Huit de suite : ça devient gênant!
Canadiens vendredi, 10 janv. 2020. 00:56 dimanche, 24 nov. 2024. 11:51MONTRÉAL - C’était désolant, mais là ça devient carrément gênant. C’est même rendu ridicule. Après huit défaites de suite, on peut même parler d’un malheureux mélange des deux.
Pourquoi gênant et ridicule?
Parce qu’encore hier, le Canadien disputait un bon match de hockey. Un solide même. Après deux périodes il dominait non seulement les Oilers par un but, mais il dominait l’adversaire venu d’Edmonton dans toutes les facettes du jeu.
Non seulement le Canadien avait blanchi Connor McDavid de la feuille de pointage, mais le capitaine des Oilers, comme le reste de son équipe, se contentait de bien peu sur la glace. Blanchi 12 fois seulement depuis le début de la saison, McDavid avait été limité à un tir jusque-là.
Et puis? Et puis comme mardi à Detroit, et comme plusieurs fois depuis le début de la triste séquence qui se prolonge, comme trop de fois depuis le début de la saison, il a finalement décidé de donner la partie aux Oilers.
Comme mardi à Detroit, comme au moins une fois par match depuis le début de la séquence de huit défaites – la deuxième du genre cette année est-il besoin de le rappeler – le Canadien a été victime d’un but en début de période.
Phillip Danault a écopé une pénalité et les Oilers ont su en profiter. Parce que Connor McDavid demeure Connor McDavid, Nate Thompson s’est compromis vers l’attaquant le plus dangereux de la Ligue. Il s’est laissé attirer vers la droite où McDavid était en train de lui tendre un piège. Shea Weber a été attiré également. Ce qui était tout à fait normal puisque Thompson et son capitaine ne voulaient pas offrir une ligne directe à McDavid jusqu’au but de Carey Price.
Bien qu’il ne cassait rien jusque-là, McDavid a flairé la bonne occasion. Dès que Thompson et Weber se sont tassés vers lui, il a vite refilé la rondelle à Ryan Nuggent-Hopkins qui s’est retrouvé fin seul dans l’enclave. Et l’un des très nombreux tout premier choix au repêchage qui se sont succédé dans le vestiaire des Oilers a marqué le but égalisateur. Le but qui a fait mal. Le but qui a tout changé.
Car après ce but, les deux clubs ont changé de rôles: de botteur qu’il était après deux périodes, le Canadien est devenu le botté!
Avec les résultats que vous connaissez. Alex Chiasson a ajouté un but et les Oilers qui avaient effacé l’avance de 2-0 que le Canadien s’était offerte, ont signé une victoire de 4-2 après avoir scellé l’issue de la rencontre avec un but dans un filet désert.
« Nos adversaires flairent le sang »
De retour au jeu après une absence de quatre rencontres reliée à une commotion cérébrale subie le 31 décembre en Caroline, Brendan Gallagher a donné de la fougue à son équipe.
Pendant deux périodes, on a bel et bien senti l’effet Gallagher ragaillardir ses coéquipiers. Mais en dépit l’énergie qu’il a déployée, des occasions de marquer qu’il a générées, Gallagher n’a pu freiner la glissade.
« Les autres équipes débarquent contre nous et flairent l’odeur de notre sang sur la patinoire », a-t-il candidement reconnu sans avoir à préciser que les Oilers et les autres adversaires se transformaient illico en requins une fois le sang flairé.
Une manière imagée, mais ô combien véridique, de l’immense vulnérabilité, pour ne pas écrire fragilité, du Tricolore en ce moment.
Après leur brillante victoire (6-4) de mardi à Toronto aux dépens des Leafs, après avoir gagné trois fois à leurs quatre derniers matchs (3-0-1), les Oilers semblaient prêts à perdre jeudi au Centre Bell.
Et c’est sans doute ce qui serait arrivé si, en fin de période médiane, Nate Thompson avait été en mesure de déjouer Mike Smith au lieu de frapper le poteau à la suite de la belle feinte qu’il a servie au vétéran gardien des Oilers après avoir accepté une passe plus belle encore de Gallagher en entrée de territoire ennemi.
Mais quand la rondelle a frappé le poteau, le sang du Canadien s’est mis à couler. Les Oilers l’ont flairé. Il ne fallait plus qu’un discours enflammé que le gardien Smith a servi à ses coéquipiers au cours du deuxième entracte et la pénalité écopée par Danault en début de dernière période pour tout faire basculer.
« Je ne sais pas ce que " Smithy " a dit dans le vestiaire parce que ce qui se passe dans le vestiaire n’est pas de mon ressort. Mais je connais Mike depuis longtemps. C’est un bon vétéran. Un gars fier. Un gars qui se donne à fond. Et comme on jouait du très mauvais hockey jusque-là, je suis convaincu qu’il a trouvé les bons mots et que sa " sagesse " a su réveiller le groupe », que l’entraîneur-chef Dave Tippett a mentionné après le match.
La crème a monté sur le petit lait
Dave Tippett était loin de glorifier la victoire de son équipe. Il a accepté les deux points. C’est clair. Mais Tippett savait qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
« On jouait contre un club affamé ce soir. Un club qui a beaucoup mieux joué que nous pendant les deux premières périodes. Nous n’étions pas là. Pas là du tout. On ne jouait pas au niveau du Canadien. Mais notre but en début de troisième a tout changé », a analysé Tippett.
Est-ce le talent qui a simplement pris le dessus?
« Pas du tout. C’est d’abord et avant tout une question de travail. Ou de qualité de travail. Nous avons beaucoup de talent au sein de notre équipe. Nous avons une grosse force de frappe offensive. Mais quand tu joues aussi mal qu’on le faisait lors des deux premières périodes, tu peux difficilement profiter de ce talent et de cette force de frappe. En marquant tôt en troisième, on a repris confiance et on s’est mis à mieux jouer au hockey. À bien jouer au hockey », a ajouté le vétéran coach des Oilers.
Du banc des Oilers, Tippett a-t-il senti que l’éveil de son équipe a miné la confiance fragile du Canadien qui a semblé geler sous la pression soudainement appliquée par son équipe?
« On ne sent pas ces choses-là, on les vit. Nous sommes tous passés à un moment ou un autre au cours de nos carrières par des séquences difficiles comme celle que vit le Canadien. On sait ce que ça entraîne sur la confiance. On sait que ça rend nerveux. Que ça mine la confiance. On en a certainement profité. Mais pour en profiter, il fallait d’abord se mettre à bien jouer pour déstabiliser une équipe qui était jusque-là très solide sur la glace. On a profité de la situation en troisième. Mais après deux périodes, on ne méritait pas du tout de gagner. J’espère que ce match servira de leçon à nos joueurs et qu’ils ne se contenteront plus de jouer seulement les 20 dernières minutes d’une partie en croyant qu’ils pourront la gagner. »
Le CH à court de mots
Cette analyse positive de Tippett à l’endroit du Canadien ne réduit en rien le poids de cette autre défaite.
Claude Julien a encore su tirer le maximum de son équipe, du moins au cours des 40 premières minutes. Et comme il l’a assuré après le match, il continuera à travailler d’arrache-pied, comme tous ses joueurs, pour sortir l’équipe de l’impasse dans laquelle elle s’enlise de plus en plus creux après chaque défaite.
En même, temps, Julien et ses joueurs sont à court de mots pour expliquer les défaits qui s’accumulent.
« Je n’ai jamais vécu de séquences du genre au cours de ma carrière. Je ne peux donc pas piger dans mon expérience de joueur et de capitaine pour trouver une solution. De fait, je ne crois pas qu’il y ait d’autres solutions que la victoire. Et pour y arriver, il faut éviter à tout prix de regarder trop loin devant. On doit se limiter à revenir à la base. À bien jouer. À profiter de nos chances, ce que nous ne faisons pas assez en ce moment. Et à limiter les occasions offertes à nos adversaires, ce que nous ne faisons pas assez non plus », a indiqué Weber.
Visiblement secoué par l’occasion qu’il a ratée en fin de période médiane lorsqu’il a tiré sur le poteau au lieu de doubler l’avance de son équipe, Nate Thompson assurait qu’il fallait que lui et son équipe puisent plus profondément encore dans la réserve après une telle déveine.
« J’aurais bien sûr préféré marquer, mais même après cette occasion ratée, on menait encore par un but. Il fallait prendre les moyens pour protéger cette avance, ou trouver une autre manière d’ajouter un but », philosophait le vétéran joueur de centre.
Thompson avait raison, car au-delà l’occasion en or qu’il a bousillée, le Canadien a raté deux ou trois autres bonnes chances de creuser l’écart. Des chances qu’il n’a pas trouvé le moyen de transformer en buts... puis en victoire.
Le Canadien s’entraînera en matinée à Brossard avant de mettre le cap sur Ottawa où il tentera de vaincre les Sénateurs pour éviter de prolonger à neuf sa séquence de défaites consécutives.
En bref
- Le Canadien a laissé filer une avance de 2-0 dans un deuxième match de suite. De fait, le Canadien a laissé fondre les quatre dernières avances de 2-0 qu’il s’est données. Il a signé une victoire de 3-2 en prolongation contre Ottawa avant de baisser pavillon face au Lightning le 28 décembre, les Red Wings, mardi, et les Oilers jeudi...
- Le Canadien s’est offert 10 avances de 2-0 depuis le début de la saison. De ces 10 avances, six se sont traduites par des victoires, quatre par des défaites en temps réglementaire...
- Globalement, le Canadien a laissé filer six fois des avances de deux buts cette saison. Il n’a gagné que deux de ces six matchs (23-1)...
- Le Canadien a encaissé jeudi une 7e défaite cette saison alors qu’il profite d’une avance d’un but après deux périodes de jeu. Il n’affiche que deux victoires, il a perdu quatre fois en temps réglementaire et a obtenu un point dans le cadre de deux revers en prolongation et un autre en tirs de barrage...
- Très solide lors de ses deux premières rencontres dans l’uniforme tricolore, Ilya Kovalchuk a été plus discret jeudi face aux Oilers dans le cadre de son 900e match en carrière dans la LNH. Une baisse de régime attribuable au fait qu’il disputait un troisième match en quatre soirs après une inactivité de près de deux mois. Employé en compagnie de Max Domi et Nick Suzuki puisque Brendan Gallagher a repris sa place au sein du premier trio, le vétéran de 36 ans a obtenu deux tirs et terminé la rencontre avec un différentiel de moins 1...
- De retour au sein de la formation après un congé mardi, à Detroit, Cale Fleury était jumelé à Victor Mete jeudi. Les deux jeunes défenseurs ont terminé la rencontre avec des différentiels de moins 2. C’est l’expérience qui entre...
- Alex Chiasson a réalisé un rêve de jeunesse en marquant le but de la victoire au Centre Bell contre le Canadien. « J’ai grandi comme fan du Canadien. Mes parents m’amenaient ici quand j’étais petit pour voir le Canadien. C’est vraiment spécial pour moi d’avoir marqué ici ce soir », a indiqué le Québécois qui a inscrit son sixième but de la saison, son deuxième filet gagnant...
- Les Oilers prennent maintenant la direction de Calgary où ils compléteront, samedi, face aux Flames, une séquence de cinq matchs de suite sur la route. Après un revers en prolongation à Buffalo, ils viennent de battre successivement, les Bruins, les Leafs et le Canadien...