuels, les championnats, a noté Muller, aujourd'hui entraîneur associé chez le Canadien. Il a aussi été le meilleur dans son domaine pendant une certaine période de temps et ça, selon moi, signifie qu'il mérite cette reconnaissance. »

Carbonneau a pris sa retraite à la fin de la saison 1999-2000. En 18 saisons dans la LNH, il a aidé son équipe à atteindre cinq fois la finale, soulevant à trois reprises la coupe Stanley, en 1986 et 1993 avec le Canadien et en 1999 avec les Stars de Dallas. Il a aussi été lauréat du trophée Selke à trois reprises, en tant qu'attaquant s'étant le plus illustré dans l'aspect défensif du jeu.

« Puisqu'il est à la retraite depuis si longtemps, on oublie un peu l'impact qu'il a eu non seulement chez le Canadien, mais aussi à Dallas avec les Stars », a mentionné l'ancienne vedette des Stars Mike Modano lors d'un récent entretien téléphonique avec La Presse canadienne.

L'influence du Canadien des années 1980 et 1990 était très forte chez les Stars quand ils ont gagné leur seule coupe Stanley en 1999. Gainey était le directeur général, Doug Jarvis était l'un des adjoints de l'entraîneur-chef Ken Hitchcock, tandis que Carbonneau, Mike Keane, Brian Skrudland et Craig Ludwig ont soulevé la coupe Stanley dans l'uniforme des Stars avant d'être rejoints par Muller pour un autre parcours jusqu'en finale en 2000.

« Ils étaient tous des gars qui avaient eu du succès au sein d'une équipe avec une mentalité défensive, a noté Modano. Votre défense vous fait gagner. 'Carbo' s'assurait que tout le monde savait que si nous ne portions pas attention au jeu sans la rondelle, nous n'avions aucune chance de gagner un championnat.

« À l'époque, avec l'accrochage et l'obstruction, et en plus quand le livre des règlements prenait le bord en séries, vous deviez jouer serré, gagner des matchs à bas pointage, a ajouté Modano. C'était sa mentalité (à Carbonneau). Il savait comment gagner des matchs comme ceux-là. Il livrait la marchandise; la possession de rondelle, remporter des mises en jeu, bloquer des tirs. Il a tout fait pour nous. »

Modano a raconté que Carbonneau passait beaucoup de temps à discuter du plan de match avec Hitchcock et ses adjoints. Il était déjà presque lui-même un entraîneur, ce qui allait devenir son emploi pendant quelques années après sa carrière de joueur.

« Carbo était très studieux, a renchéri Muller, qui a été l'adjoint de Carbonneau pendant ses plus de deux saisons comme entraîneur-chef du Canadien. J'ai toujours dit qu'il était probablement le joueur le plus intelligent avec lequel j'ai joué. C'est la raison principale de son succès, tout connaître du joueur qu'il allait affronter. Il était donc naturel qu'il ait un bon dialogue avec les entraîneurs. »

L'un des hauts faits de Carbonneau demeure probablement la finale de 1993, quand il a demandé à l'entraîneur Jacques Demers de lui confier la tâche d'affronter le trio de Wayne Gretzky, après que les Kings aient vaincu le Canadien lors du premier match.

Après avoir amassé un but et trois aides lors du premier match, Gretzky a été limité à un but et deux aides lors des quatre suivants, tous remportés par le Tricolore.

« Ç'a permis à Brian Bellows, John LeClair et moi d'avoir un peu plus de liberté à l'attaque, a noté Muller. Nous n'avions pas à nous casser la tête avec Wayne. 'Carbo' s'en est occupé. Le résultat a été que John a marqué deux gros buts à Los Angeles et j'ai marqué lors du dernier match à Montréal. »

C'est ce genre d'anecdote qui a marqué l'imaginaire des partisans du Canadien, y compris de son propriétaire et président, Geoff Molson.

« Chaque fois qu'il embarquait sur la patinoire, on savait que l'autre équipe n'allait pas compter un but. Quand je pense à Guy Carbonneau, c'est ça qui me vient à l'esprit », disait récemment Molson.

Et c'est ce type de performance qui lui ont permis d'être élu au Temple de la renommée du hockey.