Les Canadiens ont signé le gardien russe de 26 ans Vasili Demchenko qui évoluait depuis cinq à six ans en KHL. L’athlète s’amène en Amérique du Nord pour une première fois en vertu d’un contrat à deux volets, sans garantie d’évoluer dans la LNH et sans clause échappatoire pour retourner en Russie s’il ne joue pas dans la LNH. Voilà pour les détails techniques et factuels de l’entente.

Bien qu’ajouter de la profondeur à une position aussi importante s’avère judicieux, cette signature ne doit en rien freiner la recherche d’un gardien capable de seconder Carey Price afin d’obtenir au moins 25 départs sans se poser de question à savoir si c’est la bonne décision. Car il est là le nœud du problème. Claude Julien doit avoir la tête tranquille quand il partage la tâche de ses gardiens.

Revenons à Demchenko. Sa venue est le fruit du travail de Vincent Riendeau. Riendeau s’est rendu souvent en Russie et doit certes aimer quelques facettes du jeu du cerbère. L’état-major du Tricolore vient aussi d’octroyer un contrat à un protégé de Dan Milstein, l’agent du défenseur d’Alexander Romanov, pas une mauvaise chose en soi pour la suite des choses, avouons-le.

La dernière saison de Demchenko a été en demi-teinte. Gardien titulaire à Chelyabinsk, il était souvent la raison principale des victoires de son équipe qui ne connaissait pas beaucoup de succès au classement. Comme on voulait laisser le poste au jeune géant de 6’8’’ Ivan Fedotov, choix de septième tour des Flyers en 2015, il a pris, à la mi-saison, le chemin de Magnitogorsk pour seconder le vétéran Vasili Koshechkin, grande vedette de la conquête de la médaille d’or olympique des athlètes russes en 2018.

La fin de saison de Demchenko ne s’est pas passé comme prévu, étant retiré lors de son dernier départ contre Sibir Novosibirsk le 25 février après seulement 22 minutes de jeu et n’étant même pas en uniforme lors de l’élimination de son équipe au premier tour des séries au profit de Gleb Nosov, un jeune gardien prometteur de 19 ans qui pourrait bien obtenir le poste de partant éventuellement à Magnitogorsk.

Pourquoi tous ces détails sur sa fin de saison? Pour tempérer les attentes, tout simplement. Je reconnais que l’arrivée d’autres gardiens de la KHL en Amérique a eu un impact évident. Les Shesterkin, Samsonov et, le prochain, Sorokin font clairement bouger l’aiguille en faveur des gardiens venant de Russie. D’ajouter que Demchenko a longtemps été considéré comme le dauphin d’Andrei Vasilevskiy chez les gardiens nés en 1994 dans son pays fait rêver, mais il y a des raisons pour lesquelles le nouveau membre des Canadiens n’est plus mentionné dans la même phrase que le récipiendaire en titre du trophée Vézina. Et Demchenko n’est pas Shesterkin qui jouait pour la meilleure organisation de la KHL à St.Petersburgh et qui affichait un taux d’efficacité de .953 à sa dernière saison là-bas.

Ce que Demchenko représente cependant est tout de même assez positif. Il est un excellent athlète. Il est un gardien qui se déplace de façon fluide autant sur ses lames de patin que sur ses jambières. Il semble calme sous pression et démontre une belle technique, bien structurée. Son petit gabarit ressort lorsqu’on regarde les bandes vidéo et il a tendance à allouer des buts qu’il devrait arrêter, surtout dans la circulation dense. Il s’amène avec l’attitude juste d’un gardien qui veut apprendre et s’adapter au hockey nord-américain lui qui est venu quelques fois au Canada pour des camps d’entrainement. Il représente un très faible risque alors que son expérience chez les pros devrait s’avérer un atout.

Vasili Demchenko aura certainement la chance de se battre pour le poste d’adjoint à Montréal si jamais Marc Bergevin ne déniche pas la cible recherchée. Toutefois, je crois que son parcours devra beaucoup plus ressembler à celui de Pavel Francouz, le gardien tchèque de l’Avalanche qui était son coéquipier à Chelyabinsk pendant trois saisons, et qui est passé par la LAH avant d’obtenir sa chance dans la LNH. Avec McNiven qui se retrouvera sous d’autres cieux, je verrais d’un très bon œil un duo composé Primeau et Demchenko à Laval. Reste à voir ce que l’avenir réserve à Charlie Lindgren...

Hartley : une belle opportunité pour Demchenko